Les méthodes de «guérison» des homosexuels dénoncées au cinéma

Deux films sortant en automne 2018 dénoncent les «thérapies de conversion» destinées aux homosexuels, aux Etats-Unis. Le thème est traité pour la première fois aussi frontalement sur grand écran.

The Miseducation of Cameron Post (La mauvaise d’éducation de Cameron Post), de la réalisatrice américaine Desiree Akhavan, raconte l’histoire d’une adolescente surprise en fâcheuse posture avec sa meilleure amie, lors d’un bal de fin d’année. Elevée par une tante religieuse fondamentaliste, dans cette Amérique des années 1990, elle est envoyée dans un camp de «réhabilitation» de jeunes dont l’identité sexuelle est perçue comme déviante.

Boy Erased, de l’acteur et réalisateur australien Joel Edgerton, s’articule sur le même thème. Le film, qui doit sortir le 2 novembre 2018 aux Etats-Unis, met en scène l’histoire vraie de Garrard Conley, un jeune homme de 19 ans forcé en 2004 par sa famille d’entreprendre une «thérapie de conversion» à l’hétérosexualité.

Un film en hommage aux victimes

The Miseducation of Cameron Post a remporté le Grand Prix du Jury au festival de film indépendant américain Sundance en janvier 2018. Pour se préparer au rôle, Chloë Grace Moretz, qui incarne Cameron, est allée à la rencontre de personnes qui sont passées par ces camps, qui existent encore aux Etats-Unis, note le magazine français Les Inrockuptibles. Lors de son discours à Sundance, la jeune actrice a dédié le Grand Prix à tous les survivants de thérapie sexuelle et regretté que la législation américaine ne soit pas plus stricte à ce sujet. «Nous voulions faire ce film simplement pour mettre en lumière le fait qu’il est illégal de pratiquer des thérapies de conversion sexuelle dans seulement neuf Etats sur les 50 que compte ce pays», a-t-elle déclaré.

Une récente étude suggère que 57’000 jeunes Américains subissent encore de tels traitements. Depuis 1999, un mouvement s’est engagé à travers le monde, visant à interdire les thérapies de conversion. Malte, le Brésil et la Chine l’interdisent déjà, de même que certaines provinces canadiennes. Le Royaume-Uni et l’État fédéral américain débattent de leur interdiction.

Pas de thérapies de conversion en Suisse?

En Suisse, les autorités considèrent les thérapies de conversion illégales, mais aucune loi spécifique ne les interdit. En mars 2016, la conseillère nationale Rosmarie Quadranti (BD/ZH) a interpellé le Conseil fédéral sur ce qu’il comptait faire pour protéger la jeunesse contre «les thérapies de conversion», selon elles bien présentes dans certains secteurs de la société. L’exécutif a répondu que «ces pseudo-thérapies sont non seulement inefficaces, mais elles sont également source de grande souffrance chez les enfants et les adolescents qui y sont soumis». Le Conseil fédéral a cependant assuré qu’il «n’avait pas connaissance de l’existence d’organisations ou de personnes qui proposent ou réalisent des thérapies contre l’homosexualité chez des mineurs».

Quoiqu’il en soit, la sortie groupée de deux films sur le sujet montre qu’il est de plus en plus thématisé en Occident. Le festival de films LGBTIQ (Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Transgenres, Intersexes et Queer) Everybody’s perfect, à Genève, a projeté le 17 octobre 2018 The Miseducation of Cameron Post en première suisse. «Le sujet est édifiant et n’a jamais été traité aussi frontalement au cinéma», a confié au quotidien Le Temps Sylvie Cachin, directrice du festival. (cath.ch/inrock/lt/rz)

Raphaël Zbinden

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