Evangile de dimanche: «Plus que tous les autres»

Jésus dénonce la vanité, la cupidité, l’hypocrisie de ces hommes de loi qu’on appelle les scribes. Ils abusent de leur fonction et se rendent odieux par leurs longues prières ostentatoires, véritables injures à Dieu puisqu’ils ne respectent pas le double commandement d’amour envers Dieu et envers le prochain. Ils représentent l’exact opposé de ce que Jésus attend des disciples.

Jésus est assis face au trésor du Temple où de nombreux riches jettent beaucoup d’argent. Il ne se laisse pas impressionner par eux. En revanche, il est touché par une pauvre femme qui donne une minuscule somme. Jésus constate que, si les riches donnent beaucoup, si «les scribes dérobent les biens des veuves », la veuve, elle, donne «plus que tous les autres». Le «beaucoup» des riches n’entame en rien leur richesse, cela ne se voit même pas. Il s’agit de leur superflu débordant. La veuve, à l’inverse des riches et des scribes, avec ses deux petites pièces qui représentent les moyens dont elle dispose pour subsister, donne simplement, en une seule fois, sans bruit, «tout ce qu’elle a pour vivre», littéralement «sa vie toute entière».

Jésus ne profite pas de cet événement pour exhorter à donner l’aumône ou pour faire l’apologie de l’intention ou du don authentique. Il ne présente pas la veuve comme un modèle à imiter – ce qu’il fait avec le centurion (Mt 8, 10). Il ne la loue pas. Il ne l’appelle pas, il ne lui parle pas. Il constate ce qu’elle fait. Quant à la veuve, elle poursuit tranquillement son chemin sans se soucier de la foule qui va et vient. Elle n’a sans doute même pas remarqué Jésus qui la regardait.

L’acte de la veuve en lui-même dénonce l’hypocrisie et la suffisance des riches, spécialement de ceux qui détiennent l’autorité religieuse. La veuve n’attend rien de la générosité publique et personne ne lui vient en aide. Paradoxalement, c’est elle qui donne au Temple alors que celui-ci est sur le point d’être détruit, comme vient de l’annoncer Jésus. C’est donc que l’institution mérite destruction. Rien d’étonnant à ce que la liturgie lise, ce dimanche, la lettre aux Hébreux qui nous rappelle que seul le Christ est le «sanctuaire véritable».

La veuve qui donne jusqu’à sa vie symbolisée par ces deux piécettes, préfigure Jésus qui remet sa vie entre nos mains. Jésus détruit le Temple qui ne touche pas le cœur de l’homme, il dénonce les scribes qui, au nom de la Loi, justifient leur inconduite, il renverse les riches qui croient «être», en donnant de leur superflu. Le «plus» n’est pas de l’ordre de la quantité mais de la qualité. Jésus invite à donner sa vie, à sa suite. Comme souvent dans l’Evangile, ce sont les pauvres et les humbles qui nous parlent du Royaume, pourvu que nous sachions les regarder avec le regard de Jésus, «lui qui est riche, il s’est fait pauvre» pour que nous devenions «riches par sa pauvreté» (2 Co 8, 9).

Chantal Reynier | Vendredi 9 novembre 2018


Mc 12, 38-44

En ce temps-là,
dans son enseignement, Jésus disait aux foules :
« Méfiez-vous des scribes,
qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat
et qui aiment les salutations sur les places publiques,
les sièges d’honneur dans les synagogues,
et les places d’honneur dans les dîners.
Ils dévorent les biens des veuves
et, pour l’apparence, ils font de longues prières :
ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor,
et regardait comment la foule y mettait de l’argent.
Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.
Une pauvre veuve s’avança
et mit deux petites pièces de monnaie.
Jésus appela ses disciples et leur déclara :
« Amen, je vous le dis :
cette pauvre veuve a mis dans le Trésor
plus que tous les autres.
Car tous, ils ont pris sur leur superflu,
mais elle, elle a pris sur son indigence :
elle a mis tout ce qu’elle possédait,
tout ce qu’elle avait pour vivre. »

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