Moines de Tibhirine: «leur message peut irriguer les jardins de notre vie»

Le monastère de Tibhirine était «un lieu régénérant, comme une maison de famille», a déclaré François Vayne, co-auteur du livre Tout simplement là lors de la présentation du livre à Rome, le 19 novembre 2018. Cet ouvrage sort à l’occasion de la béatification des martyrs d’Algérie le 8 décembre prochain à Oran.

Pour le cardinal Angelo Becciu, préfet du Dicastère pour la cause des saints et auteur de la préface, également présent, les martyrs nous invitent à nous interroger sur l’état de notre propre foi. Les moines de Tibhirine «n’ont pas choisi d’être martyrs mais d’être, comme tout chrétien, don pour les autres». Leur exemple, a estimé le prélat, doit «nous remettre en question, sinon la lecture de ce livre aura été vaine».

De nombreuses personnes se rendaient chaque jour dans le monastère, a témoigné quant à lui François Vayne, journaliste et directeur de la communication de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, qui a connu personnellement les moines de Tibhirine durant son enfance en Algérie. «C’était un lieu régénérant comme une maison de famille», a-t-il affirmé. Tibhirine signifie ‘jardins irrigués’ en berbère, c’est pourquoi selon lui leur message peut irriguer les jardins de notre vie.

Un monastère «pauvre mais riche d’amour»

Le monastère était «à l’image de l’humilité des moines de Tibhirine». C’était une église pauvre mais riche d’amour, comme celle des premiers chrétiens, a encore confié François Vayne. Celui-ci a connu en particulier le prieur, Frère Christian de Chergé, ainsi que le docteur Frère Luc Dochier. Eminent médecin avant son entrée dans les ordres, Frère Luc a soigné selon François Vayne quelque 600’000 personnes dans son dispensaire de Tibhirine. Tous les deux font partie des sept moines assassinés en 1996.

C’est la première fois que l’Eglise procédera à la béatification de martyrs en terre musulmane, a souligné par ailleurs le Père Thomas Georgeon, postulateur de leur cause. Le message est donc «très fort»: il ne s’agit pas de «se glorifier de la mort de chrétiens face à des musulmans, mais bien de célébrer leur mort aux côtés de tant de martyrs algériens». Durant la guerre civile algérienne en effet, 150’000 personnes ont trouvé la mort, dont de nombreux musulmans, parmi lesquels des imams.

Outre les sept moines, douze autres martyrs seront béatifiés. Parmi eux, figure notamment Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran au moment de sa mort,  lors d’un attentat à la bombe en 1996. (cath.ch/imedai/ah/bh)

Bernard Hallet

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