Les extrémistes hindous s’agitent à Ayodhya

Plusieurs dizaines de milliers d’hindous se sont rassemblés, le 26 novembre 2018, à Ayodhya, dans le nord de l’Inde, afin de demander la construction d’un temple hindou à l’emplacement d’une ancienne mosquée démolie par des extrémistes en 1992.

Près de 200’000 hindous se sont rassemblés à Ayodhya pour un rassemblement religieux afin de demander au premier ministre Narendra Modi et au parti du BJP au pouvoir (Bharatiya Janata Party) qu’un temple dédié à Rama soit construit sur le site de Badri, une mosquée du XVIe siècle détruite par des extrémistes hindous le 6 décembre 1992. Cette destruction avait provoqué des émeutes entre hindous et musulmans entraînant plus de 2’000 morts à travers le pays, rappelle l’agence Eglises d’Asie.

Pour l’heure aucun bâtiment ni temple ne peut être construit puisqu’un procès est toujours en cours. Il oppose les communautés hindoues et musulmanes à propos du contrôle du terrain. «Nous ne serons pas tranquilles tant que la construction d’un temple ne sera pas achevée», a souligné Krishna Gopal, dirigeant de l’organisation hindoue RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh), qui a présidé la rencontre.

Le BJP accusé d’attiser les tensions

Les hindous considèrent Ayodhya, dans l’État de l’Uttar Pradesh, comme le lieu de naissance du dieu hindou Rama. Ils affirment que le dirigeant Moghol Babar avait démoli un temple dédié à Rama à cet emplacement pour y construire une mosquée. Les groupes extrémistes hindous soutiennent que le terrain leur appartenait à l’origine. Avant l’arrivée des hindous le 26 novembre, des centaines de musulmans ont fui la ville par peur des violences, à la veille de l’anniversaire de la démolition de la mosquée.

Le BJP a été accusé d’avoir orchestré la démolition de la mosquée en 1992, et d’avoir ainsi favorisé sa popularité auprès des électeurs hindous. Lors des six dernières élections générales depuis la démolition, le BJP a promis la construction du temple à Ayodhya, sans toutefois passer à l’acte. Les critiques affirment que le parti hindou a manipulé la montée des pressions extrémistes afin d’attirer les électeurs. «Le RSS et le BJP sont en train d’attiser les passions en profitant de l’affaire du temple d’Ayodhya. Alors que les gens ont besoin de travail, de nourriture et de pouvoir d’achat, cela permet de détourner la population des échecs du BJP», a déclaré le leader marxiste Sitaram Yechury. (cath.ch/eda/mp)

Maurice Page

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