« Je suis inquiet ». C’est en ces termes que Luc Humbel s’est adressé aux délégués des organisations ecclésiastiques cantonales, indique un communiqué de la RKZ transmis le 6 décembre 2018. Pour cause: « l’ampleur des abus sexuels dont se sont rendus coupables des prêtres, des religieux et des institutions ecclésiales au cours des décennies passées ».
Luc Humbel en appel à la lucidité de l’Eglise: « Le traitement des dossiers relatifs aux abus sexuels nous a appris qu’il est irresponsable de détourner le regard. Lorsqu’on agit ainsi, la réalité ne manque pas de nous rattraper », a-t-il affirmé en ouverture de l’assemblé plénière.
Une inquiétude qui s’étend aux « montants accrus […] nécessaires pour assurer l’indemnisation des victimes, cela en raison du nombre beaucoup plus important qu’imaginé des personnes ayant subi des abus sexuels » dans l’Eglise en Suisse.
La Conférence centrale, financée notamment par les impôts ecclésiastiques, a en effet déjà contribué pour près d’un tiers au fond d’indemnisation – doté en mars dernier d’un million de francs – pour les victimes d’abus sexuels prescrits, mis en place par l’Eglise en Suisse. « Les victimes ont droit à cet argent, a insisté Luc Humbel, mais il manquera pour soutenir d’autres cercles de personnes ».
Autre motif d’inquiétude: le choix récent de six personnalités suisses alémaniques de quitter l’Eglise suite aux propos du pape qui assimilait l’avortement à un crime commis par un tueur à gage. « Je suis choqué », a affirmé le président de la RKZ, parce qu’il s’agit de six femmes « totalement dévouées à l’institution et qui en défendent les valeurs avec ardeur ».
Luc Humbel a rappeler le motif évoqué par ces femmes, « la misogynie érigée en système depuis des siècles par une Eglise catholique dominée par les clercs », pour appuyer leur démarche. Tout en déplorant « avec irritation que les instances ecclésiales n’ont aucunement réagi à ces sorties d’Eglise », il appelle les évêques du pays à se comporter « en éclaireurs » sur le rôle et la position de la femme au sein de l’Eglise. « Nous sommes tous prêts à y consacrer des forces », a-t-il ajouté. (cath.ch/com/pp)
8,3 millions alloués aux institutions catholiques
Durant l’assemblée plénière, la Conférence centrale a présenté sa proposition de financement des institutions catholiques auxquelles elle allouera 8,3 millions de francs en 2019. 2,3 millions iront à l’activité médiatique, 1,7 million à la pastorale des migrants et aux offices spécialisés, 1,6 million à la formation de base et à la formation permanente du personnel ecclésial, et 1,1 million à la pastorale de la jeunesse et aux mouvements d’adultes.
La Conférence centrale catholique romaine de suisse
Fondée en 1971, la Conférence centrale catholique romaine de suisse – en allemand Römisch-Katholische Zentralkonferenz der Schweiz (RKZ) – est une entité regroupant les organisations ecclésiastiques catholiques cantonales ou « Eglises nationales ». Le budget global de la Conférence centrale s’élève à 12,6 millions de francs en 2018. Cette somme, qui provient de contributions versées par ses membres, représente 1 à 2% des produits des impôts et contributions ecclésiastiques catholiques en Suisse. Entre autres activité, la RKZ assure le financement d’activités importantes pour l’Eglise au niveau supra-cantonal.
Pierre Pistoletti
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