Homélie TV de la messe de minuit, 25 décembre 2018 (Lc 2, 1-14)

Abbé Derek Derby – Eglise d’Ashbourne-Donaghmore

Je sais qu’il est un peu tard maintenant, mais apparemment, écouter trop de musique de Noël est mauvais pour votre santé.
Bien que les airs de la saison puissent vous mettre l’esprit en fête, Linda Blair, une psychologue clinicienne, prévient que jouer trop de musique de Noël peut être mauvais pour votre santé mentale. (Sky News, 7 novembre 2017)
Apparemment, cela donne l’impression d’être pris au piège – c’est un rappel des cadeaux à acheter, des personnes à prendre en charge et des lourdes tâches à accomplir avant Noël. 

Pensez aussi à ceux qui travaillent dans les magasins et qui écoutent ces chansons qui repassent constamment ! Pour les chefs d’entreprise, ça vaut la peine de faire vivre cette angoisse mentale à leurs employés, car d’autres études ont démontré que la musique des fêtes met les consommateurs dans une humeur dépensière et les pousse à acheter davantage.

Selon Linda Blair, l’influence de la musique de Noël est si forte qu’elle nous fait abandonner toute rationalité et de nous laisser guider uniquement par nos émotions. Donc, si certains d’entre vous pensent que vos cadeaux de Noël sont en dessous de la norme…blâmez la musique !

Il est intéressant de noter que dans toute cette étude, il y a peu de choses qui répand l’idée que la musique nous rappelle le vrai sens de Noël, qu’elle élève notre esprit et notre cœur vers le mystère de l’Incarnation – Dieu, fait chair sous la forme d’un enfant, vivant parmi nous.

Mais cela ne devrait pas être une surprise totale quand on sait que des recherches récentes, au Royaume-Uni (Daily Mail du 6 décembre 2014), ont révélé qu’un tiers des enfants entre 10 et 13 ans ne savent pas que Noël célèbre la naissance de Jésus et que 10% des adultes ne peuvent pas citer correctement quatre faits concernant la naissance de Jésus.

Une nuit silencieuse, lumineuse

Cependant, il y a un morceau de musique qui a immortalisé l’histoire de la naissance de Jésus et qui ne sera pas retiré de la playlist de Noël. Il a apporté un répit aux combats en 1914. La version chantée par Bing Crosby a été la plus vendue de tous les temps depuis son lancement entre 1948 et 1998. Il a été traduit en 300 langues.  Je parle bien sûr du bel hymne Douce nuit, Silent Night, Stille Nacht, Oíche Chiúin.
Cette nuit-là, la veille de Noël, il y a 200 ans, Douce nuit a été chanté pour la première fois en l’église Saint-Nicolas d’Oberndorf, près de Salzbourg. Ecrit par le révérend Joseph Mohr, un jeune prêtre d’Oberndorf, il a été mis en musique par son ami Franz Gruber. Mohr l’a chanté et Gruber l’a joué à la guitare pour les fidèles réunis ce soir-là pour la messe.
Imaginez la scène que Mohr décrit dans l’hymne : la nuit est silencieuse, tout est calme, tout est lumineux. Le Livre de la Sagesse décrit davantage la scène par ces mots (18, 14-18) : « Un silence paisible enveloppait toute chose et la nuit était au milieu de son cours rapide ». C’est presque comme si, pendant une fraction de seconde, le ciel et la terre retenaient leur souffle ! »

Puis, dans ce silence, on nous dit : « Ta Parole toute-puissante est descendue du ciel ».  Le Christ est né dans le temps, dans le cœur de toute l’humanité.

Malgré les efforts de certains, nous ne pouvons pas faire disparaître la naissance de notre Messie de l’histoire, car cela revient à enlever le sens du salut de la mémoire collective.

Noël permet à Dieu de naître dans notre cœur

Comme le disait le Pape François, « Noël devient réel quand il touche notre cœur, notre âme, notre esprit et tout notre être, quand il permet à Dieu de naître et de renaître dans la mangeoire de notre cœur, quand l’étoile de Bethléem nous guide vers le lieu où repose le Fils de Dieu, non parmi les rois et les riches, mais parmi les pauvres et les humbles ». (Le Pape s’adressant à la Curie romaine, en décembre 2017).

Le cœur de l’humanité touché

Je vous invite donc, en ce Noël, à contempler la crèche en silence et dans l’émerveillement. Réalisez qu’à un moment donné, Dieu a visité le monde avec son amour, son fils, Jésus Christ.

À ce moment-là, il a touché le cœur de l’humanité. La seule façon d’aimer Dieu, d’aimer le Christ, d’aimer son Église, c’est de se laisser toucher par « la lumière pure de l’amour ».

Quand nous regardons la « sainte face » de cet enfant innocent, comment ne pas tomber amoureux ? Il se fait lui-même si petit ! Il devient enfant, pour nous attirer par l’amour, pour toucher nos cœurs par son humble bonté, pour attirer l’attention par sa pauvreté, par le plus grand de tous les trésors, le don du salut.

Prions donc pour que les traits rayonnants de ce saint visage et la grâce rédemptrice de Dieu nous aident à créer, dans notre vie, un espace pour que le Christ grandisse en nos cœurs.

Amen.


Messe de Minuit

Lectures bibliques : Isaïe 9, 1-6; Psaume 95; Tite 2, 11-14; Luc 2, 1-14

https://www.cath.ch/homelie-tv-de-la-messe-de-minuit-25-decembre-2018-lc-2-1-14/