«Seigneur je te confie mon fils, aide-moi à trouver les mots pour parler avec lui», «Jésus je te présente ma fille malade et la santé de mes enfants, prends soin de chacun d’eux.» Ce mercredi matin, comme toutes les semaines depuis 2005, la «chambre haute» et colorée de la paroisse saint Etienne de Lausanne est investie par un groupe de mères. En demi-cercle face à l’icône de la Sainte Famille éclairée d’une bougie, elles invoquent l’Esprit Saint, louent le Seigneur à travers des chants et surtout viennent décharger leur cœur maternel de ce qui les inquiète. Soucis d’orientation, conflits familiaux, tiédeur spirituelle, influences douteuses d’amis, problèmes de santé… tout est remis au Seigneur dans une démarche qui suscite confiance et abandon.
«Les intentions sont confiées personnellement à mi-voix ou en silence, à genoux devant le Christ dans un moment de grand recueillement et d’émotion. Les premières fois qu’elles font cette démarche, les femmes ont souvent les larmes aux yeux» explique Caroline, coordinatrice cantonale du groupe et originaire de Belgique.
Une fois la prière personnelle accomplie, des petits ronds de papiers sur lesquels sont inscrits le nom de chaque enfant -et celui des éventuels filleuls pour lesquels s’exercent aussi une maternité spirituelle- sont déposés dans une petite corbeille placée devant le Christ. «Deux règles essentielles à respecter sont les piliers de notre prière: la confidentialité et le fait de ne pas se donner de conseils» complète Caroline en souriant.
Le mouvement de la Prière des mères se répand depuis 24 ans dans le monde entier, et aujourd’hui 140 groupes existent en Suisse. «Nous n’avons jamais fait aucune publicité, l’Esprit Saint est notre meilleur agent» explique Christine Delalande coordinatrice nationale.
Les femmes n’ont pas attendu cette prière pour confier leurs enfants, mais ce mouvement qui permet de prier au domicile de l’une d’entre elles, ou à l’occasion dans une paroisse, avec simplicité est un cadeau pour notre époque. Il permet de découvrir la joie de s’abandonner au Seigneur».
Autre fruit, le soutien entre mamans: «la prière n’est pas magique et n’enlève pas nos problèmes, mais c’est précieux de savoir que pendant la semaine nous continuons à prier les unes pour les autres» précise Caroline. Clémence, maman de quatre enfants, fait partie depuis 12 ans du mouvement qu’elle a rejoint d’abord aux Etats-Unis puis en France. Arrivée il y a quatre ans à Lausanne, elle a été heureuse de le retrouver pour rencontrer des femmes avec qui parler en profondeur et en vérité.
Toutes reconnaissent que cette halte hebdomadaire est source de paix. «J’ai découvert que je devais abandonner mes enfants au Seigneur, qu’il veille sur eux. Je suis plus détendue et ils le sentent» confie Sophie, maman de trois grands jeunes. Il y a 7 ans, c’est leur départ en pension à Lyon qui a pour elle été le déclic pour rejoindre ce groupe spirituel. «A la maison, on essaie de contrôler ce qu’ils vivent, ou du moins, on pense pouvoir le faire, en pension, tout nous échappe». Sophie est certaine que sa prière fidèle pèse dans le cheminement spirituel que font aujourd’hui ses deux garçons et sa fille.
La maternité créé une complicité immédiate et permet un harmonieux mélange malgré la diversité des âges et des origines. Sandra vient du Brésil, elle a rejoint la Prière des mères il y a quelques semaines. C’est un passage à Nagasaki, ville japonaise détruite par la bombe atomique, qui lui a donné envie d’intercéder pour la paix et de prier pour les enfants du monde. Elle les confie chaque semaine en plus de sa fille unique. «Souvent on se plaint et on ne fait rien, ici au moins on apporte une aide spirituelle» explique-t-elle en lissant sa longue chevelure blonde.
Et les papas dans tout cela ? Chaque semaine à la fin du temps de prière un temps est consacré aux pères et aux époux. Beaucoup reconnaissent bénéficier de la prière de leurs épouses. Et ils ne sont pas en reste, des groupes de Prières de pères se sont récemment constitués.
«L’amour des mamans transforme le monde, unies par la prière nous sauverons nos enfants», telle est l’inscription de la couverture du carnet de prières remis aux mamans. Lancé en Angleterre en 1995, à l’initiative de Veronica Williams, mère de famille catholique et de sa belle-sœur protestante, le mouvement œcuménique de la Prière des mères réunit chaque semaine sur les 5 continents et dans 120 pays, des groupes de 2 à 8 femmes au cœur de mère. Le livret de prière qui les lie est traduit dans 40 langues. (cath.ch/bej/mp)
Maurice Page
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