«Taizé, c’est chaque fois une nouvelle opportunité de faire grandir ma foi», assure Adrien. L’étudiant en théologie à l’Université de Lausanne, âgé de 29 ans, se réjouit de vivre pour la cinquième fois cette enrichissante expérience. «Ces rencontres nous apportent beaucoup. C’est un temps où l’on peut peser sur ‘pause’ dans notre vie quotidienne. Face à la frénésie des fêtes de fin d’année, on peut y trouver le calme et la ferveur nécessaire pour se ressourcer».
Le jeune Vaudois ne peut pas encore goûter à cette sérénité, tout affairé qu’il est dans ces préparatifs de départ. Le 28 décembre, il partira en bus, avec ses près de 70 collègues, en direction de l’Espagne, où il rejoindra les quelque 15’000 participants de toute l’Europe. Le jour du départ, il feront halte à Genève, pour une prière à l’église anglicane.
Un voyage qui permettra de sceller de belles amitiés, espère Armin Theiler, l’un des organisateurs du séjour pour la Suisse. Il note que les participations suisses sont en baisse, cette année, par rapport aux éditions précédentes. Sans en connaître les raisons exactes, il pense que la proximité des Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ), qui ont lieu fin janvier 2019 au Panama, ont empêché certains jeunes catholiques de pouvoir participer aux deux événements.
Armin Theiler suivra attentivement la rencontre depuis la Suisse. Il se réjouit du choix de Madrid, connu pour son ouverture et sa multiculturalité. C’est la première fois que la communauté Å“cuménique de Taizé, basée dans l’est de la France, se réunit dans la capitale espagnole. Des rencontres ont déjà eu lieu plusieurs fois à Barcelone (1979, 1985 et 2000), ainsi qu’à Valence (2015). A Madrid, vivent des personnes provenant des toutes les régions d’Espagne et d’autres pays. La cité a déjà accueilli des événements internationaux et la préparation d’accords de paix. «C’est pourquoi l’étape du pèlerinage de Taizé sera enrichie par les valeurs de solidarité que ses habitants et ses institutions aimeront partager», assure la communauté oecuménique.
Un contexte qu’Adrien a hâte de découvrir, tant il garde de lumineux souvenirs des précédentes rencontres avec les populations locales. «Taizé, c’est aussi l’histoire de ces amitiés que l’on tisse, à travers un accueil, une hospitalité extraordinaire. Ces échanges ne durent que quelques jours et pourtant ils nous marquent à jamais».
Pour le jeune protestant, il s’agit aussi de partager des expériences de foi avec des chrétiens d’autres confessions. Une occasion unique «d’élargir les horizons de sa foi». Il se rappelle d’une discussion, lors de la rencontre de Riga (Lettonie) en 2016, entre de jeunes orthodoxes russes et ukrainiens. Les débats portaient sur la récente annexion de la Crimée par la Russie, un sujet politique très sensible. L’échange s’était pourtant déroulé dans une ambiance constructive et compréhensive. «Je pense que c’est le genre d’événements qui nous rapprochent au-delà de nos différences et de nos sensibilités. L’esprit qui règne à Taizé rend cela possible», souligne l’étudiant vaudois.(cath.ch/com/rz)
Une rencontre des superlatifs
45’000 portions de nourriture chaude, 7,5 tonnes de pain, 39’000 oranges, 95’000 mandarines… Ce ne sont que quelques uns des chiffres qui caractérisent la rencontre. Depuis septembre 2018, une équipe internationale et Å“cuménique de quelques frères de la communauté, des SÅ“urs de Saint-André et de volontaires est à pied d’Å“uvre à Madrid pour la préparation de l’événement. L’hébergement fait partie des grands défis logistiques. La plupart des participants pourront résider chez des habitants, dans des écoles ou des gymnases.
1’000 volontaires sont sur place depuis le 26 décembre, pour les derniers préparatifs. Plus de 240 bus amèneront les jeunes de Pologne, d’Ukraine, de France, d’Allemagne, de Suisse et d’ailleurs.
Le cardinal Carlos Osoro Sierra, archevêque catholique de Madrid, est à l’origine de l’invitation. Il a écrit le 19 janvier 2017 à Frère Alois, prieur de Taizé: «Aujourd’hui, j’ai l’espérance d’offrir la belle capitale de l’Espagne pour la rencontre européenne des jeunes (…) je sais aussi le grand bien que cette hospitalité peut faire à chacun des jeunes et à leurs familles, à chaque paroisse et à chaque communauté chrétienne et à la relation entre tous les chrétiens qui vivent leur foi à Madrid». RZ
Le pape François invite les jeunes de Taizé à «»³relever le défi de l»«²hospitalit黫³
Dans un message signé par le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, le pape François s’est adressé aux jeunes de Taizé qui se réuniront à Madrid, a indiqué l»«²agence catholique italienne SIR le 27 décembre 2018.
Il ne faut «»³jamais perdre le goût de savourer la rencontre, l’amitié, le goût de rêver ensemble, de marcher avec les autres»«³, demande le pontife. Il invite également les jeunes à «»³faire une place au Seigneur»«³ dans leur vie. «»³Grâce à l’amitié avec Jésus, explique-t-il, «»³il est possible de vivre une hospitalité généreuse, d’apprendre à s’enrichir des différences des autres»«³ et de faire fructifier ses dons. Ainsi devient-on «»³des bâtisseurs de ponts entre les Eglises, les religions et les peuples»«³.
«»³Le cÅ“ur plein d’espérance»«³, le pape encourage ainsi les jeunes à utiliser leurs talents, leur énergie et leurs forces «»³pour améliorer le monde et faire en sorte que chaque personne puisse trouver sa place au sein de la grande famille humaine»«³. Ils doivent «»³relever le défi de l’hospitalit黫³, poursuit-il, notamment en se faisant «»³proches de cette humanité blessée et de celles et ceux qui sont tenus à l’écart, rejetés ou exclus, des petits et des pauvres»«³. (cath.ch/imedia/pad/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/taize-70-jeunes-suisses-a-la-rencontre-de-madrid/