Evangile de dimanche: Epiphanie

En cette solennité de l’Epiphanie, deux rois sont présentés. L’un, le «roi des Juifs», un nouveau-né, à Bethléem, l’autre, Hérode le Grand, le puissant, qui, à Jérusalem, apprend que des mages viennent d’arriver à la recherche de ce «roi de Juifs». Il y aurait donc un autre roi que lui. Comment est-ce possible? C’est pourtant à lui que les Romains ont fait pleine confiance en lui remettant le pouvoir sur la Judée et, lui d’ailleurs, a tout fait pour le consolider.

La présence de ce «roi des Juifs» serait-elle le signe d’une trahison des alliés romains d’Hérode, tentés d’instaurer un contre-pouvoir? Une telle situation exige la convocation immédiate d’un conseil de crise d’autant que le peuple s’agite. Hérode, en fin politicien qui ne recule devant rien, utilise ses interlocuteurs orientaux pour faire du renseignement.

Les mages ne sont pas dupes de ces manœuvres politiciennes. Ils savent qu’en se rendant à Bethléem en Judée, ils ne vont pas visiter un potentat. Arrivant auprès de l’enfant et de Marie sa mère, ils s’inclinent car ils sont devant un Dieu qui s’offre à eux dans la fragilité de la condition humaine. Pour le retour, ils changent d’itinéraire: on ne rend pas des comptes à celui qui s’oppose à Dieu; on ne discute pas avec celui qui, avec une cruauté sans pareille, est sur le point d’éliminer les enfants innocents pour conserver son pouvoir. Lorsqu’on a fait l’expérience de la rencontre avec le Roi des Rois, on ne repart jamais par le même chemin.

Cet enfant nouveau-né est «roi» silencieux, sans pouvoir politique.

Cependant, la question demeure: y a-t-il deux rois rivaux?  Regardons cet enfant nouveau-né avec les yeux des mages. Il est «roi» silencieux, sans pouvoir politique. Il n’est pas conseillé par des spécialistes en matière politique et religieuse. C’est un roi qui accueille les bras grands ouverts tous ceux et toutes celles qui viennent à lui, qu’ils soient proches ou qu’ils viennent de l’Orient lointain.

Ainsi, il ne gouverne pas un peuple mais il rassemble l’humanité tout entière: «les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse», écrit saint Paul. Au-delà de tous les royaumes de la terre, il y a un Dieu agissant qui rassemble tous les hommes de bonne volonté. Un Dieu qui, par son humilité, détruit tout ce qui divise les hommes – la jalousie, la violence, la haine, les luttes de pouvoir – pour nous conduire à son Père qui aime chacun d’un amour fou.

Ce Dieu, ce roi caché, nous ne le découvrons ni par notre sagacité, ni parce que nous avons parcouru la terre à la recherche d’un hypothétique bonheur. Nous le découvrons parce que Lui se révèle à nous, en humble place, sous les traits de l’enfant. Chacun de nous, sur la foi des apôtres, est appelé à contempler ce Roi dont la «royauté n’est pas de ce monde» (Jn 18, 36) et à se mettre sous l’attraction aimante de Celui qui nous renvoie toujours à notre responsabilité d’homme et de femme de ce temps.

Chantal Reynier | Vendredi 4 janvier 2019


Mt 2, 1-12

Jésus était né à Bethléem en Judée,
au temps du roi Hérode le Grand.
Or, voici que des mages venus d’Orient
arrivèrent à Jérusalem
et demandèrent :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
Nous avons vu son étoile à l’orient
et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé,
et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple,
pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent :
« À Bethléem en Judée,
car voici ce qui est écrit par le prophète :
 Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n’es certes pas le dernier
parmi les chefs-lieux de Juda,
car de toi sortira un chef,
qui sera le berger de mon peuple Israël. »

Alors Hérode convoqua les mages en secret
pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :
« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant.
Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer
pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Après avoir entendu le roi, ils partirent.

Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient
les précédait,
jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit
où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile,
ils se réjouirent d’une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison,
ils virent l’enfant avec Marie sa mère ;
et, tombant à ses pieds,
ils se prosternèrent devant lui.
Ils ouvrirent leurs coffrets,
et lui offrirent leurs présents :
de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,
ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

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