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Lugano: décès de Mgr Eugenio Corecco (010395)

Un prêtre, un professeur de droit canon et un évêque très actif

Lugano, 1ermars(APIC) Mgr Eugenio Corecco, évêque de Lugano est décédé

mercredi 1er mars en début d’après-midi à l’évêché, à l’âge de 63 ans, des

suites d’un cancer à la colonne vertébrale. Durant cette ultime semaine la

santé de l’évêque s’était progressivement aggravée et Mgr Corecco avait reçu les derniers sacrements. Avec la disparation de Mgr Eugenio Corecco, le

monde catholique suisse et en particulier tessinois perdent une personnalité extraordinairement active.

Comme prêtre puis comme évêque Mgr Corecco a pris un grand nombre d’initiatives. Depuis la mise sur pied du mouvement « Communion et Libération » à

la refondation des mouvements de jeunesse de l’Action catholique en passant

par la création de la Faculté de théologie de Lugano et le « rapatriement »

du séminiare diocésain ou encore la construction de la chapelle de Mogno,

due à l’architecte Mario Botta.

Mgr Corecco était en outre un spécialiste de droit canon internationalement reconnu. Formé à Rome et à Munich, où il avait obtenu son doctorat en

1962, Mgr Corecco, fidèle à « l’Ecole de Munich », considérait le droit canon

comme une branche plus « théologique » que « juridique ».

A partir de 1969 et jusqu’à sa nomination sur le siège de Lugano en

1986, Mgr Corecco a occupé la chaire de droit canon de l’Université de

Fribourg. De 1979 à 1981, il a été doyen de la Faculté de théologie. C’est

à cette époque qu’il fonde avec deux professeurs italiens la rédaction de

langue italienne de la revue théologique internationale « Communio ». Après

un congrès international de droit canon organisé à Fribourg en 1980, il est

élu à la vice-présidence de l’association internationale des canonistes,

puis à sa présidence en 1987. Ses travaux scientifiques lui ont valu de

nombreuses distinctions honorifiques dans le monde entier. En 1992, il a

accueilli cinq évêques des pays de l’ex-Union soviétique venus se former

aux questions de droit.

Un intellectuel très soucieux de pastorale

En 1986, lors de sa nomination au siège épiscopal de Lugano, il passe

pour un intellectuel visant à renforcer le rôle du magistère et prenant ses

décisions sans trop consulter les autres. Dans de nombreux milieux son arrivée n’avait pas suscité grand enthousiame, comme il l’expliquait lui-même. Certains de ses projets seront combattus, certaines de ses décisions

pas comprises, comme celle de se séparer du rédacteur en chef du « Giornale

del Popolo », le quotidien du diocèse.

Si l’évêque du plus jeune diocèse de Suisse décidait seul et imposait

parfois ses idées contre l’avis de la majorité, c’est parce qu’il avait la

conviction que l’avenir montrerait que ses décisions correspondaient au

bien de tous. Parlant de lui-même il disait avoir une tenacité naturelle et

une certitude intérieure lui permettant de se détacher des circonstances

extérieures. « Chacun est responsable de lui-même », aimait-il à répéter. Aux

longues discussions il a toujours préféré les actes. Ce qui ne signifiait

nullement décision arbitraire.

Orphelin de père à 12 ans

Ce sens du devoir et ce goût du travail, les tenaient-il de son enfance,

lui qui se retrouva orphelin de père à l’âge de 12 ans alors qu’il est déjà

pensionnaire au petit séminaire? Il avouait plus tard n’en n’avoir pas trop

souffert. Ces dons lui venaient probablement davantage sa mère qui vit toujours à Airolo.

Ordonné prêtre en 1955, il est nommé dans le village de Prato. La

Leventine, avec ses paysages et son histoire, devient sa patrie même s’il a

passé son enfance à Chiasso. C’est là qu’il plante ses racines et puise sa

force intérieure.

Cette première expérience pastorale puis celle d’aumônier d’étudiants

lui font comprendre la nécessité d’une « pastorale des personnes et non pas

des choses ». « Les gens doivent sentir qu’on les aime et que l’on croit à sa

vocation », disait-il. Il connaissait très bien l’importance d’aider et de

consoler les autres. Il n’était pas l’homme froid et volontaire que l’on

pouvait imaginer parfois.

Etre proche des gens, trouver de nouvelles voies pour les amener à la

foi, était pour lui une préoccupation particulière manifestée par exemple

dans la participation régulière aux Journées mondiales de la jeunesse ou à

des émissions de télévision. Pour lui la vérité était toujours une et

entière, sans restriction.

La maladie, un nouveau chemin de foi

L’irruption soudaine de la maladie fut pour lui la découverte d’un nouveau chemin de foi. Le diagnostic d’une tumeur cancereuse au sacrum tombait

« comme un coup de tonnerre dans le ciel bleu ». L’évêque en parla immédiatment ouvertement, confiant à ses prêtres et ses diocésains l’évolution de

sa maladie. « La maladie n’est pas quelque chose que l’on peut cacher, mais

une invitation à la conversion personnelle. » Lui aussi a connu la révolte

contre son sort, la peur de la mort, la peur de « disparaître dans le néant »

contre lesquelles la foi en la résurrection et la prière ne sont pas une

protection absolue. Accepter avec patience les limites imposées par la maladie ne fut pas toujours facile pour un homme à la volonté si forte et si

actif. La période de sa maladie fut pleine de plans nouveaux « des projets,

pas des rêves », disait-il. Mgr Corecco aimait la vie, mais il a pu dire à

Dieu: « Je suis prêt, je viens quand Tu m’appelles ». (apic/gbr/mp)

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