Karl Barth, théologien «combattant»

«Le plus grand théologien de ce siècle», se serait exclamé un jour à son sujet le pape Paul VI. Une reconnaissance pontificale pour ce théologien suisse réformé, né à Bâle en 1886. On a commémoré l’an dernier le cinquantième anniversaire de sa mort et on s’apprête à célébrer cette année le centième anniversaire de la parution d’une de ses œuvres majeures: Le Commentaire de l’Epître aux Romains. Ayant entendu parler de l’hommage que Rome lui rendait, le théologien facétieux aurait déclaré vouloir corriger ses thèses jusque-là opposées au dogme de l’infaillibilité pontificale.

Blague à part, Karl Barth était âgé de 76 ans quand s’ouvrit le concile Vatican II. Un événement qui le passionnait et dont il regrettait qu’il n’eut pas son pareil sur la planète protestante.

Il n’avait pas attendu le soir de sa vie pour se faire connaître. Professeur dans diverses universités allemandes, connu pour son opposition farouche et irréductible au nazisme jugé idolâtre et pervers, il fut radié du corps académique officiel et trouva refuge dans sa ville natale pour poursuivre son enseignement et son combat.

«Ce n’est pas vous qui allez vers Dieu, c’est Lui qui vient vers vous»

Car Karl Barth était un combattant. Un slogan, un peu rude, de Maurice Clavel aurait pu figurer sur son oriflamme: «Dieu est Dieu, nom de Dieu!». Autrement dit, n’imaginez pas de le concocter à vos sauces humaines, de le récupérer pour bénir vos canons ou vos comptes bancaires. Dieu est Dieu; Il transcende vos histoires et ne cesse de vous surprendre, de vous provoquer et de vous confondre. Ce n’est pas vous qui allez vers lui; c’est lui qui vient vers vous.

Quels échos auraient aujourd’hui ces convictions? D’aucuns se contentent de hausser les épaules et renvoient aux vieilles lunes ce théologien radoteur et conservateur. Reconnaissons que Barth provoque tous ceux et celles – et ils sont légion ! – qui confondent le divin avec leurs bons sentiments. Une attitude qui assoupit nos Eglises chrétiennes et les rend insignifiantes sur le marché des idéologies et des religions. S’il venait à revivre aujourd’hui, Karl Barth serait horrifié par ceux qui instrumentalisent le nom de Dieu pour justifier leurs exactions criminelles. J’imagine sa diatribe à leur endroit.

Alors, ‘Wilkommen’, cher Karl, sur nos terres assoiffées de justice et de vérité!

Guy Musy

30 janvier 2019

Portail catholique suisse

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