Elections au Sénégal: les évêques appellent au calme

Le Sénégal vit, depuis le 3 février 2019, une campagne électorale intense, en vue de l’élection, d’un nouveau président. Les évêques et les chefs religieux musulmans ont appelé la population «au calme et à la sérénité».

Les cinq candidats – dont le président, Macky Sall – sont tous de confession musulmane, religion majoritaire dans le pays. Ils représentent l’islam sénégalais dans sa variété. Le président sortant, Macky Sall, au pouvoir depuis avril 2012, candidat à sa propre succession, est pro-Tidjane. La confrérie Tidjane, du nom de son fondateur en 1782, le cheikh algérien, Ahmed Tijani, compte le plus grand nombre d’adeptes au Sénégal. L’un de ses adversaires, Issa Sall, (sans lien de parenté avec le président) appartient à la même confrérie Tidjane.

En revanche, l’avocat Madické Niang, plusieurs fois ministre sous le régime Abdoulaye Wade (2000-2012) est membre de la puissante confrérie des mourides, tout comme le quatrième candidat, Idrissa Seck. Ancien Premier ministre (2002-2004) sous Wade, il est disciple de la confrérie mouride.

Le dernier candidat, Ousmane Sonko, ancien Inspecteur des impôts, radié de la fonction publique pour refus de subordination, est pro-fondamentaliste. Pour les médias sénégalais, il compte dans ses rangs et autour de sa candidature, la majorité des jeunes «salafistes» du Sénégal. En septembre, il avait boycotté les obsèques nationales de feu Bruno Diatta, catholique, chef du protocole de la présidence, depuis 1978.

Il avait invoqué un calendrier chargé, et dit n’avoir pas reçu d’invitation officielle. Ce dernier argument a été démenti par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, qui a déclarait que ses services lui ont remis son invitation au même titre que celles de tous les chefs de partis politiques qui eux, ont assisté à la cérémonie funéraire.

Appel des évêques

Le 22 janvier 2019, «en union» avec les musulmans, chefs religieux, imams et oulémas, les évêques ont invité la population «au calme et à la sérénité», face aux enjeux de cette présidentielle, une étape de la vie de la nation.

«(…) nous lançons un appel à tous, à nous tourner vers Dieu, dans une prière fervente. Nous en appelons aussi à la conscience citoyenne de tous, surtout des acteurs politiques, pour adopter des comportements responsables et véridiques, en vue d’une élection crédible, transparente et paisible», ont-ils lancé dans leur déclaration, lue par Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, et président de leur conférence.

Ils ont exhorté les candidats à «inscrire en priorité» dans leurs programmes, «un langage respectueux de l’autre et de la communauté, la vérité, la justice, la promotion du bien commun, dans l’intérêt de tous les citoyens».

Ils ont recommandé «fermement la vigilance», pour préserver la paix sociale dans le pays, appelant les populations «au calme et à la retenue». «Avec tous, nous disons non à la violence! Ce pays nous appartient. Il est de notre devoir à tous de le protéger, de contribuer à son développement et à son rayonnement», ont poursuivi les évêques.

Respect du choix des électeurs

Tout en insistant sur la sérénité «dans la diversité des opinions et des choix», ils ont encouragé «toute initiative de dialogue, en vue d’une paix sociale durable au service du développement, susceptible aussi de préserver le Sénégal de toute dérive avant, pendant et après l’élection».

«Que chacun d’entre vous, acteurs politiques qui descendez sur le terrain à la rencontre des populations, en poursuivant ses intérêts politiques, n’en sacrifie pas pour autant les droits et les intérêts des citoyens, surtout pas leur vie» ont-ils souligné les évêques.

A ceux qui ont en charge l’organisation du scrutin, ils leur ont recommandé de s’en acquitter avec «honnêteté, impartialité et respect des normes, et que la volonté de Dieu se manifeste dans le libre choix des populations». (cath.ch/ibc/bh)

Bernard Hallet

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