Un «chemin providentiel de purification» qui esquisse des premières pistes

Désormais conscients du drame des abus, les évêques veulent des clarifications sur les moyens de prendre leur responsabilité afin de lutter contre ce fléau. C’est ce qui ressort de la conférence de presse tenue le 22 février 2019, au second jour du sommet sur la protection des mineurs organisé au Vatican.

Dans l’après-midi du 21 février et dans la matinée du 22, les évêques se sont retrouvés dans une atmosphère «très sereine, consciente de la gravité du sujet», a considéré le Père Federico Lombardi, modérateur du sommet. Cet événement a ainsi permis de faire grandir la conscience de la réalité du phénomène des abus. Pour les participants, a assuré Paolo Ruffini, préfet du Dicastère pour la communication, ce sommet s’inscrit dans un «chemin providentiel de purification».

Pour un observateur présent dans l’aula, cette réunion a déjà prouvée qu’elle n’était pas inutile. Beaucoup d’évêques – surtout de pays du ›sud’ – se sentent démunis et ont ainsi besoin de clarifications sur les procédures pour prendre leurs responsabilités. Les participants ont ainsi évoqué la possibilité de renforcer les conférences épiscopales. Celles-ci pourraient se doter de commissions spécifiques qui viendraient épauler l’évêque. La création d’une «task force" pour les petites communautés a également été évoquée, a indiqué Paolo Ruffini.

Le problème n’est donc plus tant que certains prélats nient l’existence du problème dans leur pays, mais plutôt qu’ils ne savent pas comment y répondre, car «mal informés». D’autant qu’ils n’ont parfois pas confiance en la justice de leur pays et craignent de livrer des innocents pour lesquels les conséquences pourraient être terribles – lynchage, torture ou peine de mort. De même, nombre de cultures sont encore marquées par le secret sur toutes les problématiques sexuelles, a indiqué le cardinal Cupich.

Une responsabilité collégiale

Alors que la réponse aux abus varie grandement selon les zones du monde – selon les mots du cardinal Séan O’Malley, archevêque de Boston­ – les évêques doivent comprendre qu’ils sont responsables collégialement, a expliqué son homologue de Chicago, le cardinal Blase Cupich. Les évêques doivent prendre soin de tous les enfants, dans leur diocèse ou non. «Un évêque n’est pas seulement le pasteur d’une communauté locale, mais doit aussi servir l’Eglise universelle», a abondé Mgr Scicluna, un des organisateurs du sommet.

La collégialité, a repris le cardinal Cupich, implique également que les évêques sont responsables les uns envers les autres. «J’espère que tout évêque au courant [d’abus commis par un évêque] le dira au Saint-Siège et que celui-ci ne fermera pas les yeux», a considéré le cardinal O’Malley interrogé sur le cas de l’ancien cardinal Theodore McCarrick. Son cas est un moment de honte, ont répété à l’unisson les deux cardinaux américains.

Outre la collégialité entre évêques, la participation des laïcs a été soulignée comme nécessaire. «Ce n’est pas une option», a martelé le prélat maltais. Selon une personne présente dans l’aula, les échanges entre prélats ont eu une grande insistance sur l’aide que peuvent apporter les fidèles, en particulier en écoutant les mères de famille.

«Protéger le troupeau»

«L’âme» de toute décision concernant des abus sur mineurs est de «ne permettre à personne de faire du mal aux enfants», a expliqué Mgr Scicluna. Cela, a-t-il insisté, est un principe prudentiel qui n’est pas lié à la question des peines. «Ce n’est pas pour punir, a-t-il repris, mais pour protéger le troupeau». En d’autres termes, il faut veiller à ce que la sentence n’aggrave pas la situation. Par exemple, le renvoi systématique de l’état clérical empêcherait l’Eglise de surveiller des coupables.

Le prélat, également secrétaire-adjoint de la Congrégation pour la doctrine de la foi, est également revenu sur le motu proprio Comme une mère aimante qui permet la révocation d’un évêque pour négligence. Les possibilités prévues par ce document sont selon lui plus larges qu’un tribunal. Il n’est donc pas nécessaire d’apporter une preuve d’une intention mauvaise, mais seulement d’une incapacité à faire le bien. (cath.ch/imedia/mp)

Maurice Page

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