Evangile de dimanche: être disciple

L’enseignement de Jésus se référant à la poutre et à la paille, à l’arbre bon et à l’arbre mauvais n’est pas une exhortation morale pour éviter de confondre les fruits d’un arbre ou pour se préserver d’un défaut que l’on voit clairement chez les autres.

Jésus s’adresse à ses proches, à ses disciples, à ceux qui essaient de se mettre efficacement à sa suite. Ce faisant, il nous interroge sur notre rapport aux frères. Nous autorisons-nous à leur faire la leçon en nous mettant en surplomb au nom de notre savoir, de notre expérience, de notre place dans l’Eglise ou dans la société? Comment, devant le Seigneur, avons-nous la prétention d’ouvrir, en guides sûrs, la route aux autres, en évitant de nous engager vraiment sur le chemin quand il devient trop ardu? C’est notre suffisance qui fait notre cécité et notre entêtement.

Jésus nous met en garde contre les fausses routes sur lesquelles nous sommes prompts à entraîner les autres. Il nous demande de le regarder lui. Le sens, la manière, la mesure de notre conduite, c’est lui. Ce n’est pas le défaut ou la faiblesse du frère.

Au contraire, Jésus nous invite à prendre dans notre cœur la misère de notre frère afin d’être comme Lui, compatissant à l’humanité qui souffre, sachant que le frère lui-même est appelé comme moi à compatir à mes propres faiblesses. La base de toute relation est le respect mutuel et réciproque. Sans ce respect il n’y a pas de dialogue possible, il n’y a pas de relations fraternelles.

«C’est notre suffisance qui fait notre cécité et notre entêtement.»

Soyons réceptifs à ceux qui ne pensent pas comme nous, qui n’ont pas le même caractère que nous. Faisons un effort pour les comprendre et comprendre leur point de vue. Mettons notre cœur et notre intelligence à aller au-devant d’eux, à les accueillir, comme ils sont, sans les juger et sans les condamner d’avance en raison de cette paille qui nous importune tandis que nous ne voyons pas que notre œil à nous est aveuglé par la poutre qui s’y trouve.

Si nous sommes bénéficiaires de la compassion du Seigneur, pourquoi refuserions-nous à l’autre d’en être aussi le bénéficiaire? Et si nous sommes en position d’autorité, pourquoi abuserions-nous des autres alors que l’autorité en régime chrétien est un service? Le service ne consiste pas à tomber dans le trou et à faire tomber, mais bien à éviter d’y tomber et à aider chacun à sortir des ornières de la vie. Si Dieu qui est Dieu respecte notre liberté, au nom de quoi et de qui irions-nous priver l’autre de la sienne?

Demandons-nous quel est le trésor de notre cœur. Soyons attentifs à nos actes qui en expriment le fond comme les fruits révèlent la qualité de l’arbre. Si nous posons des choix et «nous donnons de la peine» en fonction du Seigneur, alors nous prendrons «une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur» (1 Co 15,58)  et, lui, il rendra féconde notre vie, peut-être à notre insu, mais pour le bien de tous.

Chantal Reynier | Vendredi 1er mars 2019


Lc 6, 39-45

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples en parabole :
« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?
Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?
Le disciple n’est pas au-dessus du maître ;
mais une fois bien formé,
chacun sera comme son maître.

Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère,
alors que la poutre qui est dans ton œil à toi,
tu ne la remarques pas ?
Comment peux-tu dire à ton frère :
›Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’,
alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.

Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ;
jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.
Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit :
on ne cueille pas des figues sur des épines ;
on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.
L’homme bon tire le bien
du trésor de son cœur qui est bon ;
et l’homme mauvais tire le mal
de son cœur qui est mauvais :
car ce que dit la bouche,
c’est ce qui déborde du cœur. »

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