Un cardinal pour l'exemple

Indépendamment du verdict de son procès, il fallait que le cardinal Philippe Barbarin soit condamné. Déjà et avant tout pour les victimes. Mais pour l’Eglise, et ses silences coupables, cette condamnation doit être un exemple, un signe fort.

Condamné le 7 mars 2019 à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’un prêtre pédophile, le prélat lyonnais a peu de chances de réellement croupir en cellule. Est-ce d’ailleurs nécessaire et souhaitable de pousser l’exercice jusque là? Comparé à d’autres cardinaux accusés ou coupables d’abus sexuels sur mineurs, Mgr Barbarin n’est pas un méchant criminel. Mais son silence répété l’a rendu hors-la-loi.

«Une figure éminente a vacillé»

Pour la justice civile, c’est seulement l’homme qui a été jugé: Philippe Barbarin, comme le détaille l’hebdomadaire français Réforme. Il est reconnu coupable de n’avoir pas voulu prévenir les autorités françaises, une première fois en 2011. Puis en 2014, lorsqu’une victime s’adresse à lui et qu’il décide à ce moment-là de n’écrire qu’à Rome.

Mais pour l’Eglise: difficile de séparer l’homme de la fonction qu’il revêt(ait). C’est un cardinal qui a manqué à son devoir moral. C’est l’archevêque de Lyon, primat des Gaules, figure éminente, qui a vacillé. Un prélat qui a fini par devenir «l’incarnation de la crise de l’Eglise de France face à la pédophilie», lit-on dans La Liberté.

«Un travail de déconstruction de cette culture du silence»

Que cette condamnation, aussi civile soit elle, soit l’exemple d’un premier pas. D’un travail commun de transparence vis-à-vis des abus sexuels. D’un travail de déconstruction de cette culture du silence, trop souvent utilisée en Eglise. D’un travail de tolérance zéro face à l’immonde crime pédophile, à plus forte raison lorsqu’il est perpétré par des membres de l’Eglise, et à tout aussi forte raison lorsque, pour soi-disant préserver l’institution de cette même Eglise, le crime est étouffé.

De cette condamnation pour montrer l’exemple, le cardinal Barbarin en assume désormais les mesures. En présentant sa démission au pape François, il montre l’exemple à son tour. Tous ceux et celles qui ont couvert l’innommable par leur silence sauront-ils le suivre?

Grégory Roth, le 8 mars 2019

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