Affaire Barbarin: le pape n'a pas totalement ignoré la justice française

La décision du pape de refuser la démission du cardinal Barbarin «ne tient pas compte de la justice française», selon François Devaux, de ‘La parole libérée’, dans La Croix du 19 mars 2019. Le pape semble toutefois avoir tenu compte d’un désaccord au sein même de la procédure judiciaire.

Le pape François «n’a pas voulu accepter» la démission du cardinal Barbarin «en invoquant la présomption d’innocence». Pour François Devaux, cette décision n’est ni en cohérence avec les directives de l’Église ni même avec l’Évangile. «Elle démontre concrètement ce que nous disons depuis quatre ans: le problème n’est pas la pédophilie mais la sacralisation du pouvoir dans l’Église», explique le défenseur des victimes. De plus, «elle montre un écart entre la tolérance zéro prônée et les décisions effectivement prises».

«Cette institution hyper-hiérarchisée, dirigée par un homme qui se dit le successeur de Saint Pierre, fait la preuve que son pouvoir n’est pas fiable», ajoute François Devaux. «Il y a eu une condamnation de la justice française et le pape François montre qu’il n’en tient pas compte et finalement, qu’il est au-dessus de ça.»

Appels des avocats et du Parquet

Pourtant, les choses ne sont pas aussi simples qu’elles en ont l’air. Selon le quotidien lyonnais Le Progrès, les avocats du cardinal Barbarin, André Soulier et Jean-Félix Luciani, ont rédigé une note juridique traduite en espagnol pour le pape, afin que ce dernier comprenne bien qu’à leurs yeux la relaxe ne fait aucun doute en appel. Comme ils l’avaient annoncé, ils ont donc fait appel de sa condamnation, dès le lendemain du jugement.

Mais c’est aussi le cas du Parquet de Lyon. Si ce dernier avait tout d’abord classé l’enquête sans suite, il n’avait ensuite requis aucune peine: ni contre le cardinal Barbarin, ni contre ses cinq co-accusés, lors de la procédure exceptionnelle. Dès lors, le parquet de Lyon a également fait appel peu après le verdict de condamnation, d’après des informations du Progrès. «Il est de pratique habituelle de faire appel incident, en cas d’appel principal du prévenu, afin de donner à la cour la possibilité de révoquer l’affaire dans sa globalité», a précisé le parquet de Lyon dans un communiqué diffusé dimanche 17 mars, en réponse à la publication du quotidien.

Une certaine logique

Tenant compte de ces informations en possession des avocats et du fait qu’elles ont été transmises au pape François, sa décision de réfuser la démission du cardinal Barbarin «en invoquant la présomption d’innocence» apparaît comme logique. (cath.ch/cx/lp/gr)

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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