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Taizé: Frère Roger célébre vendredi son 80e anniversaire (100595)
Un long cheminement pour l’oecuménisme et la réconciliation des peuples
Taizè. 10mai(APIC) Frère Roger Schutz, fondateur et prieur de la communauté oecuménique de Taizé, en Bourgogne, fête vendredi son 80e anniversaire. Les premiers pas de Frère Roger à Taizé seront également
célébrés cette année. Ils ont 55 ans d’existence. C’est en effet le 20 août
1940 que Frère Roger s’est établi à Taizé pour y fonder, quelques années
plus tard, une communauté de style monastique à la fois interconfessionnelle et internationale.
Roger Schutz-Marsauche est né le 12 mai 1915 à Provence, près de Grandson (Vaud), de père suisse – un pasteur protestant – et de mère française.
Il suit des études de théologie à la Faculté protestante de l’Université de
Lausanne, en prenant pension chez une veuve catholique. Il y découvre sa
vocation oecuménique et développe son aspiration à ce que les Eglises de la
Réforme redécouvrent les valeurs de la vie monastique. En 1940, en pleine
guerre mondiale, il quitte la Suisse pour s’établir à Taizé, un petit village de Bourgogne, non loin de Cluny. Il veut situer dans la détresse du
moment le projet qui l’habite: créer une communauté qui soit parabole de
communion « au coeur des déchirures entre chrétiens et des conflits dans
l’humanité ». Il cache des réfugiés politiques, juifs notamment, qui fuient
le nazisme.
Fondation d’une communauté monastique protestante
Fin 1942, la France est totalement occupée par les Allemands. La police
nazie perquisitionne à son domicile alors qu’il aide une personne à passer
en Suisse. Roger Schutz est contraint de rester en Suisse. En 1944, de retour en France, il est accompagné de quelques frères protestants. En 1949,
est fondée une communauté au sein de laquelle ils s’engagent pour toute
l’existence dans le célibat, dans l’acceptation du ministère du prieur, et
dans la mise en commun des biens matériels et spirituels.
La première génération de la communauté est d’origine évangélique, mais
elle plonge ses racines spirituelles dans la tradition monastique séculaire. Des frères catholiques se joignent à elle dès 1969. Il y a actuellement
un centaine de frères de 25 nationalités différentes. En petites fraternités, des frères ont essaimé dans les quartiers déshérités à New York, au
Brésil, à Séoul, au Bangladesch. Frère Roger va lui-même passer des périodes en des lieux qui traversent l’épreuve: quartier porto-ricain de New
York, Chili, Calcutta, Afrique du Sud, Liban, Haïti, Sahel, Ethiopie, Philippines et Europe de l’Est.
L’affluence des jeunes
La communauté de Taizé, autour des années 68, voit affluer des jeunes du
monde entier. C’est une sorte de pèlerinage ininterrompu qui ne s’est jamais tari. Aux sources de la foi, les jeunes de tous les continents cherchent à Taizé un sens à leur vie. Ils se préparent à prendre des responsabilités là où ils vivent. Les rencontres qui se déroulent, chaque semaine,
réunissent des jeunes de 35 à 70 pays. Pâques tient une place primordiale: chaque fin de semaine est vécue comme une célébration pascale. Visitant
Taizé en 1986, le pape Jean Paul II se présente comme un pèlerin et dit:
« On passe à Taizé comme on passe près d’une source ».
En 1970, Frère Roger annonce un « concile des jeunes », dont le principal
rassemblement en réunit 40’000 en 1974. Dés 1979, il est relayé par « un pèlerinage de confiance sur la terre » qui n’organise pas les jeunes en mouvement autour de Taizé, mais les incite à devenir chez eux créateurs de paix,
promoteurs de confiance et de réconciliation. Chaque année, frère Roger
anime avec ses frères une rencontre européenne avec des dizaines de milliers de jeunes dans une ville d’Europe de l’Ouest ou de l’Est. La dernière
a eu lieu, il y a cinq mois, à Paris, entre Noël et Nouvel An.
Son cheminement doctrinal et oecuménique
Frère Roger a décrit dans ses livres et lors d’entretiens particuliers
son engagement oecuménique. Une phrase, prononcée à la basilique SaintPierre de Rome, en 1982, résume assez bien son cheminement doctrinal, tel
qu’il le vit depuis de très longues années: « Comme je l’exprimais déjà en
Allemagne, lors de la célébration de la Confession luthérienne d’Augsbourg,
à la suite de ma grand-mère, sans être symbole de reniement pour quiconque,
j’ai trouvé mon identité de chrétien en réconciliant au dedans de moi, le
courant de la foi de mes origines évangéliques avec la foi de l’Eglise
catholique ».
Frère Roger est l’auteur de nombreux livres qui expliquent inlassablement sa spiritualité. « Vivre l’aujourd’hui de Dieu » (1959), « Dynamique du
provisoire » (1965), « Unanimité dans le pluralisme » (1966), « Violence des
pacifiques » (1968). Mère Teresa et Frère Roger ont publié ensemble « Le Chemin de Croix » (1986), « Marie, Mère de réconciliation » (1987) et « La Prière »
(1992). Chaque année, Frère Roger écrit pour les jeunes « La Lettre », traduite en 35 langues.
La personnalité de Frère Roger pour la réconciliation entre les peuples
est reconnue officiellement par des institutions internationales ou par des
prix. Il a reçu entre autres, le Prix de la Paix des éditeurs allemands, le
Prix international de la Paix d’Aix-la Chapelle, celui de l’UNESCO et le
Prix Robert Schuman pour son engagement en faveur de la construction européenne. (apic/theo/ba)
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