Pérou: L’archevêque de Lima demande de «repenser l’exploitation minière»

L’archevêque de Lima demande aux Péruviens de «repenser l’exploitation minière». S’exprimant sur le récent conflit qui oppose des milliers d’Indiens des Andes à la compagnie minière chinoise MMG de Las Bambas, Mgr Carlos Castillo Mattasoglio a plaidé pour que l’exploitation minière soit remise «à sa juste place».

«Le temps est peut-être venu de repenser les grands projets nationaux d’extraction minière. Sinon, la mine va nous manger vivants !», a-t-il lancé lors de la cérémonie inaugurant le début des cours de la Faculté de Lettres et des Sciences humaines de l’Université nationale San Marcos, à Lima.

Le Père Carlos Castillo Mattasoglio, un prêtre diocésain, a remplacé en janvier 2019 Mgr Juan Luis Cipriani Thorne, un prélat conservateur membre de l’Opus Dei, atteint par la limite d’âge. Mgr Cipriani avait été nommé cardinal le 21 février 2001 par le pape Jean-Paul II.

«Les mines détruisent la nature et les personnes»

Le nouvel archevêque de Lima a souligné que le conflit en cours depuis près de deux mois à propos d’une route qui traverse les terres indigènes illustrait les conséquences humaines de l’ambition financière. D’où sa demande aux différents protagonistes du conflit de reprendre le dialogue sans tarder.

Mgr Carlos Castillo Mattasoglio a estimé que c’était le moment pour le peuple de se prononcer sur l’importance que doit avoir l’extraction minière dans le pays. Dans le cas contraire, il redoute que l’extraction redouble d’intensité. «Et le pire, c’est qu’elles (les compagnies minières) détruisent notre nature et les personnes».

Ancienne propriété de Glencore

Le complexe minier de Las Bambas produit à lui seul 2% du cuivre mondial. D’abord propriété de la Compagnie suisse Glencore, le site, situé à une centaine de kilomètres au sud du Machu Pichu, au cœur des Andes, a été cédé en 2014 au groupe minier chinois MMG qui a obtenu du gouvernement péruvien le renouvellement de la licence d’exploitation et l’extension de la zone d’extraction.

Outre la promesse de créer de nombreux emplois, MMG s’était aussi engagée à construire un «minéroduc» destiné à acheminer le minerai brut à plusieurs dizaines de kilomètres du site. De quoi éviter de polluer la région en traitant sur place la production. Mais la compagnie n’a pas tenu parole. Pire, plus de 250 énormes camions évacuent chaque jour le minerai, traversant les territoires de communautés indigènes.

Route bloquée

Le 29 septembre 2015, des manifestations sur le site avaient fait 5 morts et plusieurs dizaines de blessés. L’armée avait été mobilisée et l’état d’urgence décrété. Depuis début février 2019, plusieurs milliers d’indiens manifestent leur mécontentement et barrent l’accès à l’axe routier. (cath.ch/jcg/be)

Jacques Berset

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