Au Maroc, le pape François a pu expliquer d'importants thèmes de son pontificat

En moins de 27 heures au Maroc, les 30 et 31 mars 2019, le pape François aura pu donner la direction de trois des principaux thèmes de son pontificat: le dialogue interreligieux, les migrants et l’encouragement aux minorités catholiques.

En pontife et en homme particulièrement remonté «contre les murs», le pape argentin a voulu profiter de ce voyage au Maroc pour une nouvelle fois «jeter des ponts». En d’autres termes, il a cherché les points de convergence avec ses interlocuteurs sur place pour bâtir les fondations de la relation.

Jérusalem, «patrimoine commun de l’humanité»

Ainsi le chef de l’Eglise catholique et le ›commandeur des croyants’ – le roi Mohammed VI – ont lancé ensemble un appel demandant de préserver Jérusalem comme «patrimoine commun de l’humanité».

De même, fort de la conviction selon lui commune entre chrétiens et musulmans que les hommes ont été créés par Dieu «égaux en droits», le pape a pu demander un plus grand respect de la liberté de conscience et de la liberté religieuse. Lesquelles, a-t-il aussitôt spécifié, «ne se limitent pas à la seule liberté de culte, mais qui doivent permettre à chacun de vivre selon sa propre conviction religieuse».

Main tendue à l’islam

Tendre la main à l’islam permet donc également de défendre la cause des chrétiens vivant dans les pays musulmans, trop souvent relégués comme des habitants de seconde classe.

Par ailleurs, le pape François aime à le rappeler, «tout est lié». Ainsi, a-t-il interpellé lors de la conférence à bord du vol de retour, les chrétiens occidentaux feraient bien de veiller à la situation de la liberté de conscience dans leurs propres pays avant de se focaliser uniquement sur les Etats musulmans.

Pour lui, quelle véritable légitimité y a-t-il à se plaindre des atteintes à la liberté de conscience ailleurs quand celle-ci est refusée à des médecins dans son propre pays, notamment dans le cadre de l’euthanasie ?

Droits et devoirs des migrants

Plus longue intervention du voyage, le discours tenu dans un centre d’accueil pour migrants était lui aussi particulièrement important. Dans ce qui était probablement sa première allocution devant des migrants dans un pays de transit, le pape François a amplement détaillé sa vision de ce sujet qu’il a «à cœur». Tout en insistant sur le devoir des sociétés de destination d’accueillir et d’intégrer ces personnes, il a tout autant souligné le droit de ne pas être contraint à émigrer.

De même, il a également indiqué que les migrants devaient eux-mêmes être protagonistes de ce processus. Les pays d’accueil doivent valoriser leur responsabilisation tandis que ces nouveaux arrivants doivent en apprendre la langue et en «respecter les personnes et les liens sociaux, les lois et la culture». En somme, si les murs des frontières doivent tomber, les migrants ne doivent pas les remplacer par des murs intérieurs.

Une minorité capable de susciter le changement

Quant aux rencontres du pontife avec la communauté catholique du pays, elles lui ont permis de s’inscrire dans la continuité de son prédécesseur Benoît XVI qui appelait les catholiques à être des «minorités créatives».

Les chrétiens sont un petit nombre au Maroc, a reconnu l’actuel évêque de Rome. «Mais cette réalité n’est pas, à mes yeux, un problème, même si elle peut parfois s’avérer difficile à vivre». Tout l’enjeu est de n’être pas «insignifiants».

Dans une société ouverte, plurielle et solidaire, a indiqué le pape François, la mission des chrétiens est donc d’être une «intercession» vers Dieu qui s’élève depuis le milieu du peuple dans lequel ils sont insérés. Conscients du «pur don» de l’amour de Dieu, les chrétiens doivent à leur tour former des «oasis de miséricorde». Seul cet amour fervent et désintéressé – loin de «l’impasse» du prosélytisme – aura la capacité de produire du changement, a-t-il insisté. (cath.ch/imedia/xln/be)

Jacques Berset

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