Amérique latine: Le Réseau ecclésial Clamor pour aider les migrants

Plus de cent représentants du Réseau Ecclésial latino américain et Caribéen de Migration, Déplacement, Réfugié et Traite de Personnes (CLAMOR) se sont réunis du 1er au 4 avril  2019 à Bogota, en Colombie. L’occasion pour cette entité, créée en mars 2017 à l’initiative du Conseil épiscopal latino américain (CELAM), de rappeler l’implication de l’Église dans la lutte contre les conséquences du phénomène migratoire, notamment le trafic de personnes, «véritable crime contre l’humanité».

 «Il est incroyable que de nos jours le commerce des êtres humains puisse encore exister ! La société a favorisé dans de nombreux pays l’émergence de nationalismes qui tentent d’établir comme élément dominant la construction de murs, un rigoureux contrôle des frontières et une xénophobie à l’égard des migrants.». C’est en ces termes que l’archevêque mexicain de Yucatan, et président du Réseau Clamor, Mgr Gustavo Rodríguez Vega, a ouvert les débats de cette première rencontre continentale.

Créé fin mars 2017 à l’initiative du Conseil Épiscopal latino américain (Celam), le Réseau CLAMOR s’est donc fixé comme objectif «d’articuler toutes les initiatives des mouvements et organisations de l’Église d’Amérique latine et des Caraïbes qui luttent contre la migration forcée et qui oblige les habitants de ces pays à partir de chez eux en quête de meilleures conditions de vie».

«S’inspirer du Repam»

Figure centrale de ce mouvement Réseau Clamor, Mgr Alvaro Ramazzini, l’évêque du diocèse de Huehuetenango, au nord-ouest du Guatemala, a souhaité que  Clamor s’inspire du Réseau Ecclésial panamazonien (Repam) qui œuvre pour la défense de l’environnement. Tout comme le soin apporté à protéger la nature et la création, l’évêque guatémaltèque est convaincu qu’en ce qui concerne les migrants, «le bien qui est prodigué quelque part produira des résultats positifs dans d’autres lieux. Il y a un courant du bien qui se multiplie et favorise l’ensemble de l’univers».

Une vision continentale des migrations

De fait, comme l’a expliqué Rose Bertoldo, une religieuse brésilienne, représentante du réseau «Un Cri pour la Vie», le Réseau Clamor contribue à la fois à renforcer le travail des réseaux locaux d’aide aux migrants et à affiner la vision de la problématique au niveau continental. «Cela permet d’avoir une perception plus fine des flux et processus migratoires, ainsi que l’augmentation des réseaux de trafic, du crime organisé et du narcotrafic dont sont victimes les migrants». D’où l’importance de coordonner tous les services d’Église pour lutter contre ce fléau.

Les Vénézuéliens au centre des débats

Compte-tenu de l’actualité, une grande partie des débats ont évidemment porté sur la réalité vécue par les 2,7 millions de migrants vénézuéliens qui, selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), ont fui leur pays depuis 2015 pour d’autres états du continent. L’occasion pour les participants de faire un point plus précis «sur les flux migratoires, les conditions d’hébergement, les programmes d’insertion des migrants proposés par les différents pays d’accueil, et sur les risques encourus par les migrants vénézuéliens tout au long de leur parcours».

Les caravanes de migrants, «plus sûres»

Le phénomène des caravanes a également été largement évoqué par la centaine de participants. Ce nouveau mode de migration apporte aux migrants un sentiment de sécurité. Il permet aussi à l’Église d’être plus efficace encore dans ces actions de secours et assistance. Pas vraiment un luxe puisque ces groupes sont souvent constitués de familles entières, avec des adolescents et des enfants, parfois en bas âge, proies potentielles du crime organisé. «Si ces déplacements massifs de migrants garantissent donc globalement plus de sécurité, ils suscitent également plus de sentiments de xénophobie dans les territoires traversés», a précisé Mgr Gustavo Rodríguez Vega. (cath.ch/jcg/mp)

Maurice Page

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