Chemin de croix au Colisée: «Plus jamais d'esclaves!»

Chargée des méditations du Vendredi Saint au Colisée de Rome le 19 avril 2019, Sœur Eugenia Bonetti veut lier la passion du Christ aux souffrances des femmes victimes de la traite humaine. La religieuse italienne a présenté le 17 avril à la presse son combat en faveur des prostituées.

«Une jeune de 80 ans». C’est ainsi qu’Alessandro Gisotti, directeur ad interim du Bureau de presse du Saint-Siège, a présenté Sœur Eugenia. Le 15 mars dernier, a révélé cette dernière, le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture, l’a appelée pour lui proposer de faire les méditations du Chemin de croix au Colisée en présence du pape. «Je vous donne du temps pour me dire oui, mais ne me dites pas non», lui a dit le haut prélat.

«Nous savons combien de passion tu mets dans ton service depuis tant d’années», a expliqué le cardinal italien. En effet, longtemps missionnaire en Afrique, Sœur Eugenia se dévoue désormais aux victimes de la traite humaine dans son pays, en Italie. Tout particulièrement à ces femmes qu’elle voit comme des «statues» le long des routes. Pourtant, «je les avais laissées pleines de joie en Afrique», se désole-t-elle.

Passer de la mission pleine de vie en Afrique aux prostituées le long des routes italiennes n’a pas été facile pour la religieuse. Pour y parvenir, raconte-t-elle, il lui a fallu une rencontre avec une prostituée. S’apprêtant à aller à la messe, la religieuse lui demande de repasser le lendemain, mais la jeune femme propose de l’accompagner. «Elle est sortie pardonnée de l’église, affirme la religieuse, moi je suis sortie choquée. Le Seigneur m’a fait comprendre que j’avais une nouvelle mission.»

Recueillir les souffrances du présent

Depuis plus d’une vingtaine d’années maintenant, Sœur Eugenia vit cette mission auprès de ces «femmes sans nom, sans visage, sans espérance, seulement utilisées et jetées». Les récits et prières de ces victimes de l’exploitation humaine viendront enrichir ses méditations du Chemin de croix du Vendredi Saint au Colisée, là où les chrétiens des premiers siècles ont été persécutés. «Mon grand rêve est que le Colisée, ce lieu de tant de souffrances du passée, soit le lieu qui recueille tant de souffrances du présent», confie la religieuse.

Pour interpeller chacun à aider à «briser les anneaux de la terrible chaîne de mort», Sœur Eugenia espère que ses méditations aideront à comprendre que «nous avons tous une grande responsabilité». Le Chemin de croix permettra donc de vivre le moment de la passion du Christ en portant la passion actuelle de ces femmes». Le combat n’est pas impossible. «Si nous mettons ensemble notre pauvreté, elle devient une grande richesse», promet l’Italienne. «Ensemble, nous voulons crier : plus jamais d’esclaves !» (cath.ch/imedia/xln/mp)

Maurice Page

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