Homélie du 21 avril 2019 (Jn 20, 1-9)

Abbé Lionel Girard – Chapelle de Platta, Sion

Vous savez ce qui s’est passé…

C’est par ces paroles de saint Pierre que saint Luc, dans le livre des Actes des Apôtres, nous interpelle dans la 1ère lecture. Mais que c’est-il passé au juste ?
Bien plus que l’histoire d’un homme… Avec Jésus, c’est l’histoire de L’Homme au sens du genre humain à laquelle nous sommes conviés ce matin. Car Pâques rejoint notre histoire.

Et tout change

Et l’Evangile de commencer en évoquant les ténèbres, semblables à celles du premier jour.
Mais ce matin de Pâques n’est pas comme tous les autres matins du monde…
Quand dès l’aube, Marie Madeleine se rend au tombeau, elle constate d’abord que la pierre qui en scellait l’entrée a été enlevée.

Et à partir de ce signe extérieur presque anecdotique, tout change !

Avant hier encore, face à la foule hargneuse, elle se tenait au pied de la croix de Jésus, entourée de Marie sa mère, de l’autre Marie, femme de Clopas et du disciple que Jésus aimait. Là, avant d’expirer, le cri de Jésus retentissait pour ses disciples comme la fin tragique d’une espérance, la perte inexorable de celui qui avait cheminé sur leur routes, bénissant, guérissant, libérant ceux qui ployaient sous le poids du péché… mangeant avec eux, interprétant et accomplissant la Loi d’une façon nouvelle. Malgré ses innombrables miracles, malgré toute sa bonté exercée par tous ses actes, il fut pourtant livré, arrêté, condamné à mourir sur une croix, avant d’être déposé à la hâte en marge de la ville, dans un tombeau encore neuf mis à disposition presque fortuitement.

La pierre déplacée

Quant à Marie Madeleine, malgré la peine immense de son chagrin, non seulement elle ne va pas sombrer, mais va revivre une  véritable conversion : voyant la pierre enlevée, elle court partager sa stupeur à Pierre et Jean qui, à leur tour, se mettent à courir jusqu’au tombeau. Au cœur de sa détresse, la pierre déplacée ravive sa foi.

Que s’est-il véritablement passé ?

Tandis que l’Evangile nous fait passer de l’extérieur à l’intérieur, la description n’a rien de sensationnel : les linges sont posés à plat et le suaire roulé.

Il vit et il crut : par ces mots d’une fulgurance inspirée, l’Évangéliste traduit toute la révélation du mystère pascal.

Si les Pères de l’Église ont reconnu dans la personne de Marie Madeleine, l’image de l’Église, qui est par excellence témoin de la résurrection, missionnaire de la Bonne Nouvelle et instrument du Salut, pour nous, ses enfants, la liturgie nous donne rendez-vous ce matin au saint sépulcre.  En célébrant ce mémorial comme l’acte fondateur de notre foi, toute notre existence est transformée radicalement, renouvelée en profondeur au point de devenir en Christ ressuscité, les témoins de celui qui a vaincu la mort.

Oui par sa résurrection, l’Alliance nouvelle et éternelle est inaugurée.
Par sa résurrection, il nous est proposé de devenir les bénéficiaires sans restriction de l’amour de Dieu qui se donne librement à qui le lui demande en vérité.

Un jour nouveau

Ainsi, l’espérance renaît par la foi en ce jour nouveau.

Ne cherchons pas à vouloir comprendre le comment des choses ; mais comme les disciples, entrons dans le mystère pascal qui seul éclaire nos infinis pourquoi et contemplons la vie donnée par amour pour aimer.

Devenir des veilleurs

Aujourd’hui, chercher Jésus parmi les morts n’a plus de sens et fonder nos vies sur l’ouvrage éphémère de nos mains est illusoire ;
aujourd’hui nous sommes recréés pour penser aux réalités d’en haut !

Cela ne signifie pas qu’il faille mépriser les réalités crées… mais il nous est donné de devenir des veilleurs, attentifs aux détails qui jalonnent notre quotidien de façon quasi imperceptible : souvent, ils constituent le rappel que notre histoire est sacrée, et sont pour nous cette pierre roulée ou ces linges pliés qui évoquent combien l’amour de Dieu est délicat, discret, merveilleux.

Pâques en définitive, c’est à la fois apprendre à regarder nos frères et le monde en général avec la même délicatesse qu’investit le Seigneur dans ses relations largement déployées.

Et enfin, osons entrouvrir les tombeaux de nos cœurs et de nos esprits pour que Sa gloire s’établisse et y demeure !

Amen, alleluia


DIMANCHE DE PÂQUES – LA RÉSURRECTION DU SEIGNEUR

Lectures bibliques : Actes 10, 34a.37-43; Psaume 117, 1-2, 16-17, 22-23; Colossiens 3, 1-4; Jean 20, 1-9


 

 

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