Face aux nationalismes, le pape appelle les Etats à la solidarité

Tout en cherchant le bien commun de son peuple, chaque Etat est appelé à penser un «bien commun de l’humanité», a exhorté le pape François devant les participants à l’assemblée plénière de l’Académie pontificale des sciences sociales à la Casina Pio IV au Vatican. Celle-ci se déroule du 1er au 3 mai 2019 et a pour thème ‘Nation, Etat, Nation-Etat’.

L’Etat-Nation ne peut plus être considéré comme une «île» isolée du contexte qui l’entoure, a observé le pontife. En effet, dans le contexte de mondialisation des échanges culturels, économiques ou encore technologiques, «l’Etat n’est plus en mesure de procurer le bien commun» aux populations. Ce bien commun est désormais devenu mondial, selon lui.

Surmonter ce qui divise

Tout en cherchant le bien commun de sa population, chaque Etat est donc appelé à plus de responsabilité, a exhorté le pape. Incombe alors à chaque nation de participer au bien commun de l’humanité. Il ne s’agit pas de tomber dans un «internationalisme générique qui néglige l’identité des peuples», a-t-il précisé mais de penser «une solidarité internationale renouvelée». Le pontife a ainsi encouragé les universitaires à chercher à surmonter ce qui divise les nations et à proposer de nouvelles voies de coopération. Et ce, afin de faire face aux nouveaux défis tels que le changement climatique, les nouvelles formes d’esclavage ou encore le maintien de la paix.

Cette vision coopérative entre les Etats peut, selon le chef de l’Eglise catholique, «faire bouger l’histoire». En relançant ainsi un multilatéralisme opposé à la fois aux nationalismes et à une politique hégémonique, les conflits armés seront davantage évités. De même, en prêtant davantage attention à cette dimension mondiale, l’oppression des superpuissances sur les nations les plus faibles sera moins flagrante.

«Intégrer» les migrants ne veut pas dire les «assimiler»

La manière dont une nation accueille les migrants est révélatrice de sa vision de l’humanité, a également estimé le pontife. La personne migrante reste une opportunité d’enrichir la nation qui l’accueille. Cependant, les migrants ont aussi un devoir: celui de s’intégrer à leur pays d’accueil. «Intégrer» ne veut pas dire «assimiler», mais partager la vie de son nouveau pays «tout en restant soi-même». Les Etats sont donc appelés à protéger les migrants, mais aussi à réguler les flux migratoires avec prudence, a rappelé le successeur de Pierre.

Par ailleurs, le désarmement nucléaire ne soulève plus les consciences politiques des Etats, a déploré le pape argentin. A la saison du désarmement nucléaire, s’est substituée «une nouvelle saison de confrontation nucléaire inquiétante». Les progrès du passé récent ont été annulés, selon lui, par les nouvelles technologies très avancées. L’existence d’armes nucléaires placées notamment dans l’espace exacerbe «le risque d’un holocauste nucléaire», a-t-il mis en garde.

Fondée par Jean Paul II en 1994 et composée de 40 universitaires, l’Académie pontificale des sciences sociales a pour objet de promouvoir en cohérence avec la doctrine de l’Eglise l’étude et l’évolution des sciences sociales, principalement l’économie, la sociologie, le droit et la science politique. Le 27 mars 2019, le professeur italien Stefano Zamagni, 76 ans, en est devenu le nouveau président. (cath.ch/imedia/cg/rz)

Raphaël Zbinden

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