Evangile de dimanche: avec Jésus, pas de sens interdit!

Désolé de vous décevoir. En cliquant sur cet article, vous avez peut-être pensé lire quelques lignes cherchant à légitimer, contre la vieille morale catholique, le fameux slogan de mai 68: «il est interdit d’interdire».

Mais ce n’est pas de cela dont il va s’agir ici. Dire qu’avec Jésus, il n’y a pas de sens interdit, c’est plutôt constater que Jésus utilise tous nos sens pour se faire reconnaître. Spécialement dans l’Evangile de saint Jean, approcher du mystère de la résurrection, c’est garder tous ses sens en éveil. D’ailleurs, tout commence par une histoire de parfum: six jours avant la Pâque, le parfum dont Marie de Béthanie oint Jésus réjouit l’odorat de tous les convives de la maison (Jn 12,3) pour annoncer sa mort.

Puis, au matin de la Résurrection, il est question de voir comme le disciple bien-aimé qui «vit et crut» devant le tombeau vide (Jn 20,8). Une semaine après, Jésus propose à Thomas, menacé par l’incrédulité, de toucher ses mains et son côté (Jn 20,27). A sa troisième manifestation, c’est par un «venez déjeuner» (Jn 21,12) que Jésus propose à ses disciples de goûter la saveur de la résurrection.

Et puis, au cœur de toutes ces apparitions, il y a cette rencontre si émouvante où Marie-Madeleine reconnaît le Ressuscité grâce à cette voix caractéristique qui sonne étrangement familière à ses oreilles (Jn 20,16). Jésus se manifeste par sa voix.

«Nous, disciples de Jésus, nous suivons Jésus parce que nous écoutons d’abord sa voix.»

Cela, le Christ nous le dit déjà dans l’Evangile de ce dimanche: «Mes brebis écoutent ma voix» (Jn 10,27). Ce qui fait que nous sommes sous la houlette de ce bon Berger, c’est notre capacité à reconnaître sa voix. On aurait peut-être été plus à l’aise si Jésus avait dit quelque chose comme: «mes brebis écoutent mes discours».

Pourtant, nous, disciples de Jésus, nous suivons Jésus parce que nous écoutons d’abord sa voix. Certes, nous écoutons cette voix parce que cette voix dit des paroles de vie. Mais nous l’écoutons surtout parce que, au-delà des discours que nous ne comprenons pas toujours, nous trouvons, dans cette voix, l’inflexion familière, la chaleur réconfortante de Celui, qu’au fond, nous connaissons bien; de Celui que, souvent, nous nous surprenons à aimer profondément.

La voix porte la parole et elle signe en même temps la présence d’une parole faite chair, d’une parole que nous avons touchée de nos mains, que nos yeux ont vue. Écouter la voix du Christ c’est recevoir la vérité qu’Il nous enseigne, mais plus encore accepter de cueillir la vibration de tous nos sens pour la Vérité qu’Il est.

N’affadissons pas notre foi. Notre vie chrétienne consiste précisément à croître dans cette sensibilité si particulière qu’ouvre en nous le mystère de Pâques et qui culmine dans l’écoute de la voix de Jésus. Au soir de notre vie, c’est, en effet, cette voix que nous écouterons. Puissions-nous nous préparer à braver toutes les voies sans issues et les sens interdits plantés sur nos chemins pour courir à son appel! Puissions-nous écouter sa voix prononcer notre nom pour nous inviter à partager sa Vie!

Jacques-Benoît Rauscher | Vendredi 10 mai 2019


Jn 10, 27-30

En ce temps-là,
Jésus déclara :
« Mes brebis écoutent ma voix ;
moi, je les connais,
et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle :
jamais elles ne périront,
et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données,
est plus grand que tout,
et personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi,
nous sommes UN. »

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