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Belgique: Devant 30’000 fidèles rassemblés à Koekelberg,
le pape a proclamé bienheureux le Père Damien de Veuster (050695)
Bruxelles, 5juin(APIC/CIP) Au cours d’une messe célébrée dimanche 4 juin
en fin de matinée et en plein air devant la basilique de Koekelberg, le pape Jean Paul II a proclamé bienheureux le Père Damien de Veuster, missionnaire belge mort en 1889 parmi les lépreux auxquels il avait consacré sa
vie à Molokaï, dans l’archipel d’Hawaï.
Quelque 30.000 fidèles ont participé à cette eucharistie, concélébrée
par huit cardinaux, une quarantaine d’évêque et environ 500 prêtres. La cérémonie était précédée d’un spectacle musical et visuel sur le thème « Dieu
ne rejette personne ». Mêlant des évocations scéniques de divers groupes
avec des textes poétiques, le spectacle présentait le personnage du Père
Damien comme concrétisation du message de bonheur apporté par Jésus avant
de suggérer, pour les exclus de la société, une espérance ancrée dans
l’amour de Dieu.
A son arrivée à Koekelberg, le pape, accompagné du cardinal Danneels, a
pris place dans la papamobile pour faire le tour de la basilique et saluer
la foule. Puis il a rejoint la sacristie d’où est parti le long cortège des
cardinaux et des évêques pour la célébration. Aux premiers rangs de l’assemblée avaient pris place le roi Albert II et la reine Paola, ainsi que la
reine Fabiola et les autres membres de la famille royale.
Damien proclamé « bienheureux »
Le rite de la béatification a suivi le chant du Kyrie. Mgr Dilorenzo,
évêque du diocèse de Honolulu, où est mort le Père Damien, a d’abord demandé au pape de proclamer bienheureux l’apôtre des lépreux. Ensuite, les Pères Paul Lejeune et Julien Vendekerkhove, supérieux provinciaux de la Congrégation des Sacrés-Coeurs à laquelle appartenait le Père Damien, ont retracé la vie de ce religieux missionnaire, « martyr de la charité ». Après
quoi, le pape a déclaré solennellement en néerlandais, langue maternelle du
Père Damien, que celui-ci peut être vénéré comme bienheureux. Sa mémoire,
a-t-il précisé, peut être honorée chaque année le 10 mai, date à laquelle
le jeune religieux débarqua sur l’île de Molokaï en 1873.
La déclaration solennelle de Jean-Paul II a été accueillie par une salve
d’applaudissements tandis qu’une tapisserie représentant le nouveau bienheureux était dévoilée près du podium. Des religieux et religieuses de la
Congrégation des Sacrés-Coeurs ont alors apportés en procession un coffre
en bois fabriqué tout spécialement à Hawaï et contenant une relique du Père
Damien. La relique, destinée à la population de l’archipel à laquelle le
missionnaire belge s’est tant identifié, a été présentée au pape, puis déposée jusqu’à la fin de la célébration au pied de la tapisserie. Pendant ce
temps, la chorale, soutenue par les alléluias de la foule, chantait en différentes langues cette parole de l’Evangile: « Il n’est pas de plus grand
amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » .
Le bienheureux Damien étant désormais inscrit au calendrier liturgique,
le culte public en son honneur est autorisé dans l’Eglise. Ce culte se traduira spécialement par la commémoration annuelle du Père Damien au cours de
l’eucharistie du 10 mai. L’autorisation du culte offre aussi la possibilité
d’exposer des images et la relique du Père Damien dans les églises. Le nouveau bienheureux peut même, dans certains cas, être pris comme patron de
personnes ou de communautés. Mais, tant que le bienheureux Damien n’est pas
proclamé saint, son culte n’est pas étendu d’office à l’Eglise universelle.
L’homélie du pape
Dans son homélie pour la fête de la Pentecôte, le pape a d’abord évoqué
le don de l’Esprit-Saint, qui a lancé les apôtres sur le chemin de la « première évangélisation ». Puis, il a invité à rendre grâce à l’Esprit-Saint
pour le Père Damien, qui « a déployé une forme particulière de sainteté au
cours de son ministère; il était à la fois prêtre, religieux et missionnaire. Par cette triple qualité, il a manifesté le visage du Christ, montrant
le chemin du salut, enseignant l’Evangile et étant un inlassable agent de
développement. Il a organisé la vie religieuse, sociale et fraternelle à
Molokaï, île mise alors au ban de la société. Avec lui, chacun avait sa
place, chacun était reconnu et aimé par ses frères ».
Cette célébration, a noté le pape, est un appel à un approfondissement
de la vie spirituelle. « Chacun d’entre vous, a-t-il dit aux fidèles, est
appelé à la sainteté: mettez vos talents au service du Christ, de l’Eglise
et de vos frères ». C’est aussi un appel à la solidarité, dans la certitude
que seuls comptent l’amour et le don de soi. L’appel à « reprendre le flambeau du Père Damien » s’adresse à tous, en particulier aux jeunes ».
Evoquant tous ceux qui sont aujourd’hui encore atteints de la lèpre, ou
frappés de maladies graves et incurables, le pape a insisté: « Tous les hommes ont le droit d’avoir, de la part de leurs frères, une main tendue, une
parole, un regard, une présence patiente et aimante ». Rendant grâce pour
les personnes qui accompagnent les malades, les petits, les êtres faibles
et sans défense, les exclus, le pape a cité ceux qui se dévouent pour la
cause de la vie, pour la sauvegarde des enfants et pour que chaque homme
ait un toit et une place au sein de la société. « Par leur action, ils rappellent l’incomparable dignité de nos frères qui souffrent ».
Jean-Paul II a encore mis en relief la foi exemplaire du Père Damien,
qui a confirmé par l’offrande de sa vie « cette vérité que le Christ est
Seigneur et que Dieu est amour ». Puis il a souligné la variété des dons ou
charismes reçus de l’Esprit de Dieu et donc la multitude des vocations et
des oeuvres qui en découlent pour le bien de toute l’Eglise.
A noter que plusieurs dizaines de manifestants anti-sida ont été bloqués
par la police peu avant le début de la cérémonie. Ceux-ci distribuaient des
tracts sur lesquels on pouvait lire: « Le sida est la lèpre de notre époque ».
Demande d’intercession au Père Damien
Le pape a conclu son homélie en demandant au bienheureux Damien d’intercéder auprès du Christ pour tous les malades pour « qu’ils découvrent que
l’Esprit-Saint vient les visiter et qu’ils obtiennent ainsi la consolation
promise aux affligés ».
Durant l’offrande, différents cadeaux ont été remis au pape de la part
des évêques de Belgique, des lépreux de Hawaï, des habitants de Tremelo,
village natal du nouveau bienheureux, de la Fondation Damien, des habitants
de Malonne, où se trouve le tombeau de saint Mutien-Marie canonisé par Jean
Paul II il y a six ans, enfin de May Claerhout, artiste flamande à qui l’on
doit la statue du Père Damien inaugurée l’an dernier au pied de la basilique de Koekelberg.
L’appel à la paix et l’exemple de Baudouin
Au terme de l’eucharistie, avant de réciter le « Regina Coeli », le pape a
lancé un appel pour que, 50 ans après la seconde guerre mondiale, « se taisent définitivement les armes ». « Que le désir de dialogue, de paix et de
fraternité l’emporte sur la soif de pouvoir et de vengeance » et que tous,
« particulièrement les plus fragiles et les plus démunis, puissent avoir
leur place dans la société ».
Le pape a encore rendu hommage au Roi Baudouin, pour « sa foi inébranlable, pour l’exemple de vie qu’il a laissé à ses compatriotes et à toute
l’Europe », pour « sa force dans la défense des droits de Dieu et des droits
de l’homme, spécialement du droit à la vie de l’enfant à naître ».
Une relique pour Hawaï
Après le « Regina Coeli », la communauté de Tremelo a présenté un court
spectacle. Puis six religieux de la Congrégation Sacrés-Coeurs ont apporté
au pape la relique du Père Damien. A la demande du cardinal Danneels, Jean
Paul II a ensuite remis cette relique à une délégation de Hawaï.
Arrivé la veille de la Pentecôte dans la capitale belge, Jean-Paul II,
peu avant la cérémonie, avait rencontré à la nonciature ses anciens collègues du Collège belge de Rome, puis reçu le Premier ministre Jean-Luc Dehaene. (apic/cip/pr)
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