Procès en appel du cardinal Pell: l'accusation dans l'embarras

Le procès en appel du cardinal australien George Pell pour agressions sexuelles sur mineurs s’est déroulé les 5 et 6 juin 2019. Après que l’ancien ‘numéro 3′ du Vatican a été condamné en première instance à six ans de prison, la presse relate l’embarras de l’accusation face à certains arguments de la défense.

Mgr George Pell a été reconnu coupable en décembre 2018 de cinq chefs d’accusation. Il aurait notamment imposé une fellation à un enfant de chœur de 13 ans, dans la cathédrale St-Patrick de Melbourne, en 1996. Il se serait ensuite masturbé en se frottant contre un autre. Les faits se seraient déroulés juste après la messe. En février 1997, il aurait à nouveau agressé l’un des deux adolescents, en le poussant contre un mur et en lui empoignant les parties génitales.

Des deux victimes, une seule a témoigné des présumés abus. L’autre est décédée d’une overdose en 2014, sans avoir jamais évoqué les agressions.

Des alibis?

L’accusation a conservé, lors du procès en appel, comme principal argument la crédibilité du témoin, qui a maintenu sa version des faits, malgré plusieurs contre-interrogatoires serrés.

La défense a tenté, de son côté, de relever des incohérences dans le récit de l’accusation. Les juges ont interrogé le procureur Christopher Boyce sur des points encore flous du dossier. Ce dernier avait, le premier jour du procès en appel, assuré que la condamnation du cardinal était «incontestable».

Le journal britannique The Guardian note cependant qu’au second jour, l’avocat a eu «des difficultés à répondre» aux juges. L’un des points concernait le fait que la victime encore vivante n’ait jamais parlé à l’autre enfant de chœur de la seconde agression subie en 1997. Un élément que les juges ont qualifié «d’étrange». Christopher Boyce a expliqué que la victime craignait d’en parler à quiconque pour ne pas compromettre sa bourse d’études au collège.

Les avocats de la défense ont mis en avant le fait que les accusations ne provenaient que d’une seule personne. Ils ont également fait valoir qu’il était «hautement improbable» qu’une personne de la taille du cardinal Pell n’ait pas été vu en train d’approcher deux enfants de chœur. Le fait que les agressions se soient déroulées dans la sacristie, alors que l’église était encore pleine de monde, donc de témoins potentiels, a également été relevé. Selon Bret Walker, chef de l’équipe de défense du prélat, George Pell dispose en outre d’alibis concernant l’incident de la cathédrale. Il aurait été au même moment en train de bavarder avec un groupe de fidèles près d’une des portes de l’édifice.

Le cardinal en meilleure forme

Finalement l’avocat de la défense a rejeté l’allégation de Christopher Boyce selon laquelle le verdict de décembre 2018 était «incontestable». Il a au contraire mentionné «13 obstacles solides sur le chemin de la condamnation».

The Guardian note également que le cardinal semblait plus en forme que lors de son premier procès. Il ne baissait plus la tête, semblait plus engagé, prenant notamment des notes et regardant avec insistance les magistrats.

La Cour suprême de l’Etat de Victoria pourrait se prononcer dans quelques jours ou remettre sa décision à plus tard. cette dernière pourra encore faire l’objet d’un pourvoi devant la Cour suprême d’Australie. (cath.ch/guardian/ag/rz)

Raphaël Zbinden

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