L’Esprit-Saint: des questions et un constat

«Le Père: Il a tout créé… le Fils: Il s’est fait homme et nous a parlé; Il est mort et ressuscité… mais alors l’Esprit ? Je ne sais pas trop quoi en dire…»

Le désarroi de ce fidèle chrétien auquel on demandait de parler des trois Personnes de la Trinité n’est pas un cas isolé. Peut-être nous est-il arrivé de le partager. En effet, quand les chrétiens baptisent, ils le font au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit; quand ils prient, ils invoquent ces trois Personnes, ne serait-ce qu’en traçant sur eux le signe de la croix. Pourtant, il ne leur est pas si évident de parler de cette troisième Personne – celle de l’Esprit – si souvent invoquée.

Il y a là un paradoxe dans notre rapport à l’Esprit-Saint: Il est à la fois omniprésent dans notre vie de croyant et il nous est difficile d’en dire quelque chose précisément. Cette tension est-elle seulement le symptôme de notre manque de formation catéchétique voire théologique?

Si tel était le cas, on pourrait attendre du récit de la Pentecôte que rapporte le livre des Actes des Apôtres qu’il fournisse une réponse claire à ce paradoxe. Pourtant, il n’en est rien: ce texte semble même accroître encore un peu plus cette tension. En effet, les témoins de la venue de l’Esprit se caractérisent, eux aussi, par deux attitudes pas si éloignées que celles qu’il nous arrive d’adopter: des questions et un constat.

«L’Esprit met l’homme face au mystère de Dieu qui impose d’abord silence et interrogation»

Quand ils entendent parler les Apôtres, sur lesquels l’Esprit vient de descendre, ce sont d’abord des questions qui surgissent chez leurs auditeurs: «ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle?» (Ac 2,7-8). La venue de l’Esprit commence donc par susciter d’abord des questions.

Elle est avant tout caractérisée par le fait que l’homme qui l’approche est dépassé, de part en part, par quelque chose de plus grand que lui; par quelque chose qui suscite en lui le questionnement parce qu’il peine à dire avec des affirmations englobantes ce dont il est témoin. L’Esprit met l’homme face au mystère de Dieu qui impose d’abord silence et interrogation.

Mais, très vite après les questions, surgit un constat: «tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu» (Ac 2,11). On aurait aimé savoir quelles merveilles spécifiques sont proclamées par les Apôtres qui viennent d’être visités par l’Esprit. Pourtant, ce qui retient d’abord l’attention des témoins de la scène n’est pas le contenu précis de leur prédication. C’est plutôt le fait que ces paroles prononcées sont bonnes, merveilleuses, et qu’ils les entendent dans leur propre langue. Ce qui les marque c’est donc l’expérience d’une bonté qui se fait proche d’eux, d’une bonté qui les rejoint jusqu’à l’intime de leur vie et de leur histoire.

Loin d’être seulement une incapacité à rendre compte de notre foi en la troisième Personne de la Trinité, la difficulté que nous éprouvons à parler de l’Esprit vient aussi de ces caractéristiques apparemment contradictoires que relèvent les témoins de la Pentecôte. Immensité et intimité. Questions brûlantes et paisible amour. Ces caractéristiques sont la marque de la venue de l’Esprit. Or c’est dans cette tension initiée par l’Esprit que le temps de l’Eglise se situe.

C’est pour cela que l’Esprit nous fait avancer, fait avancer l’Eglise. Alors, même s’il est toujours bon d’approfondir nos connaissances, sachons nous laisser questionner par l’Esprit et sachons en même temps trouver le repos en Lui. Ainsi nous ferons bonne route sur le chemin de l’Eglise qui s’ouvre devant nous à chaque Pentecôte! Bonne fête à tous, avec questionnement et pleine assurance!

Jacques-Benoît Rauscher | Vendredi 7 juin 2019


Ac 2, 1-11

Quand arriva le jour de la Pentecôte,
au terme des cinquante jours après Pâques,
ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain un bruit survint du ciel
comme un violent coup de vent :
la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.
Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu,
qui se partageaient,
et il s’en posa une sur chacun d’eux.
Tous furent remplis d’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d’autres langues,
et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, résidant à Jérusalem,
des Juifs religieux,
venant de toutes les nations sous le ciel.
Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait,
ils se rassemblèrent en foule.
Ils étaient en pleine confusion
parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte
ceux qui parlaient.
Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient :
« Ces gens qui parlent
ne sont-ils pas tous Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende
dans son propre dialecte, sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites,
habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce,
de la province du Pont et de celle d’Asie,
de la Phrygie et de la Pamphylie,
de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène,
Romains de passage,
Juifs de naissance et convertis,
Crétois et Arabes,
tous nous les entendons
parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

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