Sénégal: le pèlerinage de Popenguine unit les confessions

A l’occasion du pèlerinage marial de Popenguine, le ministre sénégalais de l’Intérieur, Aly Ngouille ndiaye, en charge des cultes, a exalté «à sa juste valeur, la cohabitation pacifique et légendaire» entre les confessions, musulmane, chrétienne, et animiste dans le pays.

Il conduisait une forte délégation gouvernementale au traditionnel pèlerinage marial de Popenguine, au sud de Dakar, dont c’était la 131e édition. L’événement a lieu chaque année lors de la Pentecôte.

Le pèlerinage est l’événement religieux chrétien le plus important du Sénégal, depuis 1888. Il draine chaque année des fidèles du pays et des voisins: Gambie, Guinée-Bissau, Cap-Vert, Mauritanie. Il a lieu au sanctuaire marial de Popenguine.

Plus de 10’000 chrétiens et musulmans ont assisté à cet événement religieux, dont des imams de mosquées, des représentants de familles de marabouts, et des chefs coutumiers, tous musulmans.

Un lieu «ordinaire et extraordinaire»

Le lieu est un sanctuaire dédié à Marie pour «la remercier de sa protection». En 1992, il a reçu le pape Jean Paul II, lors de sa visite officielle au Sénégal. Selon le site de l’archidiocèse de Dakar, dont dépendent les lieux, l’histoire de ce sanctuaire est à la fois «ordinaire et extraordinaire. Il n’y a pas eu de grandes apparitions, ni de grands miracles» qui fassent accourir les foules en quête de sensation. «Il y a simplement une belle histoire d’amour entre non seulement les chrétiens du Sénégal, mais bien tous les sénégalais et Marie».

Ce pèlerinage a été institué en 1888 par un missionnaire français, Mgr Mathurin Picarda, vicaire de la Sénégambie, et fondateur du sanctuaire, dont il a fait une copie de celui de Notre de la Délivrande de Bayeux, en France.

Après des débuts «très encourageants», il y a eu des circonstances «malheureuses», telle que les deux guerres mondiales, des épidémies de fièvre jaune, qui ont entrainé la suspension des activités du sanctuaire et le départ de missionnaires. Depuis, des pèlerinages réguliers ont été organisés chaque année à Popenguine. C’est seulement en 1965, qu’à débuté le pèlerinage marial dans sa forme actuelle.

Pour le ministre de l’intérieur, le pèlerinage de Popenguine, constitue, au-delà de sa dimension spirituelle, un cadre de dialogue qui contribue en permanence à l’effort national de construction de l’Etat-nation. «La ferveur religieuse que nous avons trouvée ici, nous rassure car, elle révèle tout le sens de ce rassemblement qui est un retour ou un attachement plus fort aux valeurs fondamentales qui ont toujours guidé et continueront de guider la marche de l’Eglise sénégalaise», a-t-il souligné, dans son discours.

Souffrance de la société sénégalaise

Auparavant, Mgr Ernest Sambou, évêque de Saint-Louis, au nord du Sénégal, qui présidait la messe, a déploré «la souffrance» dans la société sénégalaise, évoquant à ce sujet, les cas de malades, des personnes âgées, des familles pauvres, des épouses, des élèves.

Pour Mgr Sambou, les personnes âgées «sans assistance effective et sans entourage affectif», celles qui ont perdu «rapidement ou brutalement un être cher», celles qui mangent une fois par jour ou ne mangent pas à leur faim et qui n’ont presque rien à manger, les chômeurs sans espoir parfois de trouver du travail souffrent.

Comme eux, les épouses qui peinent toutes seules à nourrir leurs familles comme si leur mari n’était plus là, les démunis qui n’ont rien pour vivre, les jeunes qui émigrent, les étudiants qui travaillent dans un climat trouble. «Cette situation est insupportable, et inquiétante pour l’avenir de notre pays », a-t-il souligné, tout en appelant à «un sursaut national». (cath.ch/ibc/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/senegal-le-pelerinage-de-popenguine-unit-les-confessions/