Genève: le Synode de l’Eglise catholique-chrétienne face à des défis existentiels

Le 151ème Synode national de l’Eglise catholique-chrétienne de la Suisse, qui fait face à des défis existentiels, se tiendra les 14 et 15 juin 2019 dans la ville genevoise de Lancy. Il traitera notamment de l’ouverture de la bénédiction du mariage pour les couples de même sexe dans le domaine du droit civil et dans la pratique ecclésiastique.

Le Synode sera reçu par la paroisse catholique chrétienne de Lancy, où se trouve l’église catholique chrétienne de la Trinité. La communauté locale est forte d’environ 150 familles et pratique l’œcuménisme de façon décidée. L’église de la Trinité accueille dans ses murs les 1er et 3e dimanches du mois les orthodoxes roumains de la paroisse Saint-Jean-Baptiste.

L’Atelier de l’avenir

La messe solennelle d›ouverture de cette session débutera à l’église catholique romaine de Notre-Dame des Grâces, suivie des travaux à la Salle communale du Grand-Lancy. A cette occasion sera présentée la suite de l’Atelier de l’avenir qui a eu lieu l’an dernier. Sous le titre «Renforcer les profils – Gagner en liberté», différents groupes de travail seront lancés.

Dans sa lettre pastorale pour le temps de carême 2019, Mgr Harald Rein, évêque de l’Eglise catholique chrétienne de Suisse, se disait fermement convaincu que dans 50 ans il y aura encore des paroisses catholiques-chrétiennes en Suisse. «Mais notre épiscopat, certaines paroisses et l’Institut de théologie catholique-chrétienne de l’Université de Berne ne tarderont pas à se trouver à bout de souffle si nous ne croissons pas ni ne parvenons à rassembler nos forces sur le plan structurel et financier. Telle est la conclusion à laquelle est parvenu notre Atelier de l’avenir«.

Des institutions «à bout de souffle»

«Dans l’environnement culturel qui est actuellement le nôtre, poursuit Mgr Harald Rein, nous sommes confrontés à une triple crise, que le cardinal suisse Kurt Koch caractérise par trois expressions: manque de foi, manque de fidèles et manque d’ecclésiastiques. Cette crise constitue un défi considérable pour nos laïcs engagés et pour les ecclésiastiques que nous employons».

C’est pourquoi, insiste l’évêque catholique chrétien de Suisse, il s’agit de se soucier davantage les uns des autres. «Il y a une limite à ce que les humains peuvent supporter. (…) Il est difficile de travailler dans une perspective d’avenir tout en discutant constamment de ressources financières, de fusions de paroisses, de diminution des postes et de restriction des tâches».

Les gens attendent des Eglises qu’elles les aident à résoudre les problèmes qui les préoccupent. De nos jours, ceux-ci concernent la sécurité de l’emploi, la santé et les relations (famille, mariage et autres modèles d’existence). A cela s’ajoute l’incertitude face à l’avenir des assurances sociales, le souci de l’environnement, et bien d’autres facteurs encore, relève Mgr Harald Rein. «Il ne s’agit pas pour les Eglises de remplacer la politique ni de mettre leurs membres sous tutelle, mais de formuler, sur la base de la foi chrétienne, des prises de position qui aident les humains à vivre et contribuent à leur inspirer une attitude chrétienne».

 

Les changements qui marquent une époque s’opèrent souvent si lentement qu’on a facilement tendance à ne pas les remarquer ou à les ignorer – et tout à coup, ils se manifestent à grand bruit et avec une telle force qu’on ne voit plus rien d’autre, affirme le chef de l’Eglise catholique chrétienne de Suisse. «C’est ce qui se passe dans notre Eglise. Bien que dans tout le pays le nombre de nos membres ait passé de 75’000 à 12’000 entre 1874 et 2019, nos structures sont demeurées pratiquement inchangées jusqu’à la fin de l’épiscopat de Hans Gerny, en 2001, notamment en ce qui concerne le nombre de nos paroisses et notre place au sein de l’Université de Berne».

Une Eglise qui vit au-dessus de ses moyens

En fait, le nombre des ecclésiastiques et des postes rémunérés au sein de l’Eglise avait même augmenté, en particulier du fait de l’introduction du diaconat permanent aux côtés de la charge de curé. «C’est seulement avec l’entrée en fonctions de l’évêque Fritz-René Müller, puis de moi-même, qu’il est apparu clairement que nous vivions au-dessus de nos moyens et qu’il fallait de toute urgence introduire des réformes. Entre-temps bien des choses sont apparues clairement, une volonté de réforme s’est manifestée et a porté quelques fruits, mais pourtant nous ne progressons guère. Nous avançons lentement, et cette lenteur recèle un risque. Ce qui manque à notre Eglise, ce ne sont pas les idées, mais leur mise en œuvre».

«Notre statut de troisième Eglise nationale exige que nous consacrions toujours davantage de ressources aux prises de position, aux procédures de consultation et à la participation aux instances gouvernementales, œcuméniques et interreligieuses. Sur le plan interne également, les exigences qualitatives et quantitatives à l’égard des postes concernant l’ensemble de l’Eglise augmentent, et dans cette perspective, les redevances versées à l’épiscopat par les paroisses devraient être augmentées et non pas diminuées. En maint endroit, le nombre des fidèles rassemblés chaque dimanche n’atteint plus la masse critique. En outre, les dépenses de nombreuses paroisses ne peuvent plus être couvertes par l’impôt ecclésiastique et les contributions volontaires des fidèles (…) Tout ce qui existe est éphémère, et il faut savoir lâcher prise de manière constructive: tout est relatif, chaque individu peut être remplacé, seul Dieu est éternel».

Rien ne pourra arrêter la disparition de «l’église au milieu du village»

L’Eglise de l’avenir ne sera plus populaire ni nationale, mais se composera uniquement de membres convaincus et convaincants, assure l’évêque, qui voit bien que l’Eglise et l’Etat ne cessent de prendre toujours plus leurs distances l’une envers l’autre. Mais pour lui, le pouvoir et l’influence de l’Eglise reposent sur la bonne nouvelle chrétienne qu’elle proclame.

«Au sein de la société, elle constitue une ‘minorité productive’, un contraste bienfaisant avec la société et non pas un reflet de celle-ci. Dans une phase transitoire, la majorité de ses membres continuera à garder ses distances, laissant au noyau actif de la communauté le soin de concevoir l’avenir, ce qui, du même coup, se traduira par des obstacles et de conflits. (..) Toutefois, le mandat d’une Eglise ne consiste pas à prendre les personnes en charge, mais à faire d’elles des disciples, qui vivent et transmettent le message du Christ.  Dans un monde sécularisé, les Eglises peuvent constituer des oasis, des refuges et des sources d’approvisionnement, et c’est ainsi qu’elles souhaitent être vues».

En plus d’une élection du bureau du Synode national, ainsi que celle d’un nouveau membre du Conseil synodal, aura la présentation des livres de liturgie en français pour approbation. Un autre point important est la consultation relative au nouveau règlement concernant l›appartenance au clergé de l’Eglise catholique-chrétienne de la Suisse et l’admission à des actes ecclésiastiques. Le nouveau règlement est devenu nécessaire parce que l’ancienne procédure ne peut plus être maintenue en raison de la séparation grandissante entre l’Eglise et l’Etat dans le canton de Berne. (cath.ch/com./be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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