Abus sexuels en Eglise: 22 victimes reçues par la CECAR en 2018

22 victimes d’agressions sexuelles dans le cadre de l’Eglise catholique suisse ont été reçues par la CECAR en 2018. La Commission d’accompagnement et d’indemnisation des cas prescrits plaide pour une «indemnisation forfaitaire unique à chaque personne victime».

En 2018, 22 requêtes relatives à des faits d’abus sexuels prescrits commis sur des mineurs par des agents pastoraux d’un diocèse suisse, par un membre d’une congrégation ou d’un ordre religieux catholique établi en Suisse ont été traités par la CECAR.

6 dossiers ont été clôturés, 15 sont en cours de traitement et 1 n’est pas recevable, indique la Commission d’Ecoute, de Conciliation, d’Arbitrage et de Réparation dans un communiqué de presse transmis le 18 juin 2019.

Durant l’année 2018, 14 personnes ont reçu une indemnisation financière pour un montant total de 185’000 francs, fourni par l’Eglise. Pour l’heure, l’indemnisation est liée à la gravité des actes. Or, la CECAR atteste de la difficulté «d’évaluer les faits subis». Raison pour laquelle, elle propose une indemnisation forfaitaire unique de 15’000 francs, «ce qui permettrait à nos comités de se concentrer sur l’accompagnement et le suivi des demandes et des attentes des personnes victimes», assure Sylvie Perrinjaquet, présidente de la CECAR. Si la Conférence des évêques suisses accepte d’entrer en matière, la Conférence centrale catholique romaine (RKZ) et les congrégations religieuses s’y opposent, indiquent la CECAR.

Egalité de traitement

Une opposition fondée notamment sur la nécessité de se conformer au droit étatique et son principe «d’égalité de traitement», assure la RKZ. Dans un courrier adressé à Mgr Morerod daté du 2 novembre 2018 elle rappelle à ce sujet: le droit étatique prévoit dans «le cas d’abus non prescrits, que la fixation des réparations allouées doit tenir compte non seulement de ce qu’a vécu subjectivement la victime, mais encore de la gravité des actes commis.»

Sylvie Perrinjaquet atteste de l’écho négatif de cette prise de position auprès de certaines victimes. «Des échelles d’indemnisation renforcent le sentiment que l’Eglise n’assume pas totalement sa responsabilité.» L’ancienne conseillère nationale (PLR/NE) souligne également l’enjeu ecclésial de la question. «L’Eglise en Suisse tient là une magnifique occasion de ‘redorer son blason’, poursuit-elle, et d’offrir un modèle d’accompagnement qui pourrait dépasser les frontières nationales. La CECAR offre aux personnes qui ne veulent plus pousser la porte d’une église la possibilité d’être accueillies, accompagnées et indemnisées. Elle ne s’inscrit non pas comme une concurrente des instantes diocésaines chargées d’accompagner des victimes qui n’ont pas rompu avec l’Eglise, mais en complément.»

Réconciliation et apaisement

Le lien entre la CECAR et l’Eglise doit encore être clarifié. Ce qui n’a pas empêché la Commission d’offrir aux victimes 70 heures d’écoute et d’entretien en 2018. L’occasion pour les victimes de déposer leur fardeau voire, pour certaines, de rencontrer leur abuseur ou d’être reçu par un représentant de l’Eglise ou de la congrégation religieuse concernée.

L’an passé, selon la demande d’une personne, une plaque commémorative a été posée. Une autre victime a pu rencontrer un Conseiller d’Etat qui a reconnu la responsabilité des autorités de l’époque. Autant de geste réparateurs qui constituent un chemin de réconciliation et d’apaisement, principale mission de la CECAR et des commissions d’indemnisation diocésaines. (cath.ch/com/pp)

Pierre Pistoletti

Portail catholique suisse

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