La Cour suprême décide du maintien de La Croix de la paix de Bladensburg

La Cour suprême des Etats-Unis a décrété, le 20 juin 2019, que le maintien de la Croix de la paix érigée au mémorial de Bladensburg, dans l’Etat du Maryland, ne violait pas la Constitution américaine. Le sort de cette croix monumentale, contestée depuis plusieurs années par les associations laïques, avait rallumé la querelle sur les liens entre l’Etat américain et la religion.

Le monument de Bladensburg a été installé en 1925, non loin de Washington, en l’honneur des soldats locaux tués pendant la Première Guerre mondiale. En son centre trône une imposante croix. Mais selon l’American Humanist Association (AHA) cette situation constitue une imbrication inacceptable entre l’Etat et une religion. Elle reprochait à la croix de se situer sur un terrain public et d’être entretenue sur des fonds publics. La Constitution américaine interdit en effet à l’Etat de favoriser une religion quelconque.

Un symbolisme religieux manifeste

La Cour suprême a ainsi infirmé une décision de l’instance inférieure qui avait conclu que le monument était anticonstitutionnel en raison de son symbolisme religieux manifeste et avait ordonné sa démolition ou son déplacement.

Les juges de la Cour suprême, à sept contre deux, ont considéré que des symboles religieux principalement utilisés à des fins commémoratives ou cérémonielles de longue date peuvent bénéficier d’une présomption de constitutionnalité. Depuis 1925, la croix de Bladensburg est devenue un lieu de recueillement pour les descendants des soldats morts et un site de commémoration pour les anciens combattants.

Le retrait d’un monument ancien comme la Croix de la paix ne peut pas être neutre, surtout pour la communauté locale pour laquelle il a un sens particulier. Pour la Cour, un gouvernement démolissant des monuments avec un symbolisme religieux et effaçant toute référence au divin, apparaîtra pour beaucoup comme agressif et hostile à la religion. Les juges rappellent que les régimes athées qui, par le passé, ont détruit des monuments religieux n’ont pas pu en effacer l’image comme un signe de division.

La Cour suprême fait également référence à l’incendie de Notre-Dame de Paris. «Bien que les Français soient très attachés à la laïcité, la cathédrale reste un symbole d’importance nationale pour les croyants et les non croyants», estime-t-elle. «Pour beaucoup, elle est intrinsèquement liée à l’idée même de Paris et de la France.»

Une décision de bon sens

«La Cour suprême a reconnu à juste titre que les symboles religieux sont un élément important de l’histoire et de la culture de notre pays «, a déclaré Luke Goodrich, vice-président et avocat principal du Becket Fund for Religious Liberty.

Andrea Piccotti-Bayer, conseillère juridique de l’Association catholique, un organisme voué à la défense de la liberté religieuse et de la présence de l’Église sur la place publique, a félicité la Cour suprême pour son " bon sens et sa clarté «

De son côté, l’AHA a promis que son équipe juridique continuerait à agir pour diminuer la portée de cette décision dans les tribunaux du pays. (cath.ch/cna/mp)

Maurice Page

Portail catholique suisse

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