Le pape invite les Allemands à retrouver la force de l'Evangile

Ce n’est qu’en retrouvant «la force vitale et évangélique» que la communauté catholique en Allemagne pourra enrayer son déclin, affirme le pape François le 29 juin 2019 dans une ›lettre au peuple de Dieu qui chemine en Allemagne». Il les invite ainsi à ne pas se limiter à des réformes structurelles, mais à trouver la force d’évangéliser grâce au sensus Ecclesiae.

Cette lettre, explique le pontife, veut partager la «préoccupation» des fidèles allemands face au futur de leur communauté. Déjà en forte baisse depuis plusieurs années, le nombre de catholiques allemands – actuellement 28% de la population – devrait encore être divisé par deux d’ici 2060 selon une étude récente. Pour le successeur de Pierre, il est «douloureux» de constater cette «croissante érosion» et cette «décadence» de la foi. S’il n’existe pas de réponse rapide à ce résultat, il n’en convient pas moins de le traiter avec soin.

Selon le chef de l’Eglise catholique, l’épiscopat allemand réfléchit à un «chemin synodal», dont les modalités sont encore à l’étude. Il s’agira donc de «marcher ensemble et avec toute l’Eglise» sous la conduite de l’Esprit, même quand existent des désaccords, ce qui demande patience et humilité. Bien plus que le recherche des résultats immédiats mais «éphémères», encourage le pontife, ce chemin pourra permettre une «saine mise à jour».

La grande «satisfaction spirituelle» de l’évangélisation

Pour cela, exhorte-t-il, il n’est pas possible de rester dans la passivité mais il est au contraire nécessaire d’aller au contact de ce qui est «nécrosé» et a besoin d’être évangélisé. Il est nécessaire d’avoir du «courage» car la communauté catholique d’Allemagne a besoin de bien plus qu’un changement structurel. Le futur ne viendra pas de réformes «purement structurelles, organiques ou bureaucratiques», insiste le successeur de Pierre. Ce n’est pas un «ordre nouveau ou ancien» qui permettra de retrouver la «force vitale et évangélique».

Si ces considérations sont importantes, il faut donc les étudier à l’aune de «l’être croyant». La transformation ne doit donc pas seulement être une réaction à des données extérieures, mais être une exigence qui «naît de notre être croyants et de la dynamique évangélisatrice de l’Eglise». Pour le pape, c’est bien «l’évangélisation» le maître mot de ce chemin. Il ne s’agit pas d’une «tactique de re-positionnement ecclésial» mais bien d’un chemin de »réponse et conversion» à l’amour de Dieu. Une tel attitude, assure-t-il, fait naître une grande «satisfaction spirituelle».

La préoccupation principale du chemin synodal en Allemagne doit donc d’être de trouver comment partager la joie de la Bonne Nouvelle avec toutes les réalités. En effet, la Passion du Seigneur peut «démasquer» tous les «esclavages» qui blessent l’homme, notamment lorsque comme actuellement reviennent des «discours xénophobes» et la promotion d’une «culture basée sur l’indifférence, l’enfermement, ainsi que sur l’individualisme et l’expulsion». L’Eglise doit savoir lire les «signes des temps» pour être toujours plus fidèles à l’annonce évangélique, demande l’évêque de Rome.

Garder l’unité

Par ailleurs, poursuit-il, la synodalité exige le sensus Ecclesiae – le ›sens de l’Eglise’. Il s’agit de «vivre et sentir avec l’Eglise et en l’Eglise (…) de souffrir avec l’Eglise et en l’Eglise». Si les communautés des différents pays agissent comme si elles étaient séparées du reste de l’Eglise, elles «s’affaiblissent, dépérissent et meurent». Il est donc nécessaire de maintenir la communion, d’autant plus que le sensus Ecclesiae donne un «horizon ample». En effet, il manifeste le «visage pluriforme» de l’Eglise, tant temporel que géographique, où puiser des réponses, à la source de la «plus vive et pleine Tradition». Enfin, le sensus Ecclesiae permet de se libérer des «particularismes» et des «tendances idéologiques».

Vigilance et conversion

Pour le successeur de Pierre, peut également exister la tentation de «réduire» le peuple de Dieu à un «groupe éclairé» qui seul permettrait de donner à voir la sainteté. Il est au contraire nécessaire de voir la sainteté quotidienne de tout le peuple de Dieu, car c’est elle qui protège l’Eglise de toute «réduction idéologique scientifique et manipulatrice». Ainsi, même face aux désaccords, il faut résister au «père du mensonge et de la division» qui veut fragmenter le peuple des croyants.

Ce chemin synodal, termine le pape, nécessite un était de «vigilance et conversion» que seul le Seigneur peut donner. Il faut donc demander la conversion, qui libère des «protagonismes faux et stériles», de la tentation de «l’auto-justification et de l’auto-préservation». «Je veux marcher à vos côtés avec la certitude que si le Seigneur nous considère dignes de vivre cette heure, Il ne le fait pour nous faire honte ou nous paralyser face aux défis, mais pour laisser une fois de plus sa Parole revenir nous provoquer et brûler notre cœur», conclut le pontife avec espérance.  (cath.ch/imedia/xln/mp)

Maurice Page

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