L'UDC et l'écologie: rétropédalage dans le fossé?

«C’est l’été et c’est normal qu’il fasse chaud!», a lancé Albert Rösti, président de l’UDC Suisse, devant les délégués du parti, réunis le 29 juin 2019 sous la canicule, à Orbe (VD). Une phrase qui ne figurera peut-être pas au rang des grandes déclarations politiques, mais qui reflète bien la ligne de la formation dans le dossier environnemental.

Cette position fait suite aux récents revers électoraux enregistrés par le parti agrarien, notamment à Zurich, l’un de ses bastions historiques. En mars, le parti d’Albert Rösti y a perdu des plumes, notamment face aux Verts.

Des événements qui ont certainement agendé de nombreux «brainstormings» chez les stratèges de l’UDC, pour savoir comment «rattraper le coup». Cela semble avoir débouché sur une stratégie à deux volets: le déni et la recherche de boucs émissaires, en la personne (certains l’auront deviné) de la gauche et de l’immigration. Dans un texte daté du 13 juin, en bonne place sur le site internet du parti, Albert Rösti admet que «les changements climatiques inquiètent de nombreuses personnes. C’est compréhensible». «Ce qui l’est moins, poursuit, il, c’est que les idéologues de la gauche et des verts abusent sans aucune gêne de cette situation pour tenter d’imposer leurs recettes inefficaces […] ce sont exactement les mêmes milieux […] qui sont également pour la libre immigration […]C’est leur politique qui provoque l’augmentation de la consommation d’énergie, le bétonnage des paysages, une consommation sans borne.»

«Difficile au final de savoir s’il y a ou pas un problème avec l’environnement»

Pour ce qui est du déni, le parti agrarien a investi des moyens plutôt limités. Outre l’envoi au front du Valaisan Oskar Freysinger, qui déclarait récemment que «l’angoisse climatique est une invention des médias», l’UDC présente sur son site un dossier de quatre pages sobrement intitulé «Environnement». Un document sans doute censé donner une réponse décisive au rapport alarmiste du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), composé d’une centaine d’experts de renommée mondiale. Le dossier rassure heureusement tout le monde en constatant que: «Nos sols et nos cours d’eau sont en excellent état. Les émissions et substances nocives baissent depuis des décennies. Une nature superbe est un des grands atouts de la Suisse».

Difficile au final de savoir s’il y a ou pas un problème avec l’environnement et ce qu’il convient de faire.

Il apparaît plutôt que l’UDC s’essaye à un rétropédalage «contrôlé» sur deux axes: d’une part ne pas avoir l’air de se moquer comme d’une guigne de l’environnement (comme elle l’a toujours fait) et d’autre part ne pas perdre la face en admettant avoir fait fausse route.

Pas sûr que les Suisses se laissent convaincre par ces manœuvres hasardeuses aux prochaines élections d’octobre. Et lorsqu’on hésite sur la direction à suivre, l’on a de grandes chances de terminer dans le bas côté.

Raphaël Zbinden

3 juillet 2019

Portail catholique suisse

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