Evangile de dimanche: Prier pour les vocations? Lesquelles ? Comment?

«Priez le maître de la moisson…» En entendant cette parole de l’Evangile, on peut facilement se livrer à une complainte sur le nombre peu important de prêtres, hocher la tête pour se lamenter et conclure nos discours larmoyants en demandant de prier pour les vocations. Or, le moins que l’on puisse dire, c’est que, dans nos contrées en tous les cas, cette prière ne semble pas exaucée.

D’années en années, les vocations s’érodent dramatiquement. Jésus nous demanderait de prier pour les vocations, mais il ne nous écouterait pas! Bien sûr, la prière n’est pas magique. Bien sûr, Dieu respecte la liberté humaine et peut appeler des personnes qui refusent de lui répondre. Mais si notre prière pour les vocations était aussi mal formulée?… l’Evangile de ce dimanche nous invite à prendre cette dernière hypothèse au sérieux. Que veut donc dire «prier le maître de la moisson»?

Tout d’abord, il est un peu facile d’imaginer que les «ouvriers de la moisson» ce sont les autres. Nous nous contenterions de prier pour que Dieu les appelle, sans nous sentir concernés par cet appel.  Cela vient sans doute du fait que nous associons trop vite «ouvriers pour la moisson» et prêtres ou personnes ayant une mission dans l’Eglise. En ce sens, il faudrait prier pour remplir un organigramme.

«Il est un peu facile d’imaginer que les ‘ouvriers de la moisson’ ce sont les autres.»

Quand on atteindrait un certain quota pour remplir les besoins de la mission, l’Evangile de ce dimanche serait donc périmé. A partir d’un certain stade, on n’aurait plus besoin de prier le «maître de la moisson». Pourtant, aucune parole de l’Evangile ne connaît de date de péremption. «Prier le maître de la moisson», il faut toujours le faire et il faudra toujours le faire! Dans tous les contextes et sous toutes les latitudes.

En effet, la moisson est toujours plus abondante que le nombre d’ouvriers prêts à la récolter. En ce sens, nous sommes tous, par notre baptême, appelés à cette mission: appelés à prier et appelés à moissonner. «Prier le maître de la moisson», c’est reconnaître que notre vocation chrétienne, notre vocation de baptisés est quelque chose de grand, quelque chose qui nous dépasse parce que Dieu fait lever son soleil dans le cœur de tous les hommes!

Ensuite, ce qu’il faut regarder, d’après Jésus, c’est ce que Dieu a déjà fait germer et que nous sommes appelés à récolter: «la moisson est abondante». Jésus nous demande ici de nous concentrer sur la fin plus que sur les moyens. Et il s’applique même à rompre le cou à une logique qui se focaliserait sur les moyens à mettre en œuvre: «Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales…». Concrètement ce qu’il convient de regarder ce ne sont pas d’abord les manques dont souffrent nos organisations paroissiales, communautaires, diocésaines pour continuer à fonctionner comme elles le font depuis des années, voire des siècles.

«Jésus nous demande ici de nous concentrer sur la fin plus que sur les moyens.»

Notre regard doit se porter sur ces lieux marqués par l’attente de l’Evangile et nous mettre en mouvement. Une prière qui ne nous met pas en mouvement, qui ne nous appauvrit pas est une prière inauthentique, que Dieu n’habite pas. En quoi notre prière pour les vocations s’intéresse-t-elle vraiment à la fin plus qu’aux moyens? En quoi nous appauvrit-elle? Ne prions-nous pas, bien souvent, pour continuer à ronronner dans nos structures rassurantes en nous étonnant que Dieu ne fasse rien alors que c’est nous qui restons immobiles?

Le Christ ne vient pas sauver les structures, mais les personnes. La prière n’est pas là pour préserver un décor de théâtre, mais pour nous faire écouter la voix -parfois déconcertante -de Dieu. «Prier le maître de la moisson» c’est prier pour que tous reconnaissent l’œuvre de Dieu dans leur vie, même si cela nous conduit à remettre en cause, de manière radicale, nos structures qui restent des moyens au service de l’œuvre de Dieu.

En ce début d’été, ce n’est donc pas à des vacances que le Christ nous appelle. «Allez», nous dit-il! Convertissons notre rapport à la mission, convertissons notre rapport à la prière.

Toujours nous convertir pour mieux récolter l’Evangile semé dans les cœurs : voici notre vocation, celle pour laquelle il nous faut toujours demander la grâce d’être à la hauteur ! Voilà une authentique prière pour les vocations.

Jacques-Benoît Rauscher | Vendredi 5 juillet 2019


Lc 10, 1-12.17-20

En ce temps-là,
parmi les disciples,
le Seigneur en désigna encore 72,
et il les envoya deux par deux, en avant de lui,
en toute ville et localité
où lui-même allait se rendre.
Il leur dit :
« La moisson est abondante,
mais les ouvriers sont peu nombreux.
Priez donc le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.
Allez ! Voici que je vous envoie
comme des agneaux au milieu des loups.
Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales,
et ne saluez personne en chemin.
Mais dans toute maison où vous entrerez,
dites d’abord :
›Paix à cette maison.’
S’il y a là un ami de la paix,
votre paix ira reposer sur lui ;
sinon, elle reviendra sur vous.
Restez dans cette maison,
mangeant et buvant ce que l’on vous sert ;
car l’ouvrier mérite son salaire.
Ne passez pas de maison en maison.
Dans toute ville où vous entrerez
et où vous serez accueillis,
mangez ce qui vous est présenté.
Guérissez les malades qui s’y trouvent
et dites-leur :
›Le règne de Dieu s’est approché de vous.’ »
Mais dans toute ville où vous entrerez
et où vous ne serez pas accueillis,
allez sur les places et dites :
›Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds,
nous l’enlevons pour vous la laisser.
Toutefois, sachez-le :
le règne de Dieu s’est approché.’
Je vous le déclare :
au dernier jour,
Sodome sera mieux traitée que cette ville. »

Les 72 disciples revinrent tout joyeux,
en disant :
« Seigneur, même les démons
nous sont soumis en ton nom. »
Jésus leur dit :
« Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair.
Voici que je vous ai donné le pouvoir
d’écraser serpents et scorpions,
et sur toute la puissance de l’Ennemi :
absolument rien ne pourra vous nuire.
Toutefois, ne vous réjouissez pas
parce que les esprits vous sont soumis ;
mais réjouissez-vous
parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »

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