Les évêques belges encouragent chacun à progresser dans la conversion écologique

A l’image de ce qui se passe depuis longtemps dans l’Eglise orthodoxe, le pape François a recommandé que le 1er septembre soit reconnu comme Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création. Les évêques de Belgique ont tenu à traduire en actes concrets leur réflexion, dans une lettre publiée le 10 juillet 2019.

Le pape François a de plus demandé que le mois de septembre soit considéré comme une Saison de la création, qui s’étend jusqu’à la fête de saint François, le 4 octobre.

En préambule de leur lettre, parue mercredi 10 juillet, les évêques belges affirment vouloir approfondir et traduire en actes concrets «notre vocation de gardiens de la Création de Dieu», en union avec toutes les Eglises chrétiennes.

La question écologique concerne notre foi chrétienne

Ils rappellent que l’appel de l’encyclique Laudato si’ du pape François, vu  le contexte actuel, pousse plus que jamais à prendre au sérieux le fait que la famille humaine travaille à la recherche d’un développement durable et intégral.

«La question écologique est une question sociale: ce ne sont pas deux questions parallèles, mais imbriquées car, comme dit le pape, tout est lié», écrivent les membres de la Conférence épiscopale de Belgique. Et de poursuivre: «La question écologique concerne notre foi chrétienne: le pape parle de ›conversion écologique, qui implique de laisser jaillir toutes les conséquences de notre rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui nous entoure’. Laudato si’ dénonce les attitudes qui font obstacle aux voies de solutions, comme la négation du problème, l’indifférence, la résignation facile ou la foi aveugle dans les solutions techniques».

Faisant certainement référence aux diverses marches pour le climat qui ont eu lieu en Belgique, mais également dans de nombreux autres pays, les évêques jugent que «l’expérience de ces derniers mois nous dévoile combien la peur peut être un obstacle: que ce soit la peur liée aux incertitudes d’un changement si important, ou la peur d’une diminution du niveau de vie de notre société aisée que nous tenons pour acquis, malgré notre empreinte sur les écosystèmes et la vie des populations du Sud».

Urgences actuelles et responsabilité majeure

La lettre des évêques belges indique encore qu’en mai 2019, le rapport de l’ONU sur la biodiversité a dévoilé qu’au niveau mondial, environ un huitième des espèces animales et végétales était menacé d’extinction et que seul un changement radical, dans tous les secteurs de la société, pouvait encore inverser ce processus.

«Nos gouvernants en charge de la politique pour les cinq prochaines années détiennent une responsabilité majeure. Cinq ans, c’est la moitié du temps imparti pour réduire de 50 % les émissions mondiales de CO2. Le 23 septembre 2019, les dirigeants du monde entier sont attendus à New York pour un sommet climatique extraordinaire où l’accroissement des ambitions en matière climatique est prioritaire dans l’agenda. Nous appelons avec insistance à élaborer des plans climatiques courageux et ambitieux, tant dans notre pays qu’au sein de l’Union européenne, pour sauver la vie des générations actuelles et futures», poursuit la Conférence épiscopale belge.

Les enfants et les jeunes appréhendent cette menace qui plombe leur avenir

Pour les évêques, il n’y a aucun doute: les enfants et les jeunes appréhendent cette menace qui plombe leur avenir. «Depuis plusieurs mois, ils ont mis sur pied le mouvement pour le climat, afin que les recommandations insistantes des scientifiques soient prises au sérieux et traduites en politiques climatiques efficaces et socialement équitables. Les organisations de lutte contre la pauvreté demandent des politiques climatiques qui n’engendrent pas de nouvelles pauvretés ou inégalités, mais incluent les groupes vulnérables dans la transition vers un avenir climatique durable».

«On souligne trop peu combien serait positive et porteuse d’espérance une transition menant à une prospérité nouvelle, différente et favorisant le bien être pour tous les peuples de la terre. Cela se passera si nous bannissons la pauvreté, partageons le monde, transformons l’économie, protégeons la nature et si nous vivons tous dans les limites écologiques d’une planète saine. Cette perspective porteuse est confirmée par les scientifiques qui peuvent nous indiquer les moyens d’y parvenir».

«L’éthique du suffisant»

Se basant sur la conclusion du pape dans son encyclique Laudato si’, les évêques belges encouragent chacun à progresser dans la conversion écologique et à vivre selon la sobriété heureuse, ce qu’ils nomment «l’éthique du suffisant». «Nous invitons les paroisses, associations, organisations et institutions à intensifier leurs efforts en établissant un plan climat pour faire de leurs immeubles des bâtiments passifs et à faible teneur en carbone, et à inclure le souci du soin de la création dans toute la vie de la communauté».

Et de conclure leur lettre: «Nous suggérons aux chrétiens de travailler ces sujets en groupe, en utilisant le canevas d’animation préparé sur ce thème». (cath.ch/cathobel/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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