Evangile de dimanche: Insécabilité du commandent de l’amour

C’est un fait divers somme toute banal qui nous est donné de lire ce dimanche. Un voyageur, anonyme est sauvagement attaqué et détroussé par des bandits et laissé pour mort sur le bord du chemin. Mais si Jésus le raconte, c’est en réponse à la question d’un docteur de la Loi: «Qui est mon prochain?»

Ce légiste a montré qu’il est parfaitement au courant que le chemin vers la vie s’inscrit dans l’insécabilité du commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Mais, pour identifier ce dernier, il a besoin d’une règle pour savoir qui inscrire dans ce cercle et qui doit ou peut en être exclu. C’est pour le briser que Jésus raconte cette parabole.

Le prêtre et le Lévite qui passent leur chemin n’ont assurément pas cette question en tête lorsqu’ils croisent le blessé. Eux ce qu’ils désirent, c’est conserver leur pureté rituelle, sans se souiller du sang du malheureux. Le Samaritain, lui n’a pas de considération de ce genre, car ses prédécesseurs ont oublié cette parole du prophète Osée: C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices (Os 6.6).

«Il n’est plus question de définir des critères pour savoir qui est le prochain».

Ce faisant, c’est le nom de Dieu lui-même qu’ils ont oublié, et c’est cet homme, peu soucieux de religion qui s’arrête. La rencontre du blessé ne lui pose pas de problème de casuistique, mais elle ébranle son cœur et c’est précisément cela, la miséricorde.

Ainsi, n’écoutant que sa compassion, il va traiter la victime comme il aimerait lui-même être traité. D’ailleurs le docteur de la Loi le confirme, le Samaritain s’est bien fait le prochain de l’homme tombé entre les mains des bandits.

Quel retournement! Il faut se souvenir de ce commandement énoncé plus tôt: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même». C’est qu’il ne s’agit plus de définir le prochain à partir de soi, centre de tout, mais de se situer soi-même à partir de l’autre.

C’est même ce changement de point de vue que nous propose tout l’Evangile. Le Christ est venu habiter notre condition, jusqu’à s’identifier à notre humanité blessée. Comme le Samaritain, il est pris de compassion et c’est ce mouvement que Jésus encourage, celui de se laisser dériver vers l’autre, afin de se laisser dériver vers Dieu, par amour.

Du coup, il n’est plus question d’établir une liste ou de définir des critères pour savoir qui est le prochain. C’est à chacun de décider jusqu’où on accepte de se faire proche et ce pour un seul motif: celui de notre capacité à se laisser toucher par l’amour, toucher au plus profond de soi, jusqu’à en ressentir physiquement l’indomptable élan.

Sœur Marie-Paule | Vendredi 12 juillet 2019


Lc 10, 25-37

En ce temps-là,
un docteur de la Loi se leva
et mit Jésus à l’épreuve en disant :
« Maître, que dois-je faire
pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
Jésus lui demanda :
« Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ?
Et comment lis-tu ? »
L’autre répondit :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ton âme,
de toute ta force et de toute ton intelligence,
et ton prochain comme toi-même.
 »
Jésus lui dit :
« Tu as répondu correctement.
Fais ainsi et tu vivras. »
Mais lui, voulant se justifier,
dit à Jésus :
« Et qui est mon prochain ? »
Jésus reprit la parole :
« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho,
et il tomba sur des bandits ;
ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups,
s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ;
il le vit et passa de l’autre côté.
De même un lévite arriva à cet endroit ;
il le vit et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ;
il le vit et fut saisi de compassion.
Il s’approcha, et pansa ses blessures
en y versant de l’huile et du vin ;
puis il le chargea sur sa propre monture,
le conduisit dans une auberge
et prit soin de lui.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent,
et les donna à l’aubergiste, en lui disant :
›Prends soin de lui ;
tout ce que tu auras dépensé en plus,
je te le rendrai quand je repasserai.’
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain
de l’homme tombé aux mains des bandits ? »
Le docteur de la Loi répondit :
« Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. »
Jésus lui dit :
« Va, et toi aussi, fais de même. »

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