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Suisse: Caritas-Vaud licencie son directeur avec effet immédiat
Conflit relationnel et divergences de vue avec le Comité
Remous autour d’une décision controversée (220895)
Lausanne, 22août(APIC) Le licenciement du directeur de Caritas-Vaud,
Christian Becco, signifié par lettre le 27 juillet par le Comité à l’inttéressé, pourrait bien causer quelques remous au sein de l’institution caritative de l’Eglise catholique vaudoise. Employé de Caritas-Vaud depuis
1976, dont 10 ans en qualité de directeur, Ch. Becco, 51 ans, célibataire,
s’est en effet vu signifier son congé, avec effet immédiat, pour « divergences de vue ». Son contrat échoit au 30 novembre prochain.
la décision du comité de Caritas-Vaud – unanime en faveur du licenciement -, ne semble guère recueillir l’adhésion générale dans les milieux
concernés, loin de là. La crise couvait depuis lontemps déjà. Une partie du
personnel se déclare triste et reconnaît que le directeur faisait bien son
boulot. L’autre serait plutôt satisfaite de ce départ. Quant à l’ancien directeur, Raymond Baudère, il ne cache pas sa colère devant ce qu’il appelle
un « conflit de personnes » entre le Comité et sa présidente, Anne-Marie Gabella, et le directeur mis à pied. Il s’agit pour lui d’un problème relationnel plutôt que d’un problème de compétence ». « On n’a aucune faute grave
à lui reprocher », assure-t-on, y compris au Comité.
Le conflit entre Ch. Becco et le Comité remonte à l’automne dernier, au
mois de novembre, admet Anne-Marie Gabella, présidente du comité de Caritas-Vaud. Que reproche-t-on à Ch. Becco, et surtout que veut dire « divergences de vue »? Invité à donner des précisions, la présidente relève que
depuis un an, le Comité tente, avec M. Becco, d’entrer en dialogue.
Plus le dynamisme nécessaire
« Il n’y avait plus de collaboration possible dans la marche de l’organisation, assure la présidente. Nous étions devenus, le Comité et lui, deux
forces opposées l’une à l’autre. Alors que nous devrions aller dans la même
direction. Il avait une attitude négative face au Comité, donnant les informations qu’il voulait, ne répondant pas à certaines questions. Il a été
dix ans directeur, nous n’avons absolument rien à lui reprocher sur le plan
de l’honnêteté… Il doit y avoir une certaine usure qui se fait lorsqu’on
est dans ce genre de travail. Il faut savoir en permanence insuffler un dynamisme… M. Becco avait plutôt tendance à stopper un projet plutôt qu’à
l’encourager. Des tensions internes s’ajoutaient à celles constatées entre
le directeur et le comité. Mais des faits graves, retenus contre lui, je ne
peux pas en citer, il n’y en a pas ».
Le vice-président, Robert Marclay, Mgr Bürcher et la présidente ont été
reçus à Fribourg par Mgr Pierre Mamie. « Mgr Mamie nous a accordé un assez
long entretien, au terme duquel il a déclaré qu’il ne s’opposait pas à la
décision, étant donné qu’il avait en mains les éléments que nous lui avions
donnés ». Selon Robert Marclay, M. Becco ne voulait pas se soumettre aux décisions du Comité et rendait impossible une collaboration dans les formes
que définissent les statuts, qui stipulent que le Comité est l’organe suprême.
Un argument que l’intéressé réfute, appuyé en cela par les déclarations
de l’ancien responsable de Caritas-Vaud (25 ans durant), Raymond Baudère:
« Le vice-président est au Comité depuis 1983 et la présidente depuis 86…
Pourquoi ne se sont-ils pas aperçus avant que le directeur n’était pas à sa
place »?
Deux jours pour vider les lieux…
Convoqué par le Comité le 7 juillet, Ch. Becco s’est vu reprocher de ne
pas avoir les compétences pour gérer l’avenir de Caritas. De ne ne pas
être, en quelque sorte, le directeur dont Caritas a besoin pour l’an 2000.
La lettre lui signifiant son congé, datée du 27 juillet, ne l’a donc pas
surpris. Quant au ton et à la teneur… elle en a choqué plus d’un, en-dehors de l’intéressé lui-même, particulièrement affecté, et notamment des
collaborateurs de Caritas-Vaud, surpris par la rapidité de la décision et
attristés par la tournure des événements, assure-t-on à Lausanne. « Nous jugeons inopportun que vous occupiez plus longtemps la fonction de directeur
de Caritas-Vaud. Nous vous relevons dès lors de votre fonction avec effet
immédiat en vous invitant à quitter votre bureau dans un délai de deux
jours ».
« Cela fait plusieurs mois que nous sommes devant cette situation de
dialogue et de réflexion avec M. Becco, relève pour sa part Mgr Pierre Bürcher, évêque auxiliaire à Lausanne. Ce printemps, en mars, nous pensions
avoir trouvé une solution, un accord entre lui et le Comité de Caritas-Vaud
avait été trouvé. J’ai bien évidemment tenu Mgr Mamie au courant de l’évolution des choses. Nous avons tout fait pour trouver une autre solution que
celle prise par le Comité de Caritas. Nous avons dû reconnaître que le
changement de directeur devenait hélas nécessaire ». Quelle faute lui reproche-t-on? « Je pense qu’il appartient effectivement au Comité de s’expliquer
sur ce point là, même si, c’est vrai, ce licenciement s’est fait avec mon
accord et celui, obligatoire, de Mgr Mamie ».
Rien à reprocher au directeur
On n’a rien à reprocher à Christian Becco d’un point de vue professionnel, sinon d’être en conflit avec le Comité, commente un collaborateur de
Caritas-Vaud. On n’aurait pas utilisé un autre ton avec un employé qui aurait commis une grave faute, s’insurge Raymond Baudère. « Si un président ou
un vice-président n’acceptent pas qu’on pose une question et qu’on fasse
une remarque quant à sa manière de gérer une association… Si on se focalise sur une seule issue, celle de mettre à la porte le directeur, croyez
qu’on fera tout pour y parvenir. Et on y est arrivé ».
« Personne, aussi bien la présidente que le vice-président ou les membres
du Comité n’ont été en mesure de me fournir une explication valable sur ce
qu’on entendait par « divergences de vue ». Personne n’en sait rien, constate
encore l’ancien directeur de Caritas-Vaud, qui s’étonne qu’on puisse reprocher au directeur de ne pas être l’homme qu’il faut à Caritas pour relever
les défis de l’an 2000. « Des défis qu’on est loin d’avoir définis ». Cela
n’apparaissait du reste pas dans l’annonce de mise en concours du poste,
parue dans les journaux locaux le 14 août. Sous exigence, il est fait mention de la nationalité, suisse, de l’expérience dans les domaines social et
administratif, dans la planification et la réalisation de projets.
Une réunion tenue en mars entre Mgr Pierre Bürcher, évêque auxiliaire à
Lausanne, la présidente et Christian Becco, laissait pourtant entrevoir une
amélioration dans les rapports. « Je suis d’autant plus perplexe et furieux »
de voir aujourd’hui qu’il n’en est rien », relève R. Baudère. Ce dernier,
qui n’a pas ménagé ses efforts pour tenter de parvenir à un accord, se déclare inquiet pour l’avenir de l’institution. « Dire qu’un climat de confiance n’existe plus est un peu simple. Je regrette que ce soit toujours la
maillon le plus faible qui doit céder ».
Quant à l’intéressé lui-même, il est aujourd’hui sans emploi. « Je dois
d’abord retomber sur mes pieds », dit-il, en soulignant avoir très mal vécu
ce moment… et surtout ce passage de la lettre lui intimant l’ordre de
quitter son bureau dans les deux jours. « J’ai demandé à la présidente de me
confirmer par écrit qu’il n’y avait pas eu faute grave. Elle a promis de le
faire. Je n’ai rien reçu à ce jour ». (apic/pr)
Encadré
Caritas-Vaud emploie 25 personnes, salariés, pour 19 postes à plein
temps. Elle compte en outre quelque 300 collaborateurs bénévoles. L’organisation est une association privée au sens de la loi. La fédération des paroisses catholiques du canton de Vaud contribue financièrement en subventionnant les salaires pour 7 employés et en versant annuellement une somme
modique pour certaines actions. Les statuts de Caritas-Vaud stipulent clairement que le Comité engage et licencie le directeur avec l’accord de l’autorité épiscopale. Un aumônier, jusqu’alors l’abbé Vincent, qui a donné sa
démission en 1994, représente l’autorité épiscopale au Comité. (apic/pr)
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