Ces habits papaux que ne porte pas l'actuel évêque de Rome (série 2/5)

Depuis son élection au pontificat en 2013, le pape François a choisi d’adopter un style simple et dépouillé. Le premier pape latino-américain de l’histoire a donc mis au placard un certain nombre d’habits et d’éléments réservés traditionnellement au successeur de Pierre.

Quelques jours avant Noël 2016, une pharmacie romaine reçoit un visiteur inattendu. Le client n’est nul autre que le Souverain pontife argentin en personne, venu acheter une nouvelle paire de chaussures orthopédiques, adaptées à sa douleur à la hanche. S’il a accepté de revêtir quotidiennement la soutane blanche après son élection, il a toutefois gardé ses bonnes vieilles chaussures noires.

Les fameuses mules du pape, ces souliers de couleur rouge sont donc remisés, du moins le temps de ce pontificat. Leur couleur flamboyante est un vestige de l’ancienne couleur papale, avant que Pie V (1566-1572) ne garde le blanc de son habit dominicain. Les chaussures, elles, resteront rouges. Associée au pouvoir, cette couleur symbolise l’autorité du pape mais aussi la Passion du Christ: ainsi chaussé, le responsable de l’Eglise catholique a les pieds plongés dans le sang des martyrs.

Pendant plusieurs siècles, la chaussure étaient ornée d’une grande croix en fil d’or. Tour à tour, les fidèles venaient baiser les chaussures du pontife en signe de respect. En 1958 toutefois, l’habitude tombe en désuétude, Jean XXIII (1958-1963) fait changer la croix pour une simple boucle dorée, rendant ainsi ses mules semblables aux chaussures des cardinaux. Son successeur Paul VI (1963-1978) supprimera purement et simplement la boucle.

Rouge, la mule connaît des variations de teintes. Ainsi, sous Jean Paul II (1978-2005), les souliers pontificaux se colorent d’un rouge lie-de-vin, presque brun. Benoit XVI préfère quant à lui revenir à un rouge sang. Une couleur éclatante qui attire l’attention et les rumeurs. En 2007, le Vatican doit ainsi réfuter qu’il s’agit de chaussures de la maison de luxe Prada. En réalité, il s’agit de l’œuvre d’un artisan italien, offerte au pontife.

Se protéger du froid et du soleil

Egalement rouge, la camauro est un bonnet couvrant la nuque et les oreilles traditionnellement porté par les papes en hiver, bordé d’un duvet d’hermine ou de cygne. S’il a récemment été fabriqué en satin ou en velours, il était à l’origine cousu en poils de chameaux – animal qui est d’ailleurs à la racine étymologique de ce bonnet. D’abord utilisé par les moines, ce n’est qu’au 15e siècle qu’il devient un attribut du pape.

Au fil des siècles, les évêques de Rome usent peu du camauro, jusqu’à Jean XXIII qui le remet à l’honneur. A tel point que le ›bon pape’ est enterré avec en 1963. L’objet disparaît ensuite de la circulation, jusqu’à l’audience générale du 21 décembre 2005. Pour faire face au froid, Benoît XVI porte en effet ce couvre-chef et attire immédiatement l’œil des médias du monde entier. Interrogé sur ce choix, le pape allemand avait répondu avec beaucoup de simplicité: «J’avais tout simplement froid et je suis sensible de la tête. (…) Depuis je m’en suis abstenu, afin de ne pas susciter d’interprétations superflues».

Lors de l’audience du 6 septembre 2006, Benoît XVI est coiffé d’un autre couvre-chef papal, cette fois-ci pour le protéger du soleil. Il s’agit du saturne, ce chapeau rond porté autrefois par les prêtres. Sa version papale se distingue par sa couleur rouge et ses broderies d’or. Longtemps utilisé par les Souverains pontifes, il commence à tomber en désuétude à partir de Jean Paul II qui ne le porte que rarement. Pour sa part, Jean XXIII aimait à utiliser un saturne blanc.

Aboli en 1969 pour les cardinaux, le tabarro rouge est un autre vêtement papal que les chefs de l’Eglise catholique ont continué à porter, au moins jusqu’en 2013. Il s’agit d’une grande cape rouge en laine descendant jusqu’aux pieds et surmontés d’une pèlerine de même couleur. Toujours pour se protéger du froid, Benoît XVI l’avait également revêtu lors de l’audience du 21 décembre 2005. Mais peut-être parce que Jean Paul II le portait aussi, le tabarro a moins fait polémique que le camauro et le pape allemand a ainsi continué à le porter en d’autres occasions. (cath.ch/imedia/cg/xln/gr)


Série d’été

Chef religieux et chef d’Etat, le Souverain pontife dispose d’attributs qui lui sont propres. Pendant l’été, la rédaction I.Media propose de découvrir l’origine de ces éléments réservés au vicaire du Christ.

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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