Chefs-d'œuvre du Vatican: Adam et Eve au Paradis (5/5)

La Pietà et la chapelle Sixtine sont probablement les deux chefs-d’œuvre les plus célèbres du Vatican. Toutefois, le petit Etat de 44 hectares compte de nombreuses autres merveilles, moins connues. Pendant l’été, I.MEDIA vous propose de découvrir cinq d’entre elles.

Située au cœur de la Pinacothèque vaticane, l’œuvre du peintre autrichien Wenzel Peter, ‘Adam et Eve au Paradis terrestre’ ne peut laisser le visiteur indifférent. Cet immense tableau offre une représentation étonnante et avant-gardiste du premier couple de l’humanité, comme mis au même plan que n’importe quelle autre créature, au cœur d’une Création prolifique.

En bonne place dans la Pinacothèque, au cœur du plus petit Etat du monde, ce tableau a eu la particularité de voyager jusqu’en Chine. Du 28 mai au 14 juillet dernier, le chef-d’oeuvre s’est en effet envolé au cœur de la Cité interdite de Pékin dans le cadre d’une exposition intitulée ‘la beauté nous unit’. Entre le Vatican et le Chine, qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques, il a contribué à tisser une forme de «diplomatie de l’art», expression chère au pape François.

Sur le point de pécher

Plus tôt dans l’année, le 28 avril, le Saint-Siège avait inauguré son propre pavillon sur la thématique de Laudato si’ dans le cadre de l’exposition internationale consacrée aux jardins, également à Pékin. Pour illustrer ce sujet, une reproduction d ‘Adam et Eve au Paradis terrestre’ avait fait le voyage. Véritable ode à la Création divine, la toile a ainsi pu toucher les visiteurs par sa dimension universelle et son caractère avant-gardiste.

Le génie et la virtuosité du peintre animalier s’expriment notamment à travers la précision anatomique de son geste. Dans le sillage des Lumières, Wenzel Peter prend une hauteur scientifique à tel point qu’il reproduit chaque animal avec une précision presque chirurgicale, démontrant sa parfaite connaissance des animaux. Le récit à portée mythique de la Genèse s’incarne donc ici dans un réalisme saisissant, comme une alliance entre science et foi, n’en déplaise à ceux qui voudraient les opposer. Tout comme l’Eglise place l’homme au «centre» et «sommet» de tout l’ordre de la Création (Gaudium et Spes,1965), le couple est ici représenté au milieu des animaux.

Haut de plus 2 mètres et large de 3 mètres, la toile peinte à l’huile plonge le visiteur dans un jardin d’Eden luxuriant. Le premier homme et la première femme de l’humanité apparaissent nus dans ce cadre verdoyant – comme photographiés en parfaite harmonie avec leur environnement, alors qu’ils sont sur le point de commettre le péché originel. Mais le caractère profondément paisible de la scène contraste ici avec le drame qui est en train de se jouer.

Plus de 240 espèces animales

Si Wenzel Peter a su immortaliser à la perfection l’instant fatidique du péché originel, c’est aussi par l’incroyable diversité de sa faune et de sa flore que le tableau se distingue. Le peintre a ici représenté plus de 240 espèces. Dans un sous-bois fleuri, des animaux domestiqués, comme le chien ou le cochon d’Inde, mais aussi des espèces plus exotiques pour l’époque, venues d’Afrique ou d’Asie, tels le lion ou le dromadaire, encadrent le couple. Dans un ciel bleu pastel, des oiseaux de toutes sortes déploient leurs ailes, accentuant l’onirisme de la scène.

Joyau des Musées du Vatican, la toile est acquise par le pape Grégoire XVI (1831-1846), avec 20 autres tableaux en 1831, pour décorer la salle du Consistoire. C’est par l’intermédiaire de la fille du maître, Marianne Peter, que le Souverain pontife l’achète après sa mort. Il faut dire que l’artiste autrichien est considéré comme l’un des plus grands peintres animaliers de son temps et bénéficie d’une renommée internationale. Ce chef-d’œuvre marque d’ailleurs le point culminant de sa carrière. (cath.ch/imedia/cg/pp)

Rédaction

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