Chili: appel des évêques en faveur des Vénézuéliens bloqués à la frontière

L’émigration de centaines de milliers de Vénézuéliens, qui fuient le chaos dans leur pays, a provoqué une crise migratoire sans précédent dans plusieurs pays d’Amérique latine. L’Eglise chilienne est en première ligne pour apporter son aide aux milliers de migrants bloqués à la frontière entre le Pérou et le Chili.

La situation s’est aggravée depuis que le Chili exige la présentation d’un visa touristique pour entrer dans le pays. Les évêques chiliens, qui disent «comprendre la nécessité de réglementer la mobilité humaine», ont lancé le 30 juillet 2019, à travers Caritas Chili et l’Institut catholique chilien de la migration (INCAMI), un appel à la miséricorde envers les personnes en grande difficulté.

Des «accusations infondées»

Les organisations catholiques chiliennes comptent dialoguer avec les autorités, mais appellent à la «miséricorde» et à une solution politique qui puisse impliquer tous les gouvernements de la région, et d’abord les responsables vénézuéliens. Elles rejettent les «accusations infondées» adressées aux institutions de l’Eglise, qui feraient la promotion des entrées irrégulières dans le pays.

«Ce ne sont pas des marchandises qui sont à la frontière en attente d’un tampon pour passer ou pour être exportées: ce sont des êtres humains, ce sont des hommes et des femmes, ce sont des enfants, ce sont des personnes âgées qui, tout comme nous, veulent une vie digne», lance le Père Lauro Bocchi. Le vice-président exécutif de l’INCAMI, qui se trouve à Tacna, au Pérou, à la frontière avec le Chili, est aux premières loges pour témoigner du chaos qui y règne.

Chaos à la frontière

Depuis le 23 juillet 2019 le Ministère de l’Intérieur chilien exige un visa de tourisme pour permettre l’entrée des citoyens du Venezuela sur son territoire. Un document que les citoyens vénézuéliens peuvent demander dans les représentations diplomatiques de leur pays. Cette décision vise à réguler le flux important d’étrangers, mais elle crée une situation difficile à la frontière entre le Pérou et le Chili où des centaines de personnes sont sans papiers.

«Cette mesure imprévue a provoqué la saturation des postes-frontières et des consulats, parce que ceux qui ont voyagé pendant des semaines – écrivent les évêques chiliens – n’étaient pas au courant des nouvelles conditions d’accès». Cette exigence inopinée a également surpris les fonctionnaires qui n’avaient pas tous été informés de cette nouvelle mesure.

Pallier le manque de présence de l’Etat

«Notre pays doit repenser le thème migratoire», affirment les responsables de la Pastorale Sociale de la Caritas chilienne et de l’INCAMI, qui s’inquiètent du manque de cadre juridique pour encadrer ce phénomène. L’Eglise agit pour pallier le manque de présence de l’Etat et éviter le chaos.

«Des centaines de paroisses et de communautés ont cherché des stratégies pour faciliter le processus d’intégration des migrants qui sont arrivés au Chili à la recherche d’une meilleure qualité de vie». En plus des émigrants du Venezuela, le pays voit aussi affluer, dans une moindre proportion, des migrants venus notamment de Haïti et d’Amérique centrale.

Des aides concrètes

Les aides sont très concrètes, avec des maisons d’accueil, des cours de langues, des bourses d’emploi, et des instances d’intégration «pour que la société d’arrivée les connaisse et les reçoive comme frères, et en même temps  pour qu’ils connaissent la société dans laquelle ils arrivent, ses traditions, son organisation» et puissent ainsi contribuer à son développement. Dans la lignée du pape François, elles appellent à une réflexion sereine qui aille au-delà des pressions, des préjugés et des peurs. (cath.ch/com/cech/vaticannews/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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