Ingenbohl, 8août(APIC) Le monde catholique suisse vivra à l’heure de Rome
le 29 octobre prochain, avec les béatifications de trois Suissesses, deux
religieuses et une laïque. Un événement que présidera le pape Jean Paul II,
sans doute devant une foule de fidèles venus de la Suisse.
En compagnie de l’humble couturière de Siviriez, Marguerite Bays, morte
en 1879, et de l’argovienne Maria Bernarda Bütler, décédée en 1824, fondatrice des Missionnaires franciscaines de Marie auxiliatrice, Mère MarieThérèse Scherer (1825-1888), sera béatifiée le 29 octobre à Rome. La nouvelle bienheureuses fut la co-fondatrice et la première Supérieure générale
des Soeurs de la Sainte-Croix d’Ingenbohl.
Née à Meggen (Canton de Lucerne) le 31 octobre 1825, Anne-Marie Catherine Scherer, perd son père le 15 février 1833. Circonstances de la vie et
précarité familiale obligent, la jeune Catherine sera accueillie par des
parents qui lui assureront une vie chrétienne.
A l’école primaire de Meggen, Catherine Scherer passe pour une élève extrêmement gaie et vive, douée d’une intelligence claire. Si elle est prête
à imaginer des farces contre l’instituteur, la jeune élève ne profite pas
moins et à fond de l’enseignement qui lui est prodigué. Il faut l’énergie
de la servante des deux oncles célibataires chez qui elle vit depuis le décès de son père, pour discipliner et orienter le riche tempérmment de
l’adolescente sans étouffer son dynamisme.
Une vie non programmée
La nouvelle bienheureuse n’a pas programmé sa vie. Selon le témoignage
de ceux qui l’ont vu vivre, les circontances ont souvent été contraires à
sa volonté, mais l’ont toujours trouvé disponible. Plus elle s’intériorsait en Dieu, plus elle sortait d’elle-même pour rejoindre le monde en profondeur et y porter la vie divine.
Tout au long de sa vie, elle a fait sien l’axiome du Père Théodose: « Les
besoins du temps sont l’expression de la volonté de Dieu ». Voilà pourquoi
Mère Marie-Thérèse Scherer est reconnue comme une femme pratique,
serviable, populaire et solidement ancrée en Dieu. En réalité, Mère MarieThérèse Scherer a mis en oeuvre des paroles-clefs de Jésus, tel ce fameux:
« ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous
le faites. »
Déjà à seize ans, elle est affectée aux soins des pauvres et des malades
à l’Hôpital des Bourgeois de Lucerne. Les premiers contacts avec la souffrance, la maladie, la mort, l’éprouvent jusqu’à la nausée. Elle tient bon,
elle prie. Viendra le jour où elle sera liée par toutes ses fibres à la misère humaine. Finalement, cette Lucernoise a été partout la Femme forte au
service de toute pauvreté.
Du pèlerinage d’Einsiedeln à la vie religieuse
A dix-sept ans, elle entre dans le Tiers-Ordre franciscaine et dans la
Congrégation mariale. Au cours d’un pèlerinage à Einsiedeln, elle reconnaît
sa vocation religieuse. Tout s’enchaîne dès lors pour elle.
Le 1er mars 1845, elle entre dans l’Institut des Soeurs enseignantes
nouvellement fondé par le Père capucin Théodose Florentini. La Maison-Mère
est à Menzingen. En automne de la même année, elle émet ses premiers voeux.
En 1850, à la demande du Père Théodose, Soeur Marie-Thérèse Scherer
prend la direction de l’hospice des pauvres de Näfels, dans le canton de
Glaris. L’entourage l’appelle « Mère des pauvres ». Deux ans plus tard, elle
accepte de s’occuper de l’Hôpital à Coire. La transition est dure pour la
jeune religieuse.
En 1856, la fondation se scinde en deux Congrégations. Les Soeurs enseignantes se séparent du fondateur pour continuer leur apostolat en milieu
scolaire. Après avoir bien discerné, Soeur Marie-Thérèse Scherer choisit de
rester au service des oeuvres de charité dans la nouvelle fondation du Père
Théodose.
L’année suivante (1857), Soeur Marie-Thérèse est élue Supérieure générale de la nouvelle Congrégation des Soeurs de la Sainte-Croix d’Ingenbohl,
du nom du lieu de la Maison-Mère. Par réélections successives, elle le restera jusqu’à sa mort. Aux côtés du Père Théodose, et tout en s’efforçant
d’être une mère pour tous, elle dirige L’Institut des Soeurs de charité de
la Sainte-Croix.
Elle ouvre des hôpitaux, des écoles spécialisées pour les handicapés.
L’Institut se développe très rapidement, car les Soeurs servent là où sont
les besoins du temps.
Le 15 février 1865, le Père fondateur décède brusquement à Heiden (AR).
Mère Marie-Thérèse assure la succession. Elle veut aussi sauver l’honneur
de ce « Grand Apôtre du social Suisse ». Elle prend en charge la responsabilité et le remboursement des dettes de l’Institut. Ses projets se réalisent
grâce à la collaboration de ses Soeurs et au prix de longues années de privations et de quêtes.
Mère Marie-Thérèse a tout fait pour rester fidèle à l’essentiel de la
spiritualité du Père fondateur. Elle assume tout avec courage et confiance
en Dieu. « Avoir la main au travail et le coeur près de Dieu. Gardez-vous de
la routine, habituez-vous à agir pour et avec Dieu. Efforcez-vous d’être
confiante », écrivait-elle.
Pour ses Soeurs, elle est une « Sainte Règle vivante ». Malgré de grandes
souffrances physiques, elle continue d’entreprendre de nombreux voyages, en
Suisse et dans d’autres pays européens pour s’assurer du bien des Soeurs et
pour les instruire de l’esprit du fondateur.
En 1888, sa maladie entre dans sa dernière phase. Après de pénibles
souffrances, elle meurt le 16 juin 1988. La Vénération pour cette religieuse lucernoise a commencé dès après sa mort. Aujourd’hui, plus de 70’000 pèlerins viennent chaque année de toute la Suisse et de l’étranger, pour se
recueillir sur sa tombe, à Ingenbohl. Le 29 octobre prochain, Mère Scherer
sera béatifiée, pour la joie de ceux qui l’invoquent déjà depuis des années, celle de toute l’Eglise et celle des peuples qu’elle a aimé et servi
avec générosité et dévouement.
Encadré
Mère Marie-Thérèse Scherer (1825-1888)
Née à Meggen en 1825, Anne-Marie catherine Scherer est la quatrième
de
sept enfants de la famille Scherer-Sigrist.
Durant sa vie de Supérieure, Mère Marie-Thérèse Scherer créera 422
communautés réparties en cinq provinces, et connaîtra ses 1689 Soeurs par
leurs noms. Aujourd’hui, les Soeurs d’Ingenbohl sont environ 5500 à honorer
avec fierté la mémoire de leur Co-fondatrice.
Après d’intenses douleurs, Mère Marie-Thérèse Scherer meurt le 16 juin
1988, ces paroles sur les lèvres: « Ciel, ciel ». Solidement ancrée en Dieu
et vivant en sa présence, posant constamment des actes dans la foi et la
confiance, recourant souvent à lui dans la prière, une prière-lutte, Mère
Marie-Thérèse a dit Dieu par toute sa vie.
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