Les évêques philippins répondent aux accusations de sédition

Les évêques catholiques des Philippines accusés d’avoir comploté pour évincer le président Rodrigo Duterte dénoncent une tentative de harcèlement du pouvoir pour les faire taire. Ils ont soumis début août 2019 aux autorités judiciaires leurs réponses à ces allégations. L’affaire suscite un grand émoi dans le pays. Elle constitue un nouvel épisode du bras de fer qui oppose l’Eglise et le président.

Les évêques ont déposé leurs déclarations à la veille de l’enquête préliminaire sur une plainte déposée par la Police nationale philippine le mois dernier. Mgr Teodoro Bacani, évêque émérite, Mgr Honesto Ongtioco, évêque de Cubao, Mgr Pablo Virgilio David, évêque de Kalookan et Mgr Socrates Villegas, archevêque de Lingayen-Dagupan sont concernés par cette plainte. Sont également accusés l’ancien ministre de l’éducation, le Frère Armin Luistro, le prêtre du Verbe divin Flaviano Villanueva, le jésuite Albert Alejo et le Père Robert Reyes ainsi qu’une trentaine d’autres personnes.

Les accusations découlent de la publication d’une vidéo d’un certain Peter Joemel Advincula diffusée sur les réseaux sociaux au début de l’année et qui reliait Duterte et sa famille au commerce illégal de la drogue.

Arrêté quelques semaines plus tard, cet Advincula, également connu sous le surnom de Bikoy, a été présenté par la police aux médias. Il a alors évoqué un complot monté par plusieurs personnalités de l’Eglise pour évincer le président Duterte. Dans une déclaration soumise au tribunal, il a désigné les prélats comme faisant partie d’un «groupe de l’ombre» qui s’occuperait du soutien financier et logistique de ce complot.

Un harcèlement du pouvoir

«Je ne sais pas qui est ce Bikoy. Je ne l’ai jamais rencontré, je ne lui ai jamais parlé, nous ne nous connaissons pas, nous n’avons aucune communication entre nous, donc je n’ai rien à voir avec cela,» a déclaré Mgr Bacani.

Mgr David avait dénoncé plus tôt le dépôt de ce qu’il a qualifié d’accusations injustes et atroces. Pour lui, il s’agirait d’abord d’enquêter sur les motivations du témoin à lancer ces accusations. L’intention est évidente: il s’agit d’un harcèlement pur et simple. La police ne fait pas son devoir mais ce qu’elle pense plaire aux autorités supérieures.

La conférence épiscopale philippine a confié sa ‘totale incompréhension’ suite aux accusations. Le 1er août, le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille, a lancé un appel au clergé et aux catholiques de Manille en leur demandant d’offrir des messes et des prières le 4 août, pour ceux qui souffrent à cause de la ‘persécution et des fausses accusations’.

Les fidèles manifestent leur soutien

Le 31 juillet, près de 3’000 fidèles de l’archidiocèse de Lingayen-Dagupan sont descendus dans la rue afin de soutenir leur archevêque. Les manifestants ont affiché des pancartes avec des messages soutenant Mgr Socrates Villegas et les autres accusés.

L’évêque a remercié les catholiques de leur soutien. Même s’il a toujours su et compris que le sacerdoce est un sacrifice, il n’avait jamais imaginé qu’il serait un jour accusé ainsi. «Le bon Dieu sait que je suis innocent des crimes dont on m’accuse, a-t-il affirmé. Si le processus légal est assuré de manière juste et honnête, je sais que les autorités le verront aussi. Mon feu vient de l’Esprit de l’Évangile, et non d’un cœur subversif. Je ne suis pas un fauteur de troubles; mon devoir est de réveiller les consciences endormies», a-t-il ajouté. (cath.ch/ucanews/mp)

Maurice Page

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