A Yvan

 Je viens d’apprendre le décès du cher Yvan Stern, petit frère de Jésus, victime d’une hépatite fatale. Cette nouvelle me bouleverse.

J’ai connu Yvan bien avant qu’il ne s’inscrive dans la mouvance de Charles de Foucauld. Journaliste, critique de cinéma, engagé dans la création et l’animation du Festival de films du Tiers-Monde de Fribourg, conseiller général de sa ville, membre du comité de rédaction de la revue Sources. Bref, un homme d’action et d’envergure. Puis un jour, comme les pêcheurs de Galilée, Yvan «lâcha» tout pour suivre silencieux et effacé ce Jésus dont il voulait être le «petit frère».

Nous sommes restés proches. Je le suivais dans ses lettres circulaires, ses visites au pays et surtout je partageai une quinzaine de jours son logis,  – son gourbi, devrais-je dire – au cœur de la médina de Marrakech. Yvan s’initiait alors au métier de ferrailleur sous l’œil averti d’artisans locaux dont l’atelier donnait sur la rue. Avec lui comme guide, je fis, en transports publics marocains le tour des villes impériales. Un voyage et une découverte exceptionnellement riches. Après Marrakech, Yvan se retrouve en Algérie, dans l’oasis de Béni-Abbès, là où Charles de Foucauld avait voulu fonder sa communauté. Yvan était responsable du jardin et prenait soin des dattiers. Il lui arrivait aussi de recevoir de jeunes touristes musulmans désireux de connaître le marabout chrétien qui avait vécu en ce lieu. Rapatrié d’urgence ces jours derniers, c›est à Marseille qu’il rejoint Celui dont il voulut n’être que le «petit frère».

Beaucoup, attentifs à l’efficacité sociale et politique, jugeront  peut-être comme un gâchis ce parcours de vie. Mais que savent-ils en fait de sa réelle fécondité ? Yvan savait, comme son «Grand Frère», qu’en «perdant» sa propre vie, il la retrouverait au centuple nimbée de joies.

Guy Musy, 12.08. 2019

 

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