Etats-Unis: les religieuses reconnaissent leur part dans le scandale des abus

Les religieuses catholiques font face, elles aussi, au scandale des abus sexuels, «qui a rendu difficile pour beaucoup de personnes de voir les chefs religieux comme des signes d’espoir», a déploré la religieuse américaine Sharlet Wagner.

La présidente sortante de la LCWR, l’association des supérieures majeures représentant près de 44’000 religieuses aux Etats-Unis, a reconnu que de  tels abus ont également été commis par des religieuses.

Le nombre d’abus commis par des religieuses est très peu documenté, en raison des stéréotypes sexistes sur la mère nourricière et passive. Ainsi les gens peuvent avoir de la difficulté à croire que des femmes soient capables de commettre des abus sexuels. Si leur nombre est certes bien plus faible en comparaison des milliers d’accusations connues contre le clergé masculin, les survivants/tes d’abus sexuels commis par des religieuses affirment qu’en Eglise tous les auteurs d’abus sexuels exploitent la même autorité religieuse.

Dans les congrégations féminines

Membre de la congrégation américaine des Sœurs de la Sainte-Croix (Holy Cross), la présidente sortante de la «Leadership Conference of Women Religious» (LCWR), a  rappelé les cas d’abus dans les congrégations féminines. Sœur Sharlet Wagner a fait ses adieux à la tête de l’association lors de l’assemblée 2019 de la LCWR, qui s’est tenue du 13 au 16 août à Scottsdale, dans l’Etat américain d’Arizona.

«Nous devons reconnaître que nous servons à une époque où un trop grand nombre de nos chefs religieux ont fait l’objet de graves scandales (…) Les histoires d’abus qui continuent d’émerger dans notre Eglise choquent la conscience. Des corps ont été violés, et des âmes ont été abusées par certains de ceux qui sont chargés de guider le peuple de Dieu… Nous avons toutes été touchées par ce scandale. Nous avons écouté le traumatisme des survivants, et nous avons ressenti de la honte pour l’Eglise que nous aimons et de l’indignation pour les crimes commis», a-t-elle déclaré dans son discours.

«Nous avons accompagné nos frères et sœurs laïcs qui se sont débattus avec ce que cela signifie en ce moment de continuer à être fidèles à notre Eglise».

Prêtres et évêques pas les seuls coupables

Sœur Sharlet Wagner a souligné que les sœurs catholiques devaient faire face à la réalité:  elles aussi font partie du scandale des abus sexuels dans l’Eglise. «Nous avons entendu l’histoire de religieuses, aux Etats-Unis et dans le monde entier, qui ont été abusées par des prêtres ou des religieux, mais la culpabilité n’incombe pas seulement aux prêtres et aux évêques».

La religieuse âgée de 57 ans admet que c’est une source de douleur profonde de savoir que, dans certains cas, «nos propres sœurs ont été les auteures de tels abus. (…) C’est une vérité que nous ne devons pas chercher à éviter !» Sœur Sharlet Wagner a admis qu’il n’y avait pas de solution facile au problème des abus, mais qu’il fallait y faire face.

Ayant terminé son mandat d’un an, Sharlet Wagner a été remplacée à la présidence de la LCWR par Sœur Jayne Helmlinger, supérieure générale des Sœurs de Saint Joseph d’Orange. (cath.ch/cns/ncr/be)

Jacques Berset

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