Les religions méritent plus d’attention en Suisse

La Confédération accorde trop peu d’attention à la religion et aux communautés religieuses. C’est l’avis de Harald Rein, évêque catholique-chrétien suisse, de retour de l’Assemblée mondiale de «Religions pour la Paix». Une douzaine de confessions étaient représentées à la rencontre interreligieuse qui s’est tenue du 20 au 24 août 2019 à Lindau, au sud de l’Allemagne.

L’Assemblée mondiale de l’organisation non gouvernementale internationale «Religions pour la Paix» (RpP) a accueilli sur les bords du la de Constance quelque 900 participants du monde entier. Parmi eux, Harald Rein, l’évêque de l’Eglise catholique-chretienne en Suisse et président du Conseil suisse des religions (SCR), a participé à titre privé.

Le rôle des religions reconnu par l’Etat

Harald Rein été impressionné par la diversité de cultures rencontrée ainsi que par le soutien, en termes de contenu et de financement, accordé à la rencontre par le Land de Bavière et le ministère fédéral des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne.

Le président du SCR a salué le fait que le ministère allemand des Affaires étrangères dispose de son propre département «Religion et politique étrangère». En effet, pour de nombreux pays, la religion est aujourd’hui d’une grande importance. «Il est frappant de constater que dans presque tous les pays du monde entier, les gouvernements ont reconnu l’importance de la religion» a affirmé Harald Rein. Il salue également les invitations régulières des pouvoirs étatiques aux communautés religieuses à participer à des conférences gouvernementale.

La Suisse, hors tendance

Cette pratique n’est toutefois pas courante en Suisse. Dans le système fédéral, la religion relève en effet de la compétence des différents cantons. Elle n’est donc pas censée jouer un rôle dans la politique interne et externe de la Suisse.

L’évêque catholique-chrétien estime que «cela va à l’encontre de la tendance actuelle». La Confédération devrait s’occuper davantage des questions religieuses. Il note toutefois une certaine ouverture au sein du Département fédéral de l’Intérieur (DFI), mais pas du tout au sein du Départment fédéral des Affaires étrangères (DFAE).

Une mission pour le président du SCR

En Allemagne, en France ou en Grande-Bretagne, notamment, les représentants religieux étrangers qui visitent leur communauté dans le pays concernés sont également reçus par les ministères des Affaires étrangères. Durant ces rencontres, par exemple, les persécutions subies par leur coreligionnairs sont discutées.

«Ceci est actuellement très rare en Suisse, regrette l’évêque. A Berne, on dit communément que ce n’est pas la tâche de la Confédération.» Mais Harald Rein veut changer cet état de faits. «C’est le point le plus important que je me suis fixé comme tâche après la conférence de Lindau.

Les religions au service de la paix

«Religions pour la paix» s’engage à promouvoir le bien commun pour tous en prévenant et transformant les conflits violents. Le réseau religieux international opère pour promouvoir des sociétés justes et harmonieuses, en soutenant le développement humain durable et holistique et en protégeant la terre.

A l’issue de la conférence, la RpP, la plus grande alliance de communautés religieuses au monde, a publié une déclaration appelant à plus de protection pour les pauvres, les réfugiés, les femmes, les jeunes, l’environnement et les communautés religieuses.

Le texte contient également un engagement au «soutien à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires» ainsi qu’un appel au désarmement général.

Harald Rein soutient pleinement le contenu de la déclaration finale: «Les religions sont très importantes pour la paix dans la société et dans le monde. Même si beaucoup de personnes croient le contraire, c’est-à-dire que les religions sont responsables de la violence et de la guerre».

L’evêque suisse en est convaincu : «Si chacun prend sa religion au sérieux, alors elle ne peut que promouvoir la paix et l’unité parmi les peuples. Toute autre chose, comme les appels à la violence et l’incitation à la guerre sont des déformations de la religion. De tels actes n’appartiennent pas à la nature des religions». (cath.ch/kath/bal/dp)

Davide Pesenti

Portail catholique suisse

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