Madagascar: Akamasoa, un signe tangible de l’amour de Dieu

Akamasoa est «l’expression de la présence de Dieu au milieu de son peuple pauvre», a soutenu le pape François en visitant le 8 septembre 2019 cette ville du centre de Madagascar. Akamasoa, dont le nom signifie ›cité de l’amitié’, a été fondée par le Père Pedro Opeka pour restaurer la dignité des pauvres par le travail.

Dans un joyeux brouhaha, les enfants d’Akamasoa, fondée en 1989 par le missionnaire argentin Pedro Opeka, ont patiemment attendu dans le gymnase l’évêque de Rome pour lequel une estrade avait été montée. Agitant des fanions de toutes les couleurs, ils ont accueilli son arrivée par un grand et long cri de joie, avant de chanter pour lui tout en dansant de façon parfaitement synchronisée. Pour sa part, le pape François a semblé ravi de se retrouver ainsi entouré d’enfants et d’adolescents.

La manifestation d’une foi vivante

Pour Ravo Razofindrabe, volontaire entre deux âges à Akamasoa, Le Père Opeka «prend les gens dans la rue et ceux-ci travaillent pour avoir une maison». Il s’agit selon elle «d’un exemple pour le président [Rajoelina] de quelque chose pour aider les personnes». Le chef d’Etat malgache  était d’ailleurs l’invité surprise de l’événement. Nasmine Razanamandimby, 22 ans, s’est de son côté réjouie de la visite du pape «qui pousse à aller de l’avant». «Son message nous encourage», a-t-elle détaillé.

Akamasoa, s’est enthousiasmé le successeur de Pierre dans son allocution, est la manifestation d’une foi «vivante» traduite en actes «concrets». Là, le Seigneur a entendu le «cri des pauvres» et a fait de ce village une manifestation de son amour par des «signes tangibles». Ce lieu est «l’expression de la présence de Dieu au milieu de son peuple pauvre», Dieu qui «a décidé de vivre et de demeurer toujours au milieu de son peuple».

«La pauvreté n’est pas une fatalité!»

Par «l’immense trésor» de l’effort, de la discipline et du respect, a continué l’évêque de Rome, Akamasoa transforme les cris en «chants d’espérance» et fait donc «taire toute fatalité». «La pauvreté n’est pas une fatalité!». Ainsi, a-t-il exhorté tout spécialement à l’adresse des jeunes, «ne baissez jamais les bras devant les effets néfastes de la pauvreté».

De même, a demandé le pontife, «ne succombez jamais aux tentations de la vie facile ou du repli pour soi». En effet, le «rêve de Dieu» va au-delà du développement «personnel» pour le développement «communautaire». Il n’y a ainsi pas de «pire esclavage» que de vivre chacun pour soi, a insisté le pape François en reprenant les mots de la salutation du Père Opeka. Par le service des autres, Akamasoa sera ainsi le «point de départ d’une œuvre inspirée par Dieu».

Ce discours prononcé, l’évêque de Rome s’est rendu sur un chantier voisin afin d’y dévoiler une prière pour les travailleurs.


La prière du pape pour les travailleurs

Verbatim:

«Dieu Notre Père, créateur du Ciel et de la terre,

nous te rendons grâce de nous réunir comme des frères en ce lieu, en face de ce rocher brisé par le travail de l’homme,

nous te prions pour tous les travailleurs.

Pour ceux qui le font avec leurs mains,

et avec un énorme effort physique.

Soigne leurs corps de l’usure excessive,

Que ne leur manquent pas la tendresse et la capacité de caresser leurs enfants et de jouer avec eux.

Accorde-leur sans cesse la vigueur de l’âme et la santé du corps afin qu’ils ne tombent pas accablés par la lourdeur de leur tâche.

Fais que le fruit de leur travail

leur permette d’assurer dignement la subsistance de leurs familles.

Qu’ils trouvent, le soir auprès d’elles, chaleur, réconfort et encouragement, et qu’ensemble, réunis sous ton regard, ils connaissent les vraies joies.

Que nos familles sachent que la joie de gagner son pain,

est parfaite quand ce pain est partagé ;

que nos enfants ne soient pas contraints à travailler,

qu’ils puissent aller à l’école et poursuivre leurs études,

et que leurs professeurs consacrent leur temps à cette tâche,

sans avoir besoin d’autres activités pour leur subsistance quotidienne.

Dieu de justice, touche le cœur des entrepreneurs et des dirigeants. Qu’ils mettent tout en œuvre

pour assurer à ceux qui travaillent un salaire digne,

des conditions respectant leur dignité de personnes humaines.

Prends en pitié et sous ta paternelle miséricorde

tous ceux qui sont sans travail,

et fais que le chômage – cause de tant de misères – disparaisse de nos sociétés.

Que chacun connaisse la joie et la dignité de gagner lui-même son pain, pour le ramener à la maison et faire vivre les siens.

Crée entre les travailleurs un esprit d’authentique solidarité. Qu’ils sachent être attentifs les uns aux autres,

s’encourager mutuellement, soutenir ceux qui sont accablés, relever ceux qui sont tombés.

Que leur cœur ne cède pas à la haine, à la rancœur, à l’amertume devant l’injustice,

mais qu’ils gardent vivant l’espérance de connaître et de travailler pour un monde meilleur. Qu’ils sachent, ensemble, de manière constructive faire valoir leurs droits,

et que leurs voix et leurs cris soient entendus.

Dieu Notre Père, tu as donné pour protecteur aux travailleurs du monde entier, saint Joseph, père nourricier de Jésus, époux courageux de la Vierge Marie.

Je lui confie tous ceux qui travaillent ici, à Akamasoa,

ainsi que tous les travailleurs de Madagascar,

spécialement ceux qui connaissent une vie précaire et difficile. Qu’il les garde dans l’amour de ton Fils

et les soutienne dans leur vie et dans leur espérance.

Amen.»

XLN

 

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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