Une Valaisanne fait renaître la joie chez les enfants de Bethléem

Bethléem offre très peu d’espaces pour les enfants. L’horizon est bouché par le mur de séparation israélien qui isole la ville palestinienne. La Valaisanne Elisabeth «Liza» Julen Abu Laban, qui vit dans cette ville de Cisjordanie depuis 26 ans, veut apporter à ces enfants un peu de joie et stimuler leur créativité.

«On ne peut pas amener les enfants à la mer ou visiter le zoo de Jérusalem tout proche, car il faudrait encore que les Israéliens nous accordent des permis… Le haut mur qui nous sépare de Jérusalem, à quelques minutes de voiture, est, pour les Bethléémites, quasiment infranchissable. Les gens souffrent terriblement de cet enfermement…»

Regagner l’estime de soi

Active depuis deux ans au sein de l’Association des Amis des Enfants de Bethléem, dont les locaux se trouvent tout près de la basilique de la Nativité, Elisabeth Julen Abu Laban, épouse d’un Palestinien, a deux enfants adultes: Hakam, 27 ans, et Myriam, 25 ans. Auparavant la Zermattoise d’origine avait travaillé de 1986 à 1991 au Caritas Baby Hospital de Bethléem, puis durant 16 ans dans le programme pédagogique de la Crèche de Bethléem, axant une bonne partie de son travail sur l’art.

Les activités menées par l’Association de Liza suscite l’enthousiasme des enfants palestiniens | DR

Aujourd’hui, à travers l’expression artistique et des activités de psychomotricité, elle amène ces enfants, qui au début n’ont pas forcément beaucoup d’assurance, à s’épanouir et à regagner l’estime de soi. «Beaucoup d’émotion se transmet par la musique, la peinture, le bricolage aux enfants de 3 à 12 ans avec lesquelles nous développons nos activités».

De l’aide venue de Suisse

Dans les ateliers organisés par l’Association, dans ses locaux situés sur l’artère principale de la ville, près de la Place de la Mangeoire, ou dans les écoles, les jardins d’enfants, les crèches, Elisabeth voit «ses» enfants venant souvent de conditions familiales précaires s’ouvrir et progresser au contact d’enfants de familles sans difficultés et bien structurées.

Certains parents peuvent donner une contribution financière pour financer les activités, mais la plupart n’ont pas les moyens: «la vie est difficile pour la plupart des habitants de la ville, même pour les familles de classe moyenne. Notre Association, basée en Suisse, finance toutes nos activités. Nous attendons cependant des familles et des divers partenaires locaux qu’ils s’engagent à nos côtés dans notre travail». 

Une petite équipe

«Nous sommes une petite équipe de six personnes, avec notamment Jiries Alawi, notre directeur administratif et responsable du programme pédagogique – avec lequel j’ai collaboré durant 16 ans à la Crèche et qui travaillait auparavant à la Faculté d’éducation de l’Université de Bethléem -, et Nabeel Zboun, formé dans la petite enfance dans la même Université. Ces prochains jours, nous aurons deux autres dames qui seront chez nous en formation».

«Ce temps que nous pouvons offrir aux enfants de cette ville de Bethléem est un cadeau inestimable»

«Notre but est de tout mettre en œuvre pour aider les enfants défavorisés de Bethléem et de sa région à obtenir, dès la petite enfance, un encadrement qui tienne compte de tout leur être physique et psychique, en vue d’en faire les hommes et les femmes de demain». L’association désire former leur accompagnateurs/trices dans ce but. La priorité est donnée aux projets dans le domaine de l’éducation de la petite enfance, en partenariat avec de nombreux acteurs locaux.  

Le zoo imaginaire

«Durant l’été, avec l’aide d’Ayed Arafah, un artiste peintre et sculpteur qui vit dans le camp de réfugiés de Dheisheh, près de Bethléem, nous avons réalisé notre propre zoo dans les jardins de l’Association. Comme on ne pouvait pas visiter le jardin zoologique de Jérusalem et que les enfants en rêvaient, nous nous sommes débrouillés autrement ! En différentes étapes, nous avons créé, avec les enfants, des animaux presque grandeur nature: une girafe, un crocodile, des moutons, un zèbre, un dinosaure…»

A Bethléem, les enfants enfermés derrière le mur de séparation israélien ont crée un zoo imaginaire | DR

«C’est ainsi que nous avons cherché du matériel – des tubes de cartons pour les rouleaux de tissu, des emballages de frigos – et avec du scotch et du papier, nous avons confectionné ces animaux de notre zoo en carton. Nous offrons ainsi des activités pour ces familles qui n’ont pas les moyens de s’offrir des vacances, qui n’ont pas d’espace autour des immeubles, pas de parcs de loisirs». A Bethléem, la population augmente et il n’y a plus de terrains constructibles: tout l’espace est occupé et tout le monde vit dans le bruit…

Des parents reconnaissants

«Avec nos activités toutes simples, nous donnons de l’importance à l’individu, dans une société où le groupe prime avant tout, où tout est basé sur le paraître, où il faut être le meilleur à l’école…  Dans nos activités, il n’y a pas de compétition, et les enfants renfermés reprennent confiance en eux, se débloquent. On apporte un espace de bien-être, où l’individu peut prendre conscience de lui-même. Les parents nous en sont très reconnaissants et sont très touchés».

«Dans les ateliers de l’association ainsi que dans les différents lieux où nous travaillons avec les enfants (crèche, école, jardins d’enfants, institutions), nous voyons clairement le résultat de notre activité. Très souvent les parents nous confirment un réel changement dans le développement de leur enfant. Le quotidien est devenu de plus en plus difficile pour une majorité de la population et ce temps que nous pouvons offrir aux enfants de cette ville de Bethléem est un cadeau inestimable», insiste la Valaisanne. 

«Le retour de la population, on le voit sur Facebook, mais également dans la rue, au marché: les gens m’interpellent, supplient que nous fassions des activités avec les enfants l’été, car sinon ils restent confinés dans l’appartement, jouant avec un ordinateur ou un smartphone. On a jeté des semences, et désormais les gens voient que l’on peut faire les choses différemment!» (cath.ch/be)

Salvan: concert au profit de l’Association des Amis des Enfants de Bethléem

Un concert au profit de l’Association des Amis des Enfants de Bethléem est organisé le samedi 14 septembre 2019 dès 18h00 à la salle polyvalente de Salvan, dans le district de Saint-Maurice. Se produiront à cette occasion les artistes Sylvie Bourban, en 1ère partie, suivie de Fraissinet. Les «souks» de l’Association présenteront une variété de produits palestiniens (broderies, bois d’olivier).
Après l’entracte, Elisabeth Julen Abu Laban présentera son travail à Bethléem dans le cadre de l’Association des Amis des Enfants de Bethléem. Le dimanche 15 septembre 2019 à 11h00, à la Salle de commune de Salvan, Elisabeth Julen Abu Laban évoquera les problèmes de l’enfance dans les Territoires occupés de Palestine et les solutions que l’Association Les Amis des Enfants de Bethléem apporte pour faire face aux traumatismes dus à la situation compliquée de cette région du globe. JB

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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