Evêques scandinaves: la foi venue du nord

La transmission de la foi a été l’un des thèmes d’une rencontre entre les évêques de Suisse et des pays nordiques. Ils en ont débattu le 9 septembre 2019 au monastère d’Einsiedeln (SZ).

Par Georges Scherrer, traduction adaptation: B. Hallet

Les membres de la Conférence des évêques des pays nordiques se sont réunis cette année au monastère d’Einsiedeln, du 8 au 9 septembre. Les évêques d’Islande, du Danemark, de Norvège, de Finlande et de Suède étaient représentés. Ils ont accepté l’invitation de l’ancien évêque de Reykjavík, Peter Bürcher. L’actuel administrateur apostolique du diocèse de Coire fait partie de la Conférence épiscopale scandinave en tant que membre non votant.

Le président de la Conférence est l’évêque danois Czeslaw Kozon. Il a été réélu à Einsiedeln pour un nouveau mandat de quatre ans. Il n’est pas rare que la conférence se réunisse dans un pays non nordique, a expliqué l’évêque de Copenhague à kath.ch. «En tant que petite conférence et évêques de la diaspora, nous sommes souvent en déplacement et souvent invités par d’autres conférences épiscopales». Les évêques se sont également réunis en Terre Sainte, en Pologne et en Estonie.

L’allemand comme lingua franca

Une autre particularité de cette Conférence épiscopale est que ses membres parlent l’allemand. «Autrefois, la plupart des évêques étaient allemands ou néerlandais. Beaucoup de prêtres et de religieux venaient aussi de ces pays. C’est pourquoi l’allemand demeure la langue habituelle dans l’Eglise du Nord», explique Mgr Czeslaw Kozon.

Mgr Czeslaw Kozon, évêque de Copenhague. | © Georges Scherrer.

Le clergé a changé aujourd’hui, mais les évêques ont conservé leur langue vernaculaire. Mgr Kozon suppose cependant que l’allemand sera remplacé par l’anglais dans les prochaines années en raison de l’afflux des catholiques issus de l’immigration.

L’Eglise en croissance

«Nous sommes en pleine croissance, indique le président de la Conférence épiscopale nordique. Le nombre de catholiques des cinq pays est passé de 223’000 en 2008 à 256’000 en 2017, grâce à la migration. Les conversions au catholicisme sont en revanche peu nombreuses. A l’image de l’Eglise catholique du Danemark qui enregistre une soixantaine de conversions au catholicisme chaque année.

L’évêque de Copenhague déclare en outre que son pays compte suffisamment de prêtres, «bien que nous pourrions en avoir besoin de plus». Grace à la migration, beaucoup de prêtres s’occupent des paroisses danoises en plus de leurs compatriotes. La capitale Copenhague se voit dans la situation confortable que chaque dimanche, dans les différentes congrégations de migration, on peut y célébrer des services religieux.

La transmission de la foi

Les pays de la Conférence nordique partagent avec la Suisse un grand défi: «Comment transmettre la foi dans une société sécularisée», demande l’évêque de Copenhague. Comment persuader les jeunes qui ont encore une relation avec l’Eglise d’y rester?

«La foi peut se diluer.»

Mrg Czeslaw Kozon

Ce phénomène s’applique également aux migrants de pays catholiques comme la Pologne ou les Philippines. La plupart d’entre eux étaient très fidèles à l’Eglise. Après quelques générations, cependant, «la foi peut s’affaiblir et ils risquent de perdre ce lien».

La ré-évangélisation dans le Nord

Dans tous les pays nordiques, les catholiques constituent une minorité parmi un peu plus de 27 millions d’habitants. Mgr Cozon souligne que depuis la Réforme, il n’y a «aucune continuité dans la présence catholique» dans ces pays protestants luthériens.

L’Eglise catholique n’était ancrée que dans quelques familles. Au XIXe siècle, les prêtres des Etats voisins du Sud ont commencé à ramener la foi catholique dans ces pays après que la liberté de religion ait été garantie par les lois. Aujourd’hui, de nombreux migrants portent également la foi catholique sous ces latitudes.

Environ 400 religieuses vivent en Scandinavie. Les ordres masculins ne comptent plus que 16 frères. «Quand j’ai commencé mes études, les deux tiers des prêtres appartenaient à un ordre», se souvient Czeslaw Kozon.

Migration catholique

«L’Eglise catholique a besoin d’aide extérieure, assure l’évêque de Copenhague. Actuellement, des gens du Sud apportent le christianisme avec eux en s’installant également dans les pays nordiques. Les catholiques viennent des pays du sud de l’Europe, du Sri Lanka, des Philippines, de l’Erythrée ainsi que des pays arabes, d’où les chrétiens fuient pour trouver un nouveau foyer. Certains prêtres vietnamiens sont venus au Danemark parce que leurs familles ont été accueillies comme réfugiées.

Les pays nordiques d’Europe sont considérés comme ouverts aux droits des femmes. – Cela s’applique-t-il aussi à l’Eglise? «Oui, nous tenons cela pour acquis», assure Czeslaw Kozon. Il n’y a jamais eu de conflits au sujet des droits des femmes.

Mgr Anders Arborelius, évêque de Stockholm. | © Georges Sherrer.

Les femmes siègent dans les conseils d’Eglise et y assument des responsabilités. Cependant, l’Eglise catholique ne leur permet pas d’assumer des ministères ordonnés, comme le diaconat, précise l’évêque de Copenhague.

Une Eglise de la diversité

L’Eglise en Suède se conjugue autrement que celles au Danemark. Le pays est immense, souligne le cardinal Anders Arborelius, évêque de Stockholm. La plupart des catholiques vivent dans les grandes villes du sud. La Suède accueille actuellement de nombreux réfugiés et migrants. Ils sont souvent envoyés dans de petites villes «où l’Eglise catholique n’est pas présente, c’est donc un grand défi pour nous de trouver ces personnes et de leur donner l’occasion de communiquer avec l’Eglise».

En Suède également, les migrants viennent de Syrie, d’Erythrée et d’autres pays africains. Beaucoup de Suédois ont épousé des femmes philippines qui sont souvent catholiques, note le cardinal. (cath.ch/gs/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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