Mois missionnaire extraordinaire: «Chacun-e EST une mission»

En octobre 2019, le qualificatif ‘extraordinaire’ réoriente l’action du Mois missionnaire vers soi-même et la rencontre de son prochain. Interview du diacre Martin Brunner-Artho, directeur de Missio, les Œuvres pontificales missionnaires en Suisse.

Comment définissez-vous la Mission?
La Mission est un aspect fondamental et indissociable de l’Eglise. Une Eglise sans mission est un Eglise mourante. Et cette mission est une tâche que nous avons héritée de Jésus: la proclamation de sa Parole.

Pourquoi en octobre 2019 parle-t-on d’un Mois missionnaire extraordinaire?
On associe habituellement la Mission aux pays du Sud – les pays d’outre mer et l’Afrique. Mais comme dit le pape François: non seulement chacun a une mission, mais chacun EST une mission. Car chacun raconte quelque chose de l’amour de Dieu. Ce Mois missionnaire est l’occasion de rappeler que la Suisse est aussi concernée. Car en Suisse, on parle volontiers de pastorale, voire d’évangélisation, mais pas souvent de mission.

Comment s’articule cette mission extraordinaire avec la mission habituelle, à l’étranger?
La mission concerne toute l’Eglise. A travers l’aspect solidaire, elle s’adresse vers celui qui est ailleurs. Mais elle s’adresse aussi à mon prochain direct. Voilà le réveil que propose le pape cette année. Toutefois, ces deux aspects de la mission sont complémentaires et non contradictoires. D’ailleurs, ils se nourrissent mutuellement. Le pape rappelle aussi que l’Eglise a sa propre mission. Elle vient de Jésus, modèle de la Mission, qui prêchait en parabole et s’occupait des exclus.

«Jésus, modèle de la Mission, prêchait en parabole et s’occupait des exclus»

Quelle est l’attitude du missionnaire?
L’approche missionnaire, telle que je l’ai vécue sur le terrain, c’est d’abord ouvrir les yeux et les oreilles, et fermer la bouche. Mais dans l’attitude au quotidien, c’est la rencontre de l’autre sans a priori négatif. L’action concrète, c’est le témoignage: créer des rencontres vraies et ouvertes à la transcendance. Car c’est Jésus qui est l’acteur, ce n’est pas moi. En ce sens, le pape défend tout prosélytisme.

Quelle est la différence entre rencontre ouverte et prosélytisme?
Si je découvre un nouveau restaurant où l’on mange bien. Ne vais-je pas en parler à mes amis: ‘est-ce que tu connais ce lieu?’. Si je fais une expérience qui enrichit ma vie de foi, pourquoi ne pourrais-je pas en parler également: ‘es-tu déjà entré dans cette église, ou, as-tu toi aussi déjà entendu ce prêtre prêcher?’. Comme pour ma vie de foi, je ne vais imposer à personne d’aller dans le restaurant que j’ai apprécié.

«Ce sont les petites choses faites ‘avec amour’ qui rendent la vie si précieuse»

Comment s’exprime cet élan ‘extraordinaire’?
C’est une volonté du pape de faire bouger l’Eglise, qu’elle sorte des sacristies, comme il aime le rappeler. Le but n’est pas de remplir les églises, mais de donner aux personnes que l’on rencontre le sentiment qu’elles sont aimées et voulues par Dieu. Elles sont elles-mêmes des créations uniques. C’est aussi de reconnaître que Dieu laisse des traces dans notre vie, et il y a des moments où l’on se sent porté. C’est comme le fait de regarder la nature; cela fait penser au Créateur.

Martin Brunner-Artho est directeur de Missio depuis 2012. Préalablement, il a étudié la théologie et le travail social à l’Université de Fribourg. Il a travaillé en Bolivie (5 ans) et au Kenya (4 ans), avec la Mission Bethléem Immensee (MBI: aujourd’hui Comundo). Ordonné diacre en Amérique du Sud, Martin Brunner-Artho a enrichi son engagement missionnaire par plusieurs périodes en Suisse comme agent pastoral en paroisse.

Être missionnaire en Suisse en 2019, c’est quoi concrètement?
«Baptisés et envoyés», tout simplement. Tout chrétien entretient un lien fort avec Dieu. Un lien qu’il est appelé à partager continuellement. Dans les petites choses de tous les jours, y compris dans le travail. Prenez l’exemple des infirmières à l’hôpital: leur mission dépasse largement ce pourquoi elles sont payées. Et ce sont les petites choses qu’elles font «avec amour» qui rendent la vie si précieuse.
Avec le #MaMission, nous ouvrons un dialogue, pour savoir ce que les gens comprennent par «mission» et comment ils la réalisent au quotidien.  (cath.ch/gr)

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Grégory Roth

Portail catholique suisse

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