Les cardinaux appelés à être conscients de la compassion de Dieu

Etre conscient de la «compassion» de Dieu pour soi-même est une «exigence essentielle», a affirmé le pape François le 5 octobre 2019. Il présidait dans la basilique Saint-Pierre un consistoire public ordinaire au cours duquel il a remis la barrette cardinalice à 13 prélats.

La compassion, a déclaré le pontife dans son homélie, est le «mot-clef» de l’Evangile, «écrit dans le cœur du Christ, écrit depuis toujours dans le cœur de Dieu». Cette compassion «gravée dans le cœur de Père» de Dieu s’incarne dans le Christ, venu «purifier» l’homme malade de la «lèpre du péché». La compassion, a encore assuré le pape, est la «disposition» du cœur de Dieu.

«Sommes-nous conscients d’avoir été, nous en premier, objets de la compassion de Dieu?», a-t-il interrogé en s’adressant tout particulièrement aux cardinaux. Cette conscience est selon lui une exigence essentielle, car sans elle, il est impossible de comprendre l’amour de Dieu. De cette «conscience vivante», a assuré le successeur de Pierre, les cardinaux – dont la robe rouge signifie la disponibilité à verser leur sang, a-t-il rappelé – pourront tirer la capacité d’être loyaux à leur ministère.

Trop souvent, a regretté l’évêque de Rome, les hommes – y compris les responsables de culte – sont à l’inverse sans compassion, au point de créer des structures de «non-compassion». Telle est donc la question que tous, à commencer par les prélats, doivent se poser: «Ai-je de la compassion (…) ou bien détruis-je toujours avec mon attitude de condamnation, d’indifférence?» Pour le pape, c’est bien de cette absence de compassion – tant ressentie qu’offerte – que naissent «de nombreuses attitudes déloyales des hommes d’Eglise».

Barrette, anneau et titre

Après cette homélie, le pape a nommé chacun des 13 nouveaux cardinaux en leur assignant leur titre cardinalice diaconal ou presbytéral. Ceux-ci ont ensuite récité un à un le Credo avant de promettre obéissance et fidélité au pontife et à ses successeurs. Ensuite, ils se sont agenouillés à tour de rôle devant le pontife qui leur a remis la barrette rouge, l’anneau cardinalice et leur titre cardinalice.

Après avoir échangé une accolade avec le pape François, les nouveaux cardinaux ont fait de même avec les autres cardinaux présents. Les fidèles pourront quant à eux saluer les nouveaux ›princes de l’Eglise’ après la cérémonie, lors des ›visites de chaleur’ dans le Palais apostolique et la salle Paul VI.

Les pays d’origine des nouveaux cardinaux ont envoyé à Rome une délégation officielle pour assister à la cérémonie. Etaient notamment présents dans la basilique Saint-Pierre le grand duc Henri du Luxembourg; Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo (RDC); ou encore Hilda Patricia Marroquín de Morales, épouse du président guatémaltèque.

Le pape François les a salués avant la messe, passant un temps particulier avec Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du Maroc, présent pour la création cardinalice de Mgr Cristobal Lopez Romero, espagnol mais archevêque de Rabat. Seuls la Lituanie, pays du cardinal Sigitas Tamkevicius, et Cuba, pays du cardinal Juan de la Caritad Garcia Rodriguez, ne disposaient pas de délégation officielle. (cath.ch/imedia/xln/rz)

Les futurs cardinaux affichent leur désir de «servir» l’Eglise

La réaction «unanime» et positive de la classe politique congolaise «confère une grande responsabilité» au futur cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa (République démocratique du Congo), a confié celui-ci le 4 octobre 2019. Quatre prélats sont venus échanger avec la presse à la veille du consistoire.
Cadet des prélats à recevoir la pourpre cardinalice, Mgr José Tolentino Mendonça a affirmé accueillir cette dignité avec simplicité. Celui qui a été nommé archevêque en juillet 2018 est conscient de sa maigre expérience au sein de l’Eglise. L’actuel archiviste et bibliothécaire de la Sainte Eglise romaine affiche cependant son important désir de servir fidèlement et d’être utile à l’Eglise. «Je suis un serviteur de l’Eglise et je me tiens au service du pape», a-t-il ainsi estimé.

«Se changer soi-même»

Cette dimension de service est également présente dans le discours de Mgr Ambongo. D’autant, a-t-il souligné, que la réaction positive «unanime» à sa nomination au sein de la classe politique de son pays lui «confère une grande responsabilité». Bon nombre de politiciens de tous bords politiques seront d’ailleurs présents lors de la cérémonie de création cardinalice, a-t-il précisé. Le président de la République lui-même s’y rendra. Voilà la preuve, selon le prélat, que l’Eglise a un rôle important à jouer dans l’accompagnement pastoral du peuple congolais.
A l’heure des «grands changements de civilisation», a de son côté pointé Mgr Jean-Claude Hollerich, le rôle des catholiques est de transmettre la foi à ce monde. Celui qui a été longtemps missionnaire au Japon s’est dit aussi étonné du choix du pape François que lorsque le pape Benoît XVI l’avait appelé à la tête de l’archevêché de Luxembourg en 2011. Pour lui, l’enjeu sera d’apporter tout son soutien à la mission de l’Eglise. Cette mission, a-t-il indiqué, commence en aidant les personnes à trouver le Christ mais aussi par «se changer soi-même».

Dix ans sous les verrous

Autre jésuite à recevoir le 5 octobre la pourpre cardinalice, Mgr Sigitas Tamkevičius est archevêque émérite de Kaunas (Lituanie). Ce futur ‘prince de l’Eglise’ a connu les geôles communistes pendant l’époque soviétique. «Lorsque j’étais prêtre, a-t-il raconté, je savais que je pouvais aller en prison à tout instant. Mais là, cette nouvelle est arrivée à l’improviste». Beaucoup de Lituaniens ont subi le même sort, a rappelé celui qui finalement a été condamné à dix ans de prison pour propagande anti-soviétique.
L’époque soviétique a été un véritable «chemin de croix» pour les catholiques de son pays. Selon l’éditeur de la publication clandestine ›Chronique de l’Eglise catholique de Lituanie’, le pontife souhaite par cette nomination tourner le regard de l’Eglise vers ce pays qui a souffert le «martyre», mais qui a toujours su protéger la foi catholique. Les croyants doivent être prêts à souffrir pour leur foi, a martelé le prêtre de 80 ans. PAD

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